Faut-il répondre à Éric Zemmour sur le terrain de l'histoire ? Oui, répond un collectif d'historiennes et d'historiens, surtout quand ce candidat à l'élection présidentielle s'en sert comme d'une arme politique au mépris des usages scientifiques.
- André Loez Historien spécialiste de La Grande Guerre
Lorsqu'un protagoniste majeur de l'élection présidentielle taxe les programmes scolaires de "propagande antifrançaise" et utilise l'histoire pour légitimer politiquement la violence et promouvoir une vision raciste et misogyne de la société, "prendre la parole apparaît comme une nécessité pour qui fait de l’histoire son métier", estiment seize historiennes et historiens. Ensemble, ils signent Zemmour contre l'histoire (Tracts, Gallimard, 2022), et présentent une sélection de contrefaçons historiques d'Éric Zemmour.
A travers ces multiples exemples, c'est l'élaboration zemmourienne d'un récit obsessionnel qui apparaît, lequel "ramène toute évolution historique à un affrontement entre la France, son essence et ses héros d’un côté, et de l’autre les acteurs de son 'déclin' ou de son 'suicide', des huguenots aux islamistes en passant par les révolutionnaires ou les féministes".
Pour l'historien André Loez, spécialiste de la Grande Guerre et membre de ce collectif, cette intervention dans le débat public n'est ni celle de "militants de gauche" redresseurs de torts qui attaqueraient Éric Zemmour sur un plan idéologique, ni celle d'historiens voulant réserver la discussion de l'histoire aux professionnels de la discipline :
"Nous pensons que l'histoire n'appartient pas qu'aux historiens. On peut en discuter dans l'espace public, tout le monde a le droit d'en parler. Mais cela ne veut pas dire qu'on peut dire tout et n'importe quoi, qu'on peut tromper les gens, falsifier des aspects de ce passé."
"Rappeler que Dreyfus est innocent, déclare André Loez, ce n'est pas de gauche ou de droite, c'est simplement une réalité historique". Aussi cet appel n'est-il pas "militant", mais guidé par la volonté d'historiennes et d'historiens de rappeler que "le passé ne peut pas être falsifié ou instrumentalisé de cette façon-là à des fins politiques".
Zemmour contre l'histoire a été écrit par un collectif d’historiennes et d’historiens rassemblant : Alya Aglan, Florian Besson, Jean-Luc Chappey, Vincent Denis, Jérémie Foa, Claude Gauvard, Laurent Joly, Guillaume Lancereau, Mathilde Larrère, André Loez, Gérard Noiriel, Nicolas Offenstadt, Philippe Oriol, Catherine Rideau-Kikuchi, Virginie Sansico et Sylvie Thénault.
Une production France Culture, en partenariat avec les éditions Gallimard.
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