Un conflit judéo-chrétien : épisode 2/2 du podcast Les frères Finaly : deux enfants cachés

1953 : Les frères Finaly avec Charles Kaufman, parrain de Robert (à droite)
1953 : Les frères Finaly avec Charles Kaufman, parrain de Robert (à droite) - Archives Keller
1953 : Les frères Finaly avec Charles Kaufman, parrain de Robert (à droite) - Archives Keller
1953 : Les frères Finaly avec Charles Kaufman, parrain de Robert (à droite) - Archives Keller
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"Jusqu'à l'âge de neuf ans, on ne savait pas qu'on était juifs. On nous disait de les fuir, sinon on nous enverrait en Israël pour casser des cailloux..." Robert Finaly

Après avoir fait baptiser, sans l'accord de la famille Finaly, les deux enfants en 1948, Antoinette Brun se cabre... Hedwige Rosner, la tante des deux garçons, décide de faire appel à la justice afin de récupérer les enfants que Mlle Brun a caché pendant l'Occupation mais qu'elle se refuse obstinément à rendre. En décembre 1952, le journaliste Wladimir Rabinovitch publie dans La Terre retrouvée un article qui fait grand bruit, d'autant que s'ouvre, le 8 janvier 1953, un nouveau procès où retentissent les envolées de Maître Garçon, l'avocat de la famille Finaly : "C'est le seul fanatisme religieux qui la fait agir. Je regrette pour la religion qui est la mienne que vous lui donniez, après les horreurs nazies, ce visage d'intolérance"... Fin janvier 1953, Mlle Brun est incarcérée. Elle devient l'égérie des journaux catholiques et conservateurs, lesquels célèbrent la force du baptême et dénoncent l’ingratitude juive, voire les ambitions sionistes alors que vient de naître l'Etat d'Israël (1948). Emprisonnée, Antoinette Brun a perdu la main sur les deux enfants, reprise aussitôt par Mère Antonine de Notre-Dame de Sion qui organise leur "évasion". Paris, Marseille, Bayonne... Gérald et Robert sont ballotés d'un collège à un pensionnat religieux. Partout où ils passent, la peur qu'ils soient reconnus (ils ont fait la une de tous les journaux...) pousse Mère Antonine, avec l'accord du cardinal Gerlier, à leur faire traverser la frontière... Après avoir traversé les Pyrénées à pied, les deux garçons se retrouvent dans un couvent du Pays Basque. Ils seraient, selon la rumeur, aux mains de Franco...

Lors de l’un des procès au début des années 50
Lors de l’un des procès au début des années 50
- Archives Keller

Légende de la photo ci-dessus : Moïse Keller (à droite), Hedwige Rosner (tante des frères Finaly), Gusta Keller et Otto Schwartz, l’oncle des enfants.

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L'affaire, qui est remontée jusqu'à Pie XII, commence à embarrasser les autorités catholiques. Le 6 mars 1953, un accord est trouvé entre la famille et l'église : les enfants seront rendus contre l'abandon des poursuites qui frappent les religieux responsables de la fuite des enfants... Et le 26 juin 1953, ils font miraculeusement leur retour en France... Un mois plus tard, Robert et Gérard Finaly, 11 et 12 ans, retrouvent leur tante avant de s'envoler vers la terre d'Israël.

Archive Ina : Marion Feldman, professeure en psychopathologie à l'université Paris-Nanterre, dans la collection Affaires sensibles, L'affaire Finaly. Le chemin de croix des enfants volés

La "course aux enfants" après la guerre (07.03.2019)

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Pour en parler

  • Catherine Poujol, historienne, spécialiste des relations judéo-chrétiennes
  • Yaël Hassan, écrivaine
  • Guy Brun, fils adoptif d'Antoinette Brun
  • Robert Finaly

Archive Ina : Germain Latour décrit l’opération commando qui consista à exfiltrer les enfants Finaly d’Espagne. Dans la collection Maison d'étudesL'Affaire Finaly

Comment les frères Finaly sont exfiltrés d'Espagne (27.08.2006)

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Bibliographie

  • Catherine Poujoul et Chantal Thoinet, Les enfants cachés : l'affaire Finaly (Berg International)
  • Yaël Hassan, Quand les enfants Finaly devinrent une affaire d'état (Scrineo)
  • Germain Latour, Les deux orphelins : l'affaire Finaly, 1945-1953 (Fayard)
  • Marie Cosnay, Comètes et perdrix (L'Ogre)
  • Moïse Keller, L'affaire Finaly telle que je l'ai vécue (Fischbacher)
  • Chochana Boukhobza, HK (Les Arènes) L'histoire de Guy Brun et des frères Finaly
Robert (à gauche) et Gérald Finaly en 2008 à Paris
Robert (à gauche) et Gérald Finaly en 2008 à Paris
- Jean-Pierre Keller

À propos de la photo ci-dessus : C'est Jean-Pierre Keller -le fils de Moïse, ardent défenseur des enfants Finaly à partir de la fin des années 40- qui a fait ce cliché chez lui en 2008.

Générique

Un documentaire de Stéphane Bonnefoi réalisé par Marie Plaçais. Prise de son et mixage, Djaisan Taouss Archives INA, Inès Barja. Avec la collaboration d'Annelise Signoret de la Bibliothèque de Radio France. Page web, Sylvia Favre.

Archives Ina :

  • Robert Finaly, Cinq colonnes à la une (1962)
  • La Tribune de Paris (1953)

Robert Finaly raconte l'affaire Finaly :

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