Rachid Taha, chanteur crossover (1958-2018)

Il a réveillé les consciences en 1986 avec sa reprise de « Douce France » et a électrisé les dancefloors de l’été 1996 avec « Ya Rahiah », ce chaabi de l'exil de Dahrmane el Harachi, qu'il a popularisé dans le monde entier. Rachid Taha a introduit l’arabe dans le rock, qu'il a chanté avec l’urgence punk et la rage de toute une époque. 

"Je pense, donc je danse" disait celui qui réussissait à faire chalouper les corps avec des sujets graves, et dont le regard acéré et politique en toute chose, s'exprimait partout dans sa discographie. 

Sa musique se nourrit d'influences rock, orientales et électro, qu’il synthétise et réinvente. De la gouaille rebelle des années beurs, aux envolées électro, à la redécouverte du répertoire de l’exil, Rachid Taha a profondément cru dans les pouvoirs de la musique. Il en a beaucoup écouté, il a emprunté, il a rénové, il a innové, et il a aussi souvent rendu hommage. La discographie Rachid Taha raconte aussi un devoir de mémoire (lui parlait de "recours aux sources") ; de Dahman el Harachi à Elvis Presley, de Mazouni à Francis Bebey, il réactualise le patrimoine qui l’a nourri. 

Authentique rockeur, pionnier du mélange des genres et des langues, flambeur au cœur tendre, esprit libertaire ; partir sur les traces du chanteur cross-over. 

Partir sur les traces de son histoire ; c'est croiser l'histoire de l'Algérie postcoloniale, celle de la France des banlieues et des quartiers branchés de Paris.

C'est se perdre dans les références multiples de son rock métis et sa formidable érudition musicale. 

C'est se laisser tomber dans les filets de sa voix rauque et de son inimitable franc-parler.

Avec : Robert Lapassade, chanteur, journaliste, ami du chanteur ; Mohammed Amini, guitariste Carte de séjour ; Philippe Hanus. historien, chercheur associé au Lahra ; Mouss Amokrane; chanteur du groupe Zebda, membre du Tactikollectif ; Naima Yahi, historienne, directrice de Pangée Network ; Steve Hillage, musicicen, producteur ; Mimine, amie du chanteur, gérante de Rosa Bonheur ; Yves Aouizérate, musicien, compagnon de route de Rachid Taha, dernier manager du chanteur ; Hakim Hamadouche, musicien, compagnon de route de Rachid Taha ; Alain Lahana, tourneur de Rachid Taha. 

Remerciements à Bintou, Ruddy Aboab de Radio Nova, Mokhtar Amini et Olivier Minot

Un documentaire de Péroline Barbet, réalisé par Vincent Decque. Prise de son : Sandrine Mallon. Mixage : Manuel Couturier. Archives INA : Marine Decaens. Documentation et recherches internet  : Anne-Lise Signoret. Collaboration : Suzanne Saint-Cast.

Pour aller plus loin...

• Biographie, discographie sur le site d’Universal Music
• Philippe Hanus, « “Douce France” par Carte de Séjour. Le cri du “Beur” ? », Volume !, 12 : 1 | 2015, 123-137
• Philippe Hanus, « Vous avez dit rock arabe ? Retour sur la trajectoire du groupe Carte de séjour (1980-1989)  », L’Année du Maghreb, 14 | 2016, 43-56
• Rachid Taha fouille dans la discothèque de Radio-France, pour l’émission Radio Vinyle (20 mars 2013)
• Rachid Taha : la triste fin d’un passe-muraille. Hommage à Rachid Taha à lire sur le site du quotidien suisse, Le Temps.
• Je ne suis analphabète bilingue. Carte de Séjour, Rachid Taha et la Rhoromanie. Article de l’historien Philippe Hanus, publié dans la revue Ecarts d’identité, 2013
• Rachid Taha, invité du Mag d’Africa24 TV, évoque l’histoire du raï
• L’interrogatoire à Rachid Taha : à lire sur le site _Babelmed._net 
• Quand Rachid Taha déconseillait d'immigrer en France, lors d’une interview à une radio locale tunisienne en août 2018
• Les tubes de Rachid Taha à revoir dans les archives de l’Ina
• Ma parabole d'honneur, Rachid Taha en Algérie