Mehdi Ben Barka (1920-1965) : "Monsieur Dynamo"

Mehdi Ben Barka, lors d'une conférence de presse à Casablanca en 1959
Mehdi Ben Barka, lors d'une conférence de presse à Casablanca en 1959 ©AFP
Mehdi Ben Barka, lors d'une conférence de presse à Casablanca en 1959 ©AFP
Mehdi Ben Barka, lors d'une conférence de presse à Casablanca en 1959 ©AFP
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Jean Lacouture le décrivait comme un "un ferment, un acide, qui depuis vingt ans, attaque ou fait lever la lourde pâte de la société marocaine, décapant le féodalisme, remettant tout en question, jusqu'à la monarchie, jusqu'à la foi populaire."

Le 29 octobre 1965, disparaissait en plein Paris, devant la brasserie Lipp, dans une voiture de policiers français et de malfrats, Mehdi Ben Barka, leader de l'opposition marocaine et militant tiers-mondiste.

Son caractère, sa rapidité, ses analyses déterminantes autant que fulgurantes, ses visions d'avenir, sa conscience de l'indispensable solidarité internationale lui ont donné un surnom, « Monsieur Dynamo ».

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René Gallissot, directeur de l'institut Maghreb Europe et Maati Monib, professeur à l'université St Louis du Sénégal dans "Mémoires d'un continent" diffusé le 12/08/97 sur RFI.

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Brillant professeur de mathématiques au Collège royal, il soutient la création de l'Istiqlal, le parti indépendantiste, en 1943. Il s'engage alors en faveur de l'émancipation du peuple marocain, puis de la démocratisation du nouveau régime au sein de l'Assemblée constituante de 1956 à 1959. Son programme d'éducation des masses et de réforme agraire sont visionnaires.

Il vous traînait, malgré soi, vers ce qu'il voulait. Il était dans un permanent état de recherche, de curiosité, sans cesse renouvelée, non pas seulement intellectuelle mais humaine. Et avec cela un esprit qui savait pratiquer l'humour et le pittoresque. Charles-André Julien

Mehdi Ben Barka, entouré de membres de l'Istiqlal, Aix-les-Bains, 1955
Mehdi Ben Barka, entouré de membres de l'Istiqlal, Aix-les-Bains, 1955
© Getty - Hulton Archive

Nombre d'ouvrages, de communications, de colloques, d'articles de presse et de films ont privilégié de traiter ce qu'on a appelé depuis sa mort mystérieuse, "l'Affaire". Qui l'a enlevé boulevard Saint Germain ? Sur ordre de qui ? Qui est en tort parmi les dirigeants marocains français ? Où a été enterré Mehdi Ben Barka ? Où en est le dossier aujourd'hui ?

La responsabilité du général Oufkir, ministre de l'Intérieur algérien, de ses sbires, de certains membres des services secrets français (SDECE), et de la préfecture de police, sont aujourd'hui avérés. Mais la lumière n'est toujours pas faite sur cette affaire, certaines archives cruciales ne sont pas livrées ou ont été détruites. Un Comité pour la vérité dans l'enlèvement et la disparition de Mehdi Ben Barka oeuvre aujourd'hui pour la poursuite de l'enquête.  

Frédéric Plotin dans "Histoires possibles et impossibles" diffusée le 19/10/2000 sur France Inter à propos de l'assassinat de Ben Barka

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Trop de journaux ont, au dedans et au dehors, desservi l'honneur du navire. L'honneur du navire, c'est l'Etat, qui en répond, et qu'il défend. Et il le fait. Il le fait, en tenant compte, dans ses relations diplomatiques, du manquement qui a été commis à l'égard de sa souveraineté. Charles de Gaulle, en réaction à l'affaire Ben Barka

Medhi Ben Barka et M. Aberbazak, à bord d'un avion qui les emmène de Casablanca en Allemagne, à la tête d'une délégation, fin des années 1950
Medhi Ben Barka et M. Aberbazak, à bord d'un avion qui les emmène de Casablanca en Allemagne, à la tête d'une délégation, fin des années 1950
© AFP

Mais ici, tout en faisant le point sur l'Affaire, en écoutant principalement les textes politiques de Ben Barka, c'est davantage la vie et l’œuvre de celui qui a été une des grandes voix des Indépendances des pays encore appelés du Tiers-Monde, qui sont mises en avant. 

Mais aussi une vision du grand Mahgreb et de la mobilisation à côté des figures politiques de l'Afrique, de l'Asie et de l'Amérique latine. Cette Tricontinentale, réunie en 1966, dont Ben Barka était le pivot et à laquelle il ne participa pas, ayant été enlevé et tué quelque mois avant.

Pendant quarante longues années, le protectorat a été pour mon pays et pour mon peuple une agression spirituelle par une politique de dépersonnalisation et de lutte systématique contre notre langue et nos valeurs séculaires. Mehdi Ben Barka

Avec Bachir Ben Barka,fils aîné de Mehdi Ben Barka ; Maurice Buttin, avocat de la famille depuis la mort de Mehdi ; Pierre Vermeren, historien ; René Gallisot, historien ; René Faligot, auteur de Tricontinentale  (La Découverte, 2013)

Un documentaire de Xavier d'Arthuys, réalisé par Christine Diger. Mixage : Manuel Couturier. Documentation et recherche internet : Annelise Signoret. Collaboration : Juliette Dronne. (1ère diffusion : 31 octobre 2015)

Pour aller plus loin

Mehdi Ben Barka, " Autocritique : Trois erreurs mortelles", in Option révolutionnaire au Maroc. Ecrits politiques (1959-1965), Maspéro, 1966

" L'affaire Ben Barka à travers la presse hebdomadaire française", une publication de l’Annuaire de l’Afrique du Nord (AAN), mise en ligne avec la Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH)

Un numéro du magazine L'histoire en question, diffusé sur Antenne 2 le 12 novembre 1981, consacré à la disparition de Mehdi Ben Barka, le 29 octobre 1965 à Paris :

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Gilles Manceron, " Il y a 50 ans : l'affaire Ben Barka", site Histoire coloniale et postcoloniale, 2015

Bachir Ben Barka, " Mehdi Ben Barka, ou la politique du vrai", Autres Temps, n°48, 1995

Ben Barka, l’équation marocaine, documentaire de Simone Bitton et Patrice Barrat, en ligne sur YouTube :