Pialat au travail ou la quête obstinée de la vérité (1925-2003)

Maurice Pialat pose dans une publicité pour le magazine Playboy, le 25 novembre 1987.
Maurice Pialat pose dans une publicité pour le magazine Playboy, le 25 novembre 1987.   ©Getty - Photo de Georges MERILLON/Gamma-Rapho via Getty Images
Maurice Pialat pose dans une publicité pour le magazine Playboy, le 25 novembre 1987. ©Getty - Photo de Georges MERILLON/Gamma-Rapho via Getty Images
Maurice Pialat pose dans une publicité pour le magazine Playboy, le 25 novembre 1987. ©Getty - Photo de Georges MERILLON/Gamma-Rapho via Getty Images
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Colérique, manipulateur ou revanchard… Dès "L’Enfance nue" (1968), Maurice Pialat s’est fait une réputation d’enragé.

Pourtant, cette image ne rend pas justice à cet homme complexe, qui recherche un succès qu’il méprise, vomit tout le monde à commencer par lui-même, et joue les provocateurs pour mieux cacher sa vulnérabilité.

La maison des bois (1970), Nous ne vieillirons pas ensemble (1972), La Gueule ouverte (1974), À nos amours (1983), Police (1985), Sous le soleil de Satan (1987) ou Van Gogh, (1991) sont quelques-uns des jalons de son parcours accidenté. Il faut attendre Le Garçu (1995), son dernier film, pour qu’une forme d’apaisement se fraie, enfin, un chemin dans son cinéma. 

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Maurice Pialat sur le tournage de "À nos amours" (1983)
Maurice Pialat sur le tournage de "À nos amours" (1983)
© Getty - Photo de William Karel/Sygma via Getty Images

Mais si Pialat lutte avec une telle obstination, c’est pour trouver la grâce. S’il est aussi exigeant, c’est pour étendre le champ des possibilités du cinéma. S’il se montre impitoyable ou cinglant, c’est que le miracle de la vérité est à ce prix. 

Non mais bravo ! (applaudissements de Maurice Pialat). Et le bruit, on peut en avoir, de temps en temps, du bruit ! On tourne toujours... On dirait qu'on est dans un tombeau. On peut très bien avoir du bruit quand on tourne ! Maurice Pialat sur le tournage de Police (1985) avec Gérard Depardieu, Sophie Marceau, Richard Anconina, Pascale Rocard et Sandrine Bonnaire.

Intervenants

19 mai 1991 : Le réalisateur Maurice Pialat (D) et le comédien Jacques Dutronc arrivent au palais des festivals, à Cannes, où le réalisateur est venu présenter son film "Van Gogh". Jacques Dutronc en tient le rôle principal.
19 mai 1991 : Le réalisateur Maurice Pialat (D) et le comédien Jacques Dutronc arrivent au palais des festivals, à Cannes, où le réalisateur est venu présenter son film "Van Gogh". Jacques Dutronc en tient le rôle principal.
© AFP - JACQUES DEMARTHON / AFP

Archive Radio Télévision Suisse : Entretiens de Maurice Pialat et Sandrine Bonnaire à propos du tournage de À nos amours. Extrait de l'émission Spécial cinéma (28.11.1983) de Christian Defaye (1934-1997).

Archive Canal+ : Entretien avec Maurice Pialat extrait de l'émission télé Mon zénith à moi de Michel Denisot (1992).

Alors, vous allez bouger, pas rester assise, toi tu viens de je ne sais où car on est tous là, piqués à attendre que la scène commence et c'est la meilleure façon de jouer comme vous êtes en train de le faire... Je m'en fous, actuellement je veux que ce sois bien joué, je m'en branle du téléphone (après une question de Gérard Depardieu), le téléphone, il peut venir n'importe comment du moment que c'est bien joué... Actuellement, il y a de quoi se... On peut rester tous couchés ou aller se balader plutôt que de venir toute une journée pour faire des trucs pareils. Maurice Pialat, au 17ème jour de tournage de son film Police (1985), dirige Gérard Depardieu et une "non professionnelle", Jocelyne, inspectrice de la Brigade territoriale qui joue son propre rôle.

Archives INA : Entretien de Maurice Pialat extrait de l'émission télé Champ contre-champ de Michel Martens (1973) - Tournage du film Police - Tournage du film Sous le soleil de Satan - Remise du prix d'interprétation à Jean Yanne pour Nous ne vieillirons pas ensemble au festival de Cannes en 1972 - Palme d'or pour le film Sous le soleil de Satan lors du festival de Cannes en 1987 - Sophie Marceau dans une mise au point avec Maurice Pialat après le tournage de Police - Daniel Toscan du Plantier, producteur du film Van Gogh (1991) dans un extrait de l'émission télé Les étoiles du cinéma (02.11.1991).

Archive INA : Maurice Pialat, un an avant son décès, dans un entretien avec Serge Toubiana (France Culture, 10.02.2002)

2 min

Maurice Pialat pose le 19 mai 1987 au festival de Cannes, alors qu'il vient de remporter la Palme d'Or pour son film "Sous le soleil de Satan".
Maurice Pialat pose le 19 mai 1987 au festival de Cannes, alors qu'il vient de remporter la Palme d'Or pour son film "Sous le soleil de Satan".
© AFP - CHRISTOPHE SIMON / AFP

Bibliographie

Un documentaire d'Olivier Ciechelski, réalisé par Christine Robert. Prise de son, Yann Fressy et Julien Girard ; mixage, Valérie Lavallart. Archives INA, Inès Barja, Isabelle Fort-Rendu et Amélie Briand-Le-Jeune. Avec la collaboration d'Annelise Signoret de la Bibliothèque de Radio France. 

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Extraits et bandes originales des films de Maurice Pialat :

  • L'amour existe (1961) - L'enfance nue (1968) - Nous ne vieillirons pas ensemble (1972) - Sous le soleil de Satan (1987) - Passe ton bac d'abord (1978) - Loulou (1980) - Police (1985) - Van Gogh (1991) - À nos amours (1983) - Le Garçu (1995).

Musique de fin : Human behaviour et You've been flirting again de Björk, extraits de la bande originale du film Le Garçu (1995).
 

En vérité, celui qui ne comprend pas que Maurice, quand il arrive sur un plateau, ne sait pas ce qu'il va faire, ne veut pas savoir ce qu'il va faire, veut organiser sa journée comme une surprise, une mise en place douce et longue d'une scène qu'il a vraisemblablement imaginée, qu'il a écrite, mais il ne veut en rien que cette scène soit déjà figée dans quelque chose que les techniciens se seraient  approprié, dont ils se seraient déjà approprié la conduite, le sens, la direction, alors que lui, quand il arrive le matin, il est déjà en souffrance et dans l'espoir, dans l'espérance d'obtenir une scène qui soit comme une première fois, comme une première naissance. Et quand il arrive le matin et qu'il voit que la lumière est prête, tout le monde est prêt, tout le monde l'attend, les comédiens connaissent leurs textes, tout est en place, la figuration, les décors, les accessoires, tout ça, ça le rend déjà, ça le met déjà d'une certaine manière en colère. Après, ceux qui ne comprennent pas ça, se mettent dans l'œil du cyclone. Jean-Pierre Duret, ingénieur du son sur "Van Gogh" et "Le Garçu".

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