Un anglais à Saint-Wandrille (Saint-Wandrille)

Ruines de l'ancienne abbaye de Saint-Wandrille
Ruines de l'ancienne abbaye de Saint-Wandrille ©Getty - Mahaux Photography
Ruines de l'ancienne abbaye de Saint-Wandrille ©Getty - Mahaux Photography
Ruines de l'ancienne abbaye de Saint-Wandrille ©Getty - Mahaux Photography
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Nous sommes devant l'abbaye de Saint-Wandrille, avec son style grand siècle caractéristique. Nous sillonnerons au travers du patrimoine architectural et culturel : ce sera aussi l'occasion d'évoquer l'écrivain voyageur Patrick Leigh Fermor. En 2004, il est anobli par la couronne britannique.

François Sureau s’arrête aujourd’hui devant un nouveau monument de notre patrimoine, l’abbaye de Saint-Wandrille. Et de son propre aveu, cette fois, ce n’est pas parce qu’il est sensible à son style grand siècle. Si nous sommes ici en sa compagnie, ce n’est pas seulement pour les moines, le frère Benoît ou le frère Pascal que nous évoquerons, la bière ou les tableaux. Notre guide le long des eaux de la Seine tient plutôt à évoquer celui qu’il considère comme « le maître des écrivains voyageurs anglais » : Patrick Leigh Fermor.

Sa vie aventureuse mérite à elle seule, comme on dit dans les guides, le voyage. La notice rédigée à l'occasion de son anoblissement en 2004 le présentait comme un mélange d'Indiana Jones, de James Bond et de Graham Greene. Âgé de 22 ans, renvoyé de plusieurs écoles, il entame en 1933 un périple à pied de Calais à Constantinople, d'où il tira son chef d'œuvre Le temps des offrandes. (François Sureau)

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Il traverse la Seconde Guerre mondiale en tant que officier du SOE (Special Operations Executive) en Grèce. 

C'est en 1951 que, travaillant sur un livre qu'il n'arrive pas du tout à faire, il se voit recommander l'abbaye de Saint-Wandrille. C'est un ancien héros agnostique, légèrement dépressif, porté sur les femmes et la bouteille. Il s'y rend sans conviction pour y passer une semaine. Il y restera plusieurs mois et le livre qu'il en a rapporté « Un temps pour se taire » – « A Time to Keep Silence » – est l'un des plus beaux, des plus simples et des plus sensibles qu'on ait consacrés à la vie des moines. Tout est là : la tristesse des débuts d'une retraite, l'angoisse qui monte, le désœuvrement, les questions qui naissent dans le silence, puis ce langage nouveau et familier qui prend corps dans la nuit de la méditation. (François Sureau)