La mémoire retrouvée : épisode 1/2 du podcast Ginette Kolinka, rescapée des camps : contre l'oubli

Ginette Kolinka
Ginette Kolinka ©Radio France - Chantal Baudet
Ginette Kolinka ©Radio France - Chantal Baudet
Ginette Kolinka ©Radio France - Chantal Baudet
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Ginette raconte son enfance, son adolescence sous l’occupation, l’étoile jaune obligatoire, l’arrestation à Avignon, les camps, le retour… et surtout la philosophie de la vie qu’elle en a tirée.

30 juin 1945, Ginette Cherkasky arrive chez elle, dans l’appartement familial de la rue Jean Pierre Timbaud. Elle a 20 ans et pèse 26 kg. Totalement squelettique ! Décharnée. Le résultat de sa déportation. Elle rentre de Theresienstadt après Birkenau, Bergen-Belsen et Raghun.  Son père, son frère et son neveu, juifs comme elle et déportés avec elle dans le même convoi 71, ne reviendront pas. Sa mère ne s’en remettra jamais et restera dans le mutisme jusqu’à sa mort. Au contraire, ses cinq sœurs ont tout compris et ne demandent rien à Ginette. De toute façon, comment raconter l’abject ?

Il n'y avait aucune humanité. Ginette Kolinka

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Photo du camp prise pendant la guerre
Photo du camp prise pendant la guerre
© Radio France - Christine Bernard

Pour Ginette, il faut vite oublier et se laisser entraîner par l’insouciance de ses jeunes sœurs. Elles ont échappé aux arrestations, absentes de la maison.  La guerre est finie. La radio distille moult nouvelles chansons en plus des anciennes. « Le petit vin blanc », empreinte musicale de son quartier populaire, devient, pour Ginette, la rengaine qui l’accompagne vers sa vie d’adulte.

1945, à Erquy, Ginette Kolinka, sous son foulard : "j’ai les cheveux rasés"
1945, à Erquy, Ginette Kolinka, sous son foulard : "j’ai les cheveux rasés"
© Radio France - Archives personnelles de Ginette Kolinka

La libération, les années 50, la France qui se reconstruit et puis le coup de foudre au bal pour Albert Kolinka qui devient son mari, Ginette revit, heureuse.

Depuis la sale période où j'ai été arrêtée, j'estime que depuis que je suis rentrée, j'ai une bonne étoile. Ginette Kolinka

Côté travail, elle vend de la bonneterie au marché d’Aubervilliers. Papa, lui, c’était les impers ! Tradition familiale oblige ! Un quotidien éprouvant mais Ginette possède du bagout et une chaleur parigote qui encourage le contact avec les autres. En juin 1953 naît Richard, son fils unique. Plus tard, il devient le batteur du groupe « Téléphone ». Ginette assiste à ses concerts et collectionne ses disques d’or. Toujours coquette et pimpante, elle harmonise chaque jour ses boucles d’oreilles à ses corsages colorés.

Dans cette vie anonyme et animée qui continue, l’enfer de la déportation semble bien loin et totalement oublié… jusqu’au jour où ! ?

Ginette avec son mari Albert et son fils Richard à Menton en 1953. Richard a sept mois.
Ginette avec son mari Albert et son fils Richard à Menton en 1953. Richard a sept mois.
© Radio France - Archives personnelles de Ginette Kolinka

Automne 1996, Rafael Lewandowski, documentariste franco-polonais téléphone à Ginette. Il voudrait qu’elle témoigne pour la fondation que Steven Spielberg, le réalisateur américain, vient de créer. Il veut recueillir les histoires de toutes les victimes de la Shoah. Ginette rechigne. Pour elle, sic, « trop dur, trop vieux, que du passé, rien à dire ! » Il  insiste et elle finit par accepter. Quand Rafael arrive chez elle et que la caméra commence à tourner, ô surprise, Ginette, comme transcendée, se met à raconter, raconter, raconter… son enfance, l’adolescence sous l’occupation, l’étoile jaune obligatoire, l’arrestation à Avignon, les camps, le retour… la philosophie de la vie qu’elle en a tirée, aussi !

Tout ce que je raconte, je le revois. Ginette Kolinka

Depuis sa révélation audiovisuelle, elle transmet son vécu, sans peur et sans répit, partout où elle le peut, en ignorant allègrement ses 94 ans.

Ginette Kolinka chez elle, entourée de Dominique Prusak et Rafael Lewandowski
Ginette Kolinka chez elle, entourée de Dominique Prusak et Rafael Lewandowski
© Radio France - Rafael Lewandowski

Archive INA : Serge Klarsfeld dans "A voix nue", sur France Culture, le 03/04/1997

1 min

Avec Ginette Kolinka ; Richard Kolinka, son fils ; Rafael Lewandowski, cinéaste ; Huguette Cuisy, amie de Ginette.

Merci à Hélène Kolinka et Maryvonne Braunschweig. Un documentaire de Dominique Prusak, réalisé par Guillaume Baldy. Mixage : Jean-Michel Bernot. Archives INA : Arnaud Plançon. Documentation et recherche internet : Annelise Signoret. Collaboration : Maud Jussaume.

Ce documentaire a été diffusé pour la première fois le 25 janvier 2020.

Bibliographie :

- Ginette Kolinka, Marion Ruggieri, Retour à Birkenau, Grasset, 2019

- Simone Veil, David Teboul, L'Aube à Birkenau, Les Arènes, 2019

- Philippe Dana, Ginette Kolinka : Une famille française dans l'Histoire, Kero, 2016

- Olivier Lalieu, Histoire de la mémoire de la Shoah, Soteca, 2015

- Christophe Cognet, Éclats, Prises de vue clandestines des camps nazis, Seuil, 2019

Pour aller plus loin...

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  • Ginette Kolinka a été déportée à Auschwitz avec sa famille en 1944. Elle raconte. Pour que nous n'oublions jamais. Témoignage en 2 parties à voir sur la chaîne YouTube du Crif, Conseil représentatif des Institutions juives de France.
  • Ginette Kolinka, invitée de La Grande Librairie le 8 mai 2019.
  • Biographie sur le site du Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah.
  • Il ne faut pas retourner à Birkenau au printemps : grande interview avec Ginette Kolinka à lire sur le site du quotidien suisse, Le Temps (juin 2019).
  • Ginette Kolinka, parmi les Rescapés de la Shoah, courage, volonté, vie : une série de tableaux peints par d’Alain Husson-Dumoutier.

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