A mort Guillaume (Paris)

L'écrivain Guillaume Apollinaire allongé sur un divan (Paris, 1909)
L'écrivain Guillaume Apollinaire allongé sur un divan (Paris, 1909) ©Getty - Mondadori Portfolio
L'écrivain Guillaume Apollinaire allongé sur un divan (Paris, 1909) ©Getty - Mondadori Portfolio
L'écrivain Guillaume Apollinaire allongé sur un divan (Paris, 1909) ©Getty - Mondadori Portfolio
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François Sureau s’arrête au 202 boulevard Saint-Germain à Paris, dans le VIIè arrondissement, là où est mort Guillaume Apollinaire que notre guide présente comme "l’homme de sa vie". Nous avons déjà croisé le poète au cours de notre descente de la Seine, cette chronique lui est intégralement dédiée.

Pour le douzième jour de notre longue halte parisienne, François Sureau plante son piquet au 202 du boulevard Saint-Germain puisque c’est ici que mourut le poète qu’il admire par-dessus tout : Guillaume Apollinaire. Cette évocation revêt une importance telle que s’il n’avait tenu qu’à lui, notre guide pour la descente de la Seine aurait tout numéroté à partir de là, en aurait fait la borne du kilomètre zéro.

Guillaume Apollinaire naît à Rome le 25 août 1880 mais reçoit de sa mère issue d’une famille aristocrate la nationalité polonaise alors que son père officier italien est parti sans le reconnaître : il est déclaré de père inconnu. Il rejoint la France en 1887. Apollinaire est notamment connu pour avoir participé à la Première Guerre mondiale. En 1916, il est blessé au Bois des Buttes alors qu’il commandait une compagnie d’infanterie.

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Il commandait 130 hommes. Ses hommes l'adoraient. Ils n'arrivaient pas à prononcer son nom. Il l'appelait Cointreau et Whisky. Il était toujours en première ligne. Toujours courageux, il lisait, il écrivait. Il était décoré de la croix de guerre. Et en 1916, alors qu'il lit un numéro du Mercure de France, un éclat d'obus dans le cadre d'un bombardement tombe et lui perfore le casque. Il continue à lire et ce n'est que quelque temps après qu'il s'apercevra qu'il est grièvement blessé. On lui enlève les éclats d'obus. Cette opération provoque une sorte de compression du cerveau par le sang. On est obligé de le trépaner, on introduit un foret de menuisier pour découper le crâne et retirer le sang supplémentaire. Une opération extrêmement lourde et douloureuse qui le transformera, après laquelle d'ailleurs, il rompra avec sa fiancée Madeleine Pagès. (François Sureau)

Guillaume Apollinaire a toujours voulu devenir Français si bien qu’il rêvait d’être élu à l'Académie française et en 1917, il est enfin nommé lieutenant. Il a son képi à deux galons, il a la Légion d'honneur, il a la croix de guerre et il reçoit enfin son brevet de naturalisation. 

A sa mort, au moment où Picasso se recueille devant son corps :

montent dans la rue – parce que c'est l'annonce de l'armistice – les cris d'une foule qui défile sur le boulevard en hurlant « à mort Guillaume, à mort Guillaume, à mort ». C'est du Kaiser Guillaume naturellement qu'ils parlent. Et Picasso se met à pleurer en entendant ces cris pour lui absolument insupportables. (François Sureau)