Primo Levi (1919-1987) : l'homme en soi

Primo Levi chez lui à Rome en janvier 1986
Primo Levi chez lui à Rome en janvier 1986  ©Getty - Gianni Giansanti
Primo Levi chez lui à Rome en janvier 1986 ©Getty - Gianni Giansanti
Primo Levi chez lui à Rome en janvier 1986 ©Getty - Gianni Giansanti
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Primo Levi, l'écrivain italien survivant des camps de concentration, a mis fin à ses jours le 11 avril 1987. Avant d’être écrivain, c’était un témoin, un témoin professionnel. Il avait en lui cette urgence et ce besoin irrépressible de transmettre.

Avec
  • Myriam Anissimov Ecrivain et biographe
  • Philippe Mesnard Professeur de littérature comparée et de littérature française. Il dirige l’équipe « Littérature 20/21 » et l’axe transversal : « La transmission entre expérience et savoir » au CELIS 4280. Il est notamment responsable du projet de l’Encyclopédie critique

Avec un style analytique, pur, Primo Levi nous a raconté l’horreur des camps. 

Le 21 janvier 1946, il commence à travailler à la DUCO, une compagnie de peintures et vernis située en dehors de Turin. C'est là qu'il écrit, sans relâche, ses souvenirs et, sans imaginer en faire un livre, le premier jet de Si c'est un homme. Il était habité par ce désir impérieux de ne laisser personne indifférent. Primo Levi racontera plus tard dans La Trève , l’impression de rejet qu’il avait ressenti dans le train face aux passagers polonais, à son retour des camps. Plus il parlait de sa condition de juifs, plus les gens s’éloignaient. La simplification des faits et la peur de l’oubli le hanteront toute sa vie.

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L'original du livre "Si c’est un homme" de Primo Levi, édité à Turin en 1947
L'original du livre "Si c’est un homme" de Primo Levi, édité à Turin en 1947
© Getty - Corbis

Avant d’être déporté, le 22 février 1944, à l’âge de 24 ans, Primo Levi avait obtenu en 1941 un doctorat en chimie avec la plus haute mention. C’était un homme de sciences. À Auschwitz, dans les camps, Primo Levi n’a cessé d’observer, analyser. Si c'est un homme , nous met au défi de comprendre l’impossibilité de juger. L’écrivain propose une réflexion objective et lucide sur ce que l’homme est capable de faire à l’homme dans des situations extrêmes. Il refuse de heurter le lecteur et préfère rester en-deçà de l’horreur pour privilégier la réflexion à l’émotion. La tragédie juive contient en elle une portée universelle évidente. La Shoah, bien qu’étant un unicum, comme l’expliquait Primo Levi, est porteuse de leçons sur le comportement humain. 

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Une partie de Primo Levi est définitivement restée à Auschwitz. Même si ses écrits reflètent un certain calme, il demeure dans la douleur de l’expérience concentrationnaire. On peut s’en rendre compte en lisant ses poèmes où, exceptionnellement, il hurle et s’emporte, offrant une image de lui très différente. En citant Jean Améry, il expliquait d’ailleurs : 

Qui a été torturé reste torturé

Sans appartenir à aucune école ni à aucun mouvement littéraire reconnu en Italie, Primo Levi a imposé son propre style et ses propres priorités éthiques et littéraires qui ont fait de lui un auteur à part et très respecté. Son oeuvre a une valeur pédagogique et intemporelle. 

Primo Levi 10 février 1988
Primo Levi 10 février 1988
© Getty - Santi Visalli

Avec : Myriam Anissimov, journaliste et écrivaine, auteur de "Primo Levi ou la Tragédie d’un optimiste" ; Philippe Mesnard, professeur de littérature comparée et de littérature française, auteur de " Primo Levi, le passage d’un témoin" ; Sophie Nezri-Dufour, maître de conférences en littérature italienne contemporaine à Aix-Marseille Université, membre du laboratoire de recherche CAER, Centre Aixois d’Etudes Romanes, et vice-présidente de l’IECJ, Institut inter-universitaire d’études et de cultures juives ; Daniela Amsallem, ancien maître de conférences d’Italien à l’Université Savoie Mont Blanc et spécialiste sur la littérature de la Shoah auteur de l’ouvrage " Au miroir de son œuvre, Primo Levi : le témoin, l’écrivain, le chimiste". 

Archive INA : Pages arrachées à Primo Levi : Jorge SEMPRUN revient sur l'influence de Primo Lévi et sa lecture des oeuvres de l'écrivain sur la Shoah. France Culture 19/01/1995

2 min

Lectures : Nicolas Raccah et François Teste

Un documentaire de Lénora Krief, réalisé par Julie Beressi. Archives INA : Hervé Evanno. Recherche internet et documentation : Annelise Signoret. Collaboration : Suzanne Saint-Cast et Julia Martin. En partenariat avec le Centre Primo Levi, expositions rencontres le 15 et 16 novembre : 107 Avenue Parmentier, 75011 Paris

Pour aller plus loin :

Primo Levi, Back to Auschwitz : documentaire (1983) en 2 parties sur le retour à Auschwitz de Primo Levi. En italien, sous-titres anglais.

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Daniela Amsallem raconte ses deux rencontres avec Primo Levi dans la revue Témoigner-Entre histoire et mémoire, n°119, 2014.

Frediano Sessi : Primo Levi et la Résistance. Article paru dans la revue Témoigner-Entre histoire et mémoire, n°119, 2014.

Primo Levi commentateur de sa propre résilience : Un article de Irena P.  Segura publié dans la revue Études littéraires, volume 38, n°1, automne 2006.

Sur le site Palimpsestes.fr, on trouve des extraits de textes de Primo Levi, ainsi qu’un entretien datant de 1986 

Entretien entre le journaliste Enzo Biagi et l’écrivain Primo Levi, réalisé en 1982, à lire sur le site Dormirajamais, animé par Olivier Favier.

Le concept de «zone grise» selon Primo Levi expliqué dans cet entretien de 1983 publié par Slate.fr.

Alison Thorne : La lingua in Primo Levi. Thèse soutenue à l’université McGill de Montréal en 2003. En ligne sur le site de l’université, en italien.

Tony HARRISON, comédien, metteur en scène et co-adaptateur avec Cécilia MAZUR de la pièce Ici il n'y a pas de pourquoi, s’est attaché a une version moins dialoguée et plus musicale de l’adaptation théâtrale de « Si c’est un homme » par Primo LEVI et Pieralberto MARCHE. 

"Nous assistons à une véritable chorégraphie qui n’entend pas seulement coller à la réalité sordide du prisonnier mais qui s’étend à la conscience du narrateur de « Si c’est un homme » ouvrant son espace de liberté et d’humanité au delà des barreaux extérieurs". Le monde, avril 2017 

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En savoir plus : "Le camp d’Auschwitz "
Fictions / Le Feuilleton

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