Le Non de Violette Nozière : épisode 2/2 du podcast Violette Nozière - le crime assumé

Violette Nozière se débattant avec des policiers, après le verdict de sa condamnation à mort
Violette Nozière se débattant avec des policiers, après le verdict de sa condamnation à mort ©AFP
Violette Nozière se débattant avec des policiers, après le verdict de sa condamnation à mort ©AFP
Violette Nozière se débattant avec des policiers, après le verdict de sa condamnation à mort ©AFP
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La parole se libère et le magistrat reçoit de nombreux témoignages de jeunes femmes évoquant cette violence interdite de « mots ».

Avec
  • Dominique Kalifa Historien, professeur d'histoire contemporaine à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
  • Frédéric Chauvaud Professeur d’histoire contemporaine à l’université de Poitiers.
  • Elsa Dorlin philosophe, professeure de philosophie contemporaine à l’université de Toulouse Jean Jaurès
  • Anne-Emmanuelle Demartini Historienne, professeure d'histoire contemporaine à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Violette Nozière, 18 ans, entre dans l’histoire du crime avec son béret noir et son col en fourrure. Elle empoisonne père et mère un jour du mois d’aout 1933. Ce double parricide  affole le Tout Paris. Le père décède, la mère survit.

2nd épisode : Le Non de Violette Nozière

« Mon père oublie parfois que je suis sa fille ». Violette l’empoisonneuse et parricide, victime de son père ? La presse de divise. L’Humanité vient au secours de l’ouvrier modèle et accable la fille perdue fréquentant de la petite bourgeoise estudiantine du quartier Latin. L’œuvre, journal radical prend fait et cause pour la jeune femme. 

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En 1933, la criminalisation des femmes délinquantes sexuelles est la norme. Violette a-t-elle un mobile ou est-elle le mobile ? Les surréalistes publient un livret fustigeant les valeurs familiales. « L’affreux nœud de serpent des liens du sang » clôt le fameux décasyllabe du poème de Paul Éluard. René Magritte, Benjamin Péret, Alberto Giacometti unissent plumes et dessins pour défendre Violette.

« Ce que tu fuyais,   
Tu ne pouvais le perdre que dans les bras du hasard   
qui rend flottantes les fins d’après-midi de Paris autour des femmes   
aux yeux de cristal fou   
livrées au grand désir anonyme,   
auquel fait merveilleusement   
uniquement   
silencieusement écho   
pour nous le nom que ton père t’a   
donné et ravi ». André Breton 

Le silence est rompu. La violence de l’inceste envisagée. La parole se libère et le magistrat reçoit  des dizaines de témoignage de femmes évoquant cette violence interdite de « mots ». 

Mais l’accusation de l’inceste n’a pas été retenue au terme de l’instruction judiciaire.

Comme le souligne Michel Foucault, la rhétorique du tabou se fonde sur trois actes de langage : « affirmer que ce n’est pas permis, empêcher que ça soit dit, nier que ça existe ». C’est à ce triple nœud « de l’inexistant, de l’illicite et de l’informulable » que se confronte Violette Nozière.

Le commissaire Guillaume, célèbre commissaire du 36 Quai des Orfèvres, l’homme qui a reçu les aveux de Violette écrira : « il y a des cris de sincérité auxquels on ne peut pas se tromper : c'est un de ces cris que j'ai entendu au cours de la soirée du 28 août, et qui me fait écrire aujourd'hui que, si coupable que fût Violette Nozière, elle méritait du moins d'obtenir les circonstances atténuantes ».

Violette Nozière sera condamnée à la peine de mort, graciée, puis emprisonnée et réhabilitée en 1963. 

Madame Nozière à la barre des témoins en 1934 et son avocat Maître Boitel
Madame Nozière à la barre des témoins en 1934 et son avocat Maître Boitel
- BNF

Avec la voix de Thierry Pietra et Ayden Savarimouttou

Un documentaire de Nedjma Bouakra, réalisé par Delphine Lemer. Prises de son Marc Garvenes. Archives INA : Sabine Dahuron. Documentation et recherche : Annelise Signoret. Collaboration : Némo Camus.

Archive INA Paris Arts et Lettres RFI 18/07/1978 Interview de Claude Chabrol sur son film Violette Nozière

47 sec

Archive INA : Interview d'Isabelle HUPPERT sur son personnage de Violette Nozière. Paris Arts et Lettres 1978

2 min

Bibliographie et liens

Femmes et justice pénale, XIXe-XXe siècles, PUR, 2002 collectif avec Frédéric Chauvaud , Christine Bard, Michelle Perrot, Jacques-Guy Petit

Figures de femmes criminelles de l'Antiquité à nos jours, Publication de la Sorbonne, 2010. Collectif dirigé par Loïc Cadiet, Frédéric Chauvaud, Claude Gauvard, Pauline Schmitt-Pantel, Myriam Tsikounas

Violette Nozière, la fleur du mal : Une histoire des années trente, Anne-Emmanuelle Demartini, Champ Vallon, 2017

L'encre et le sang : récits de crimes et société à la Belle Époque, Dominique Kalifa, Fayard, 1995

Se défendre, une philosophie de la violence, Elsa Dorlin, La Découverte, 2017

Penser la violence des femmes, Coline Cardi et Geneviève Pruvost (dir.), La Découverte, 2012

Agnès Fontvieille & Anne-Emmanuelle Demartini : Violette Nozière ou le fait divers médiatique au miroir surréaliste, in Tout contre le réel. Mémoires du fait divers, ouvrage sous la direction de E. André, M. Boyer-Weinmann et H. Kuntz (2008)

La bibliothèque française de criminologie, Zoummeroff propose une exposition virtuelle sur Violette Nozière et son procès.

L'équipe du film de Claude Chabrol Violette Nozière est réunie en direct autour de Michel Drucker à Cannes en mai 1978. Claude Chabrol parle des suites judiciaires de l'affaire, des lieux du tournage, et de la réaction des enfants de Violette Nozière au film… une archive en ligne sur le site de l’Ina.

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... à écouter les 13 et 14 octobre 2018 à 13h30.

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