À quoi ressemble Tchernobyl et ses environs 30 ans après la catastrophe ? L'artiste photographe Alain-Gilles Bastide s'est rendu sur place et y a séjourné 3 semaines. Il partage avec nous cette semaine cette expérience hors du commun. 2ème partie : Tchernobyl Herbarium par l'artiste Anaïs Tondeur
- Anaïs Tondeur artiste plasticienne.
- Alain-Gilles Bastide photographe, journaliste
Première partie / Série : Paysages de Tchernobyl : trente ans après
Episode 1 : La préparation au voyage
Avec notre tête chercheuse : Alain-Gilles Bastide
(...) La «PHOTO-POÉSIE» - activité polymorphiste, qui permet l’association de formes et pratiques a-priori hétérogènes - est le moteur du travail d’Alain-Gilles Bastide, dès son début (1968). Il se dit «IMAGIER» et répudie l’appellation de photographe. Il s’applique à démystifier «LE photographe» version Blow-up, serviteur complaisant de la société du spectacle, et il décide de ne travailler qu’avec l’outillage de monsieur tout le monde.
Dès le début des années 70, il va participer à de nombreux festivals et rencontres photographiques. Avec son premier grand reportage (AMOCO-CADIZ), «La marée était en noir», il signera des publications importantes dans PhotoCinéma / Pentax Photographie Japon / Bulletin de l’UNESCO / etc .... C’est ensuite au Mexique qu’il conduit son second, «IXTOC-ONE», proposé comme «Le rêve en bleu d’Esteban», qui fera l’objet d’expositions à Paris et en Province. La critique parle d’ «un livre qui brûle les plates-formes» (ZOOM) et ses images sont reprises et publiées par Paris-Match et la presse du monde entier qui le consacrent bien malgré lui, «grand reporter».
Les travaux se multiplient et s’exposent à Paris, Amsterdam, Lima, Cologne, Tokyo ... «SANGUINE-BLOODSTONE» est exposé à Paris pendant le Mois de la Photographie (Catalogue 82) et le magazine ZOOM s’en fait un large écho. Le Musée d’Art Moderne de Paris fait l’acquisition d’une première photographie. Dans les années 80, son travail a été distribué par les agences Gamma à Paris, Black Star à New York et Pacific Press Service (Magnum) à Tokyo. (...)
En 2006, le Musée d’Art Contemporain de Barcelone (CCCB) se porte acquéreur du Mémorial qu’il a réalisé pour les 700 villages enterrés après la catastrophe de Tchernobyl. Cette œuvre ouvrira l’exposition européenne «IL ÉTAIT UNE FOIS TCHERNOBYL» réalisée au CCCB pour le 20 ème anniversaire de la catastrophe. (…)
Jean-Pierre Dupuy
Pour retrouver TCHERNOBYL FOREVER / Carnet de voyage en enfer :
- Distributeur Les Mutins de Pangée
- Boutique du réseau Sortir du Nucléaire
- et à la FNAC
Deuxième partie / L'invitée culturelle :
Anaïs Tondeur, artiste, pour Tchernobyl Herbarium, co-écrit avec le philosophe Michael Marder, édité par la Collection Implicite de la Fondation Mindscape sous l'égide de la Fondation de France en co-édition avec EBL éditions
L'ouvrage en anglais est à retrouver sur le site des
éditions Open Humanities Press
S
ite de Michael Marder
Débuté en 2011, ce projet prend la forme d’un herbier rayographique composé de trente photographies, créées en parallèle des recherches conduites par Martin Hajduch, de l’Institut de génétique et de biotechnologies des plantes de l’Académie des Sciences Slovaque, à Nitra. Ce laboratoire analyse les empreintes de la radioactivité sur la flore, en portant un intérêt particulier aux plantes herbacées, de la famille des Linacées, qu’il plante dans les zones fortement irradiées, autour de la centrale.
La silhouette de ces plantes est capturée sur le papier argentique par une technique de rayographie. Ce processus a recours à la lumière comme source d’enregistrement des traces du traumatisme endurés par ces plantes et rappelle l’exposition lumineuse extrême émise par les bombes à fission en explosant, notable par les ombres laissées sur les murs d’Hiroshima et de Nagasaki en 1945.
Dans le registre du visible, ces trente rayogrammes interrogent les stigmates d’une catastrophe, les traces d’une substance invisible.
A
naïs Tondeur est plasticienne. Son travail artistique s’appuie sur une exploration de l’interface entre faits et fiction, art et science, mémoire et perception, espace et temps. Sa pratique, dominée par les techniques du dessin, de la photographie, des installations et des nouveaux médias, l’amène à s’intéresser aux questions de l’évolution des savoirs et à l’impact de l’humain sur son environnement. À ses expéditions réelles ou fictives s’associent des scientifiques dans les domaines de la physique, des sciences de la terre et de l’espace, et aussi des compositeurs, écrivains et artistes.
Anaïs Tondeur obtient son master au Royal College of Art (Londres, 2010) après avoir étudié à Central Saint Martins (Londres, 2008). Elle a été artiste en résidence dans plusieurs laboratoires scientifiques à l’Observatoire de l’Espace, (CNES, 2015) à l’ Université Pierre et Marie Curie et au Muséum d’Histoire National Naturelle dans le cadre du projet Demain, le Climat (2015) et dans les laboratoires d’hydrodynamiques de l’Ecole Polytechnique (LadHyX, CNRS, France 2013-15) et de Cambridge (DAMTP, UK, 2014). Ses recherches ont été présentées lors d’expositions personnelles et collectives en France et à l’étranger .
Son travail est représenté en Angleterre par la galerie GV Art.
Légende complète de l'image :
Anaïs Tondeur, Tchernobyl Herbarium, Linun usitatissimum, Zone d'exclusion, Tchernobyl, Ukraine
Niveau de radiation 1.7 microsieverts/h
Rayogramme, 24x36 cm, 2011-16
Retrouvez les programmes spécialement consacrés à Tchernobyl dans les documentaires Sur Les Docks et en podcast dans les émissions Sciences sur France Culture
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