

Fils d’un couple propriétaire d’une cristallerie à Iași en Moldavie Roumaine, Bernard Tannenzapf arrive en France au début du XXème siècle. L’homme est né quasiment en même temps que les images animées. Il intègre la société Pathé comme chimiste et y exerce aussi le métier de projectionniste.
Quand la Première Guerre mondiale éclate, Bernard Tannenzapf s’engage dans la Légion étrangère. En 1921, il est naturalisé pour ses services rendus à la Nation et francise son nom. Bernard Natan a déjà son propre studio de cinéma, la Rapid-Film où il propose des publicitaires et sportifs.
C'est un peu une série de coïncidences. C'est à dire qu'il cherchait du boulot, bien entendu. Il s'est retrouvé dans un laboratoire de fabrication qui travaillait sur le cinéma, sur des pellicules de cinéma et il a compris que c'était un art nouveau et surtout que toutes les opportunités étaient là présentes. Il n'avait pas besoin d'un diplôme pour faire du cinéma, il n'avait pas besoin d'acheter du matériel très coûteux, il n'avait pas besoin de monter vraiment une société. C'était une porte ouverte, qui était vraiment grande ouverte, et lui s'est engouffré là dedans. Il a voulu faire du cinéma, ça l'a passionné très vite et il a fait non seulement du cinéma mais il est devenu l'un des numéros uns, enfin le numéro un du cinéma français à une certaine époque. Philippe Durant, biographe et auteur, à propos des débuts de Bernard Natan dans le cinéma.
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Épisode 1 : Bernard Natan, un bâtisseur du cinéma français
L’entreprise Pathé connaît une crise dans les années 20. La concurrence avec les majors américaines paraît inégale. Natan reprend alors les rênes de l’entreprise et développe ses activités. Il a été ainsi le premier à comprendre qu’il était indispensable d’associer la production et la distribution. Il fait construire deux studios de tournage, un ensemble de 1 248 m2, au 6 rue Francoeur à Paris, qui n’abritait pas encore l’école française de cinéma La Fémis. Les studios Pathé deviennent le lieu de tournage de productions "maison" telles que La merveilleuse vie de Jeanne d’Arc de Marco de Castine (1929), Les Croix de bois de Raymond Bernard (1932), ou encore Le Dernier Milliardaire de René Clair (1934). La société rebaptisée Pathé-Natan accompagne toutes les révolutions techniques, du parlant à la couleur, achète des salles de cinéma, développe des relations publiques et fait de chacun de ses films un évènement quasi national.
Archive INA : Philippe Esnault s'entretient avec André Cerf (1904-1993) réalisateur et scénariste, sur la chronologie de sa féconde et discrète carrière cinématographique depuis 1925. Extrait de "Les Archives sonores du cinéma français", le 1er janvi
3 min
Entre 1930 et 1935, Pathé-Natan devient un groupe intégré, une "Major" à la française qui distribue et exploite plus de soixante dix films. Tourné vers la modernité, Bernard Natan diversifie les activités. Il développe la production de Pathé Rural, devenu sonore. Il reprend la production du Pathé Journal, abandonnée en 1927, qui deviendra le premier journal français d’actualités sonores. Il acquiert également les brevets pour l’Hypergonar qui deviendra le cinémascope, puis achète les brevets de télévision Baird et un poste de radio : Radio Ile-de-France. Grand groupe cinématographique, Pathé-Natan suscite des jalousies et des convoitises…

Intervenants
- Philippe Durant, biographe et auteur de l’ouvrage Le fantôme du cinéma français - Gloire et chute de Bernard Natan (La manufacture de Livres, 2020)
- Francis Gendron, réalisateur du documentaire Bernard Natan, le fantôme de la rue Francœur ou la mise à mort d'un géant du cinéma français (Label Vidéo, Cinéma Saint-André des Arts, 2018, sorti en juin 2019. Avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah)
- Jacques Choukroun, historien du cinéma français et auteur de Comment le parlant a sauvé le cinéma français : une histoire économique 1928-1939 ( AFRHC, Association Française de Recherche sur l'Histoire du Cinéma, 2008).
- Lénick Philippot et Françoise Ickowicz, petites-filles de Bernard Natan.
Sur Bernard Natan, il est évident que, là, on se trouve devant une problématique, dramatique, d'une certaine façon, et puis surtout, j'ai un ami qui a participé à l'exposition sur Pathé, à Pompidou, et là je m'aperçois que la légende, disons, sur Natan, légende noire continue. Rien n'a changé. C'est toujours l'escroc juif. Francis Gendron, réalisateur
Un documentaire de Lénora Krief, réalisé par François Teste. Archives INA, Sandra Escamez. Avec la collaboration d'Annelise Signoret de la Bibliothèque de Radio France.
Archives INA : Entretien avec Marco de Gastyne (21.12.1978).
Philippe Esnault s'entretient avec le décorateur français Max Douy (1914-2007) à propos des conditions de travail chez Pathé-Natan dans les années 30. Extrait de "Les Archives sonores du cinéma français", le 31 mai 1978. Phonothèque de l'ORTF.
4 min
Extraits diffusés : Planétarium (16.11.2016), le film de Rebecca Zlotowski (produit par Les Films Velvet)
Musique (extraits) : Bande originale du film Planetarium (Hippocampus / Music Box Records (10 novembre 2016) - Vinyle / 2 CD) de Rebecca Zlotowski. Musique composée par ROB (Robin Coudert) - Frédéric Junqua (Supervision musicale). Partition lyrique enregistrée avec l'Orchestre d'Abbey Road (Londres).
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Pour aller plus loin
- Biographie de Bernard Natan sur le site consacré aux Indépendants du premier siècle.
- Portrait en deux parties de Bernard Natan, par David Cairns, auteur d’un documentaire (avec Paul Duane) sur le producteur. Partie 1 - Partie 2. À lire sur le site Mostly Film.
- En 2013, le documentaire consacré à Bernard Natan est réalisé par Paul Duane et David Cairns : Natan. L'histoire effacée d'un génie du cinéma (DVD Lobster, 66 min de film & 25 min de bonus). Sa bande annonce.
- En juin 2019, un documentaire de Francis Gendron en collaboration avec Alain Braun, Bernard Natan, le fantôme de la rue Francoeur - Ou la mise à mort d'un géant du cinéma français (production Label Vidéo, Cinéma Saint-André des Arts, avec la participation de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, 2018, 1 h 23).
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- Portrait en deux parties de Bernard Natan, par David Cairns, auteur d’un documentaire (avec Paul Duane) sur le producteur. Partie 1 - Partie 2. À lire sur le site Mostly Film.
- Les origines du groupe Pathé-Natan et le modèle américain : Article de Gilles Willem publié dans la revue d’histoire Vingtième Siècle, n°46 (1995).
- En marge du centenaire du cinéma, Bernard Natan à la direction de Pathé-Cinéma. Article d’André Rossel-Kirschen et Gilles Willems, paru dans 1895, revue d’histoire du cinéma, n°21 (1996).
- M. Natan, chef de l’industrie cinématographique française. Article de la revue Le Cinéscope, paru en janvier 1934, au moment de la sortie des Misérables, réalisé par Raymond Bernard.
- La Fémis (école nationale supérieure des métiers de l’image et du son), une grande école publique qui appartient au Ministère de la Culture.
Demain, épisode 2, Bernard Natan : La légende noire
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