

C'est à l'université qu'Elisabeth Auerbacher découvre la misère psychique des handicapés, coupés par quelques marches de la convivialité.
Les handicapés… ils sont gentils, on ne les entend pas trop, on n’a pas trop envie de les voir non plus. Pourtant, comme toute minorité, comme toute réalité subjective, ils ont des espoirs, des revendications, des combats, des droits. Elisabeth Auerbacher leur a consacré une grande partie de sa vie.
Longtemps, en France, les handicapés ne sont pas sortis de leur environnement familial ou étaient confiés à des institutions religieuses où ils vivaient en milieu fermé, loin de toute vie sociale. Au handicap, vécu alors comme une fatalité, la seule réponse demeurait la charité. Et puis, la déferlante de contestation de Mai 68 a favorisé la prise de parole de catégories de la population qui ne l’avaient pas ou si peu : les femmes, les homosexuels, les psychiatrisés, les prisonniers et… les handicapés. Elisabeth Auerbacher, handicapée de naissance fut la fondatrice du premier collectif de réflexion et d’action sur le handicap. Minoritaire, ce groupe fit pourtant connaître avec force ses revendications qui s’avérèrent plus tard des pistes de travail des gouvernements et associations. Bien des choix et étapes de la vie d’Elisabeth Auerbacher furent dictés par cet engagement premier. Ce portrait est l’occasion de retracer son parcours et de mesurer le chemin parcouru.
1er épisode : dépasser le handicap
Atteinte d’un spina bifida, paralysée des jambes, Elisabeth Auerbacher n’a pas réellement connu l’enfermement familial et institutionnel que subissent les handicapés dans les années 50 et 60. Elle a eu la chance d’être issue d’une famille suffisamment à l’aise financièrement et de bénéficier d’une scolarité au milieu des enfants valides. Mais c’est bien dans une France où le handicap est caché, honteux, suscite la charité et les regards condescendants, qu’elle a grandi.

L'infantilisation, c'est quand on vous empêche de faire ce que vous avez à faire ; pour vous garder comme un bébé. vous êtes toujours le petit, le bon petit handicapé. La notion de honte ne vient pas de l'école, ça vient complètement des proches dans la famille. (Elisabeth Auerbacher)
Un regard qui marque, suscite la frustration, le désarroi puis la colère. C’est aussi cette rage qui lui permet de s’affirmer et de se construire, à partir de son handicap mais également de le dépasser. Quelques décennies sont passées, les handicapés sont un peu plus considérés aujourd’hui comme partie prenante de la société.
Est-ce que le handicap, vraiment c'est une souffrance ? La souffrance, elle est par les autres qui vous renvoient à quelque chose.
Mais au-delà du manque d’ambition des pouvoirs publics et de la servilité des grandes associations, est prise toute la mesure du chemin qu’il reste à parcourir pour gagner la bataille d’un véritable droit à la vie.
Avec Elisabeth Auerbacher et Nicolas Houguet.
Un documentaire de Philippe Roizès, réalisé par Assia Khalid. Prises de son Olivia Branger. Mixage Marie Lepeintre. Archives INA Marine Decaens, Sandra Escamez, Linda Simhon et Marie Chauveau. Avec la collaboration d'Adèle Cailleteau.
Archive INA : témoignage de Manuela, jeune femme handicapée "Là-bas si j'y suis" France Inter 22/10/2003
7 min
Bibliographie :
Louis-Albert Serrut, Commentaire sur ceux qui ne marchent pas à l'usage des marchants, Editions de la rose, 2015
Charlotte de Vilmorin, Ne dites pas à ma mère que je suis handicapée , elle me croit trapéziste dans un cirque, Grasset, 2015
Cara Zina, Handi-Gang, Libertalia, 2017
Pascal Jacob, Liberté Egalité Autonomie, Dunod, 2018
Filmographie :
Andrés Di Tella, 327 Cuadernos, Gema Films et Lupe Films, 2015
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