

Le 1er décembre 1978, "L'Escamoteur" (huile sur bois entre 1475 et 1505), du peintre flamand Jheronimus Bosch (vers 1450-1516), est dérobé au musée municipal de Saint-Germain-en-Laye par un commando de deux hommes.
L'Escamoteur : Une grande planche de bois sur des tréteaux, des tours de passe-passe sous les regards nombreux des badauds qui s’attroupent ; le bateleur tient dans sa main droite une boule qu’il fait apparaître et disparaître sous les cônes posés devant lui sur la table. Face à lui, un grand benêt, courbé en deux, semble hypnotisé par le jeu. Un voleur caché dans la foule profite de sa crédulité pour lui dérober sa bourse. On l’appelle aussi Le Jongleur, Le Bouffon ou encore Le Prestidigitateur.
Après, une fois qu'on avait le tableau, on a eu beaucoup de discussion sur la négociation et de la vente, parce qu'en tant que communistes, on a tendance à vouloir mettre la culture à portée de tous. C'est notre projet d'avoir une autre forme de culture et de la rendre disponible, donc on a eu des discussions théoriques très poussées. D'autant plus que le tableau impressionne beaucoup, il a impressionné tous les gens qui l'ont vu chez nous. Il n'y avait pas une personne qui était indifférente. [...] Savoir que ça pouvait se retrouver dans le sous-sol d'un émir au Koweït et ne plus en sortir, ça nous avait posé énormément de problèmes. Aurélien Gamboni répète ce que Jean-Marc Rouillan lui a raconté.
Publicité
L’Escamoteur, c’est le tableau attribué au peintre Jheronimus Bosch, dont on a célébré, en 2016, le 500e anniversaire de la mort (1516). La version originale appartient au Musée municipal de Saint-Germain en Laye mais… personne ne la voit jamais ou presque. Le musée est fermé presque tout le temps et le tableau est conservé dans un coffre-fort. Pourquoi escamoter aux regards du public cette huile sur bois qui représente tout simplement un larcin pendant une partie de bonneteau ?

Premier épisode : L'Escamoteur disparaît
Suite au vol du tableau, un journal titre alors malicieusement L'Escamoteur escamoté. Les deux hommes, responsables du larcin, sont identifiés : l’un est le fils d’un commissaire de police, l’autre s’appelle Jean-Marc Rouillan ; il est membre d’Action Directe. Il s’est longuement confié à Aurélien Gamboni qui a fait une recherche artistique autour de ce tableau… Un tableau qui finit -après une tentative de revente avortée- dans les mains d’Alain Tourre, le responsable de la PJ de Versailles de l’époque. Ce dernier emporte le tableau chez lui pour la nuit… Qu’on se rassure, il le rendra le lendemain… Le lendemain donc, le musée est fermé et le tableau finit au coffre.
Archive INA : Vol de "L'escamoteur", le tableau de Jérôme Bosch (vers 1450 - vers 1516), au Musée de St Germain-en-Laye (Inter actualités de 19H00, France Inter, le 14.12.1978)
1 min

Intervenants
- Agnès Virole, conservatrice au Musée de Saint-Germain en Laye (Yvelines)
- Frédéric Elsig, Professeur à l'université de Genève et spécialiste du peintre Jhieronymus Bosch. Sa thèse de doctorat en 2003, Jheronimus Bosch : la question de la chronologie (Droz, 2004)
- Aurélien Gamboni, artiste
- Olivia Savatier, conservateur au département des Arts graphiques du Louvre
- Fabrice Helewa, avocat inscrit au Barreau de Paris
- Alain Tourre, ancien commissaire de Police à la PJ de Versailles
- Robert Pépin, traducteur des polars de Michael Connelly chez Calmann-Lévy et responsable de la collection Robert Pépin présente
- La vidéaste Eve Ramboz, qui a réalisé un court métrage d'animation intitulé L'escamoteur (13 mn, Advance Production / Mikros Image, France, 1991). Animation à partir de l'œuvre de Jérôme Bosch (2e Prix Pixel-INA,1991, dans la catégorie Animation 2D, sélection Festival d'Annecy, 1991).
Remerciements au Musée de Saint-Germain-en-Laye.
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
Un documentaire de Michel Pomarède. Réalisé par François Teste. Archives INA, Sabine Dahuron et Marie Chauveau. Avec la collaboration d'Annelise Signoret de la Bibliothèque de Radio France et Elna Fraysse, stagiaire.
Je dis simplement qu'il ne s'agit pas d'une escroquerie. Pourquoi ? Soit le manipulateur est en fait un tricheur et donc il n'y a aucune bille sous les gobelets. Dans ce cas-là, ce serait une triche. Le fait est que ça n'a jamais pu être démontré sur la table de bonneteau parce qu'ils n'ont pas besoin de tricher. Sa dextérité, c'est simplement qu'il va perdre le joueur, qui ne va plus réussir à suivre la bille, mais la bille est toujours là. Maître Fabrice Helewa
Pour aller plus loin
- Jheronimus Bosch sur Wikipédia
- Michael Connelly et sa série Harry Bosch sur Wikipédia
- Présentation des collections du musée municipal de Saint-Germain-en-Laye, dont L’Escamoteur, à lire sur Google Arts & Culture.
- Dix ans d’Action directe, un témoignage 1977-1987, livre de Jean-Marc Rouillan (Agone, Collection Mémoires sociales, 2018). Pages 54 à 57, Jean-Marc Rouillan raconte le vol de l’Escamoteur.
- L’Escamoteur ou le crime envisagé. Article d’Aurélien Gamboni (hiver 2012). En ligne sur son site.
- Interpol et les atteintes au patrimoine culturel, dont le vol d’oeuvres d’art.
- Picasso, Matisse, Monet, Gauguin... Pourquoi voler des tableaux célèbres ? Article paru dans Slate en mai 2010.
Demain, second épisode : Qui est réellement Bosch ?
L'équipe
- Réalisation
- Coordination
- Production déléguée
- Collaboration