Mafalda, petite fille de 50 ans

France Culture
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Le 41e festival de la bande dessinée d'Angoulême s'est achevé hier et a récompensé Bill Watterson, le créateur de "Calvin et Hobbes". Autre tête d'affiche : Mafalda, célèbre personnage argentin, dont les histoires sont traduites dans plus de 30 pays. Mafalda qui fête cette année ses 50 ans.

Petite fille au visage rond, barré d'une frange, les cheveux noirs coupés au carré, souvent en bataille, un inamovible ruban au sommet de sa tête, Mafalda n'est pas vraiment une enfant désirée. Deux ou trois coups de crayon et le dessinateur argentin Quino la fait naître pour une campagne de pub finalement abandonnée. Les aventures de Mafalda débutent véritablement le 29 septembre 1964 dans l'hebdomadaire Primera Plana. 

Du haut de ses six ans et avec son fort caractère, Mafalda interroge ses parents, un couple d'Argentins typique issus de la classe moyenne. Lui est employé de bureau, elle, femme au foyer. Les questions qui préoccupent Mafalda, ce sont les ravages de la mondialisation, les inégalités, l'échec des hommes politiques, la guerre dans le monde et la dictature, la fameuse soupe que la fillette déteste plus que tout. 

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Mafalda lit les journaux, écoute la radio et surveille de près sa mappemonde. "Tu vois comme il est beau le monde", explique Mafalda à son nounours. "Eh bien, c'est parce que c'est une réplique. L'original est un désastre". 

La petite fille est également féministe, tout l'inverse de l'une de ses meilleures amies Susanita, véritable commère qui ne voit son avenir que dans une belle maison, au bras de son riche mari et entourée de ses enfants dans la bande de Mafalda. Chacun incarne ainsi un point de vue sur le monde. Il y a notamment Manuelito, l'épicier capitaliste et un peu voleur, Felipe, le doux rêveur, légèrement dépressif. Et puis Libertad, liberté, toute petite, mais qui dit de grandes choses. 

Mafalda ambitionne de changer le monde, mais ne se fait pas trop d'illusions. Ainsi, de retour de vacances, elle n'ose pas allumer la radio de peur, explique t elle. À sa maman d'apprendre qu'au cours de l'été, absolument rien n'a changé. 

Mafalda est très en avance pour son âge et c'est dans le décalage entre sa naïveté toute enfantine et la profondeur des problèmes soulevés que naît le rire. Dans un premier temps, et puis la réflexion en 1973, Quino décide qu'il est temps d'arrêter. Mafalda reprend toutefois régulièrement sa lutte pour des campagnes de l'Unicef pour défendre les droits des enfants ou bien la condition féminine. En 2009, la petite fille prévient ainsi Silvio Berlusconi dans La Repubblica "Je ne suis pas une femme à votre disposition". 

Aujourd'hui, Mafalda reste très populaire. Elle fait souvent l'objet d'expositions partout dans le monde, où de nombreux enfants apprennent à parler espagnol avec elle. Elle a plus de 2,8 millions de fans sur Facebook, plus de 16 000 abonnés sur Tweeter. Il faut dire que le monde n'a pas beaucoup changé. Il souffre toujours des mêmes maux que dénonce la petite fille depuis 50 ans. Dans ce monde, n'y a-t-il pas chaque fois plus de gens et moins de personnes ? se demande Mafalda.  

Statue hommage à Mafalda dans le quartier de San Telmo, à Buenos Aires. Et Quino en studio à France Culture
Statue hommage à Mafalda dans le quartier de San Telmo, à Buenos Aires. Et Quino en studio à France Culture
© Radio France - Eric Chaverou / Claire Mayot