

Comment donner envie à une jeune fille d’aujourd’hui de devenir dentellière ?
L'origine de la dentelle Archive INA - RTF 1er/12/1949
3 min
2nd épisode : Dentellières de la mémoire

Bénédicte est née près d’Alençon. Elle entre en apprentissage un peu par hasard auprès de la sœur Margueritte, soutenue par la chambre de commerce afin de maintenir vivante la tradition du « point d’Alençon », en fait un nombre incroyable de points et de techniques détenus par une poignée de femmes. La mécanisation de la dentelle et le coût du travail ont presque finit d’achever cette tradition régionale qui avait bâti des fortunes et fournit du travail d’appoint à des milliers de cousettes, de fermières, de veuves de la région.

La maître-dentellière qui forme Bénédicte est sourde-muette et c’est par un langage de geste que tout passe. Depuis, pour Bénédicte, c’est une course contre la montre, contre le pire : la rupture de la transmission. Sept heures de travail par centimètre carré, un atelier de dentelle ne rentre pas dans les standards de production. Alors, il faut viser l’excellence. Bénédicte tente aussi de redonner du souffle aux pratiques amateurs en enseignant son art à des novices mais là encore, le temps entre le faire et le voir est propice au découragement. Son arme : quitter l’atelier et fureter avec les apprenties dans le musée attenant, contempler, décrire et « raconter » un ouvrage d’il y a 50 ans ou deux siècles ! Raconter l’histoire de la dentelle, ses anecdotes, bref trouver un avenir à cet art, façonner des héritières par des récits.

Bénédicte récupère des dentelles anciennes dans les brocantes, elle les explore, les dénoue, se fait archéologue des techniques oubliées. Un point retrouvé, un motif, une bride, un nouage décrypté et c’est un petit chapitre de savoir de sauvé. Le point d’Argentan a disparu, une ville à quelques vallées normandes plus loin, faute de transmission. Cela peut arriver demain au point d’Alençon. Qui s’en souciera ? À part Bénédicte ?

Comment donner envie à une jeune fille d’aujourd’hui de devenir dentellière ? Un métier de taiseuse, de solitude, de recluse… en apparence. Un métier si peu féministe car dit si « féminin » ? Un métier d’extrême patience quand tout va si vite. Voilà ce à quoi pense Bénédicte, penchée sur son ouvrage. Et à bien plus encore.

Avec :
- Bénédicte, Valérie, Dominique et les dentellières de l’atelier national du point d’Alençon ;
- Johanna Mauboussin, conservatrice du musée des beaux-arts et de la dentelle de la ville d’Alençon ;
- Isabelle Yvon, historienne ;
- et les témoignages de dentellières collectés par Yann Leborgne, ethnologue.
Un documentaire de Franck Cuveillier. Réalisé par Véronique Samouiloff. Prises de son : Yann Fressy. Mixage : Delphine Baudet, Archives INA Isabelle Fort Rendu.
BIBLIOGRAPHIE
L’école dentellière d’Alençon, une fondation pour un art unique d'Hélène Klein
« Au Fil du réseau », la petite histoire de l’association La Dentelle du Point d’Alençon.
La dentellière d'Alençon", Janine Montupet.
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