Une femme sous influence : épisode 2/2 du podcast Fabienne Kabou

Esquisse du 20 juin 2016. Fabienne Kabou s'exprime à la barre lors du premier jour de son procès à la cour d'assises de Saint-Omer.
Esquisse du 20 juin 2016. Fabienne Kabou s'exprime à la barre lors du premier jour de son procès à la cour d'assises de Saint-Omer. ©AFP - Benoit Peyrucq
Esquisse du 20 juin 2016. Fabienne Kabou s'exprime à la barre lors du premier jour de son procès à la cour d'assises de Saint-Omer. ©AFP - Benoit Peyrucq
Esquisse du 20 juin 2016. Fabienne Kabou s'exprime à la barre lors du premier jour de son procès à la cour d'assises de Saint-Omer. ©AFP - Benoit Peyrucq
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De quoi la mort de ma fille est-elle le nom ? Une mère infanticide au "discernement altéré", persécutée par des actes de sorcellerie est condamnée à 20 ans de prison en 2016 puis à 15 ans de prison ferme en appel un an plus tard.

Avec
  • Alice Diop Cinéaste
  • Daniel Zagury Psychiatre des hôpitaux français, spécialiste de psychopathologie et de psychiatrie légale, chef de service et expert auprès de la cour d'appel de Paris

Un verdict si sévère qu’il fait déjà date dans les annales du crime selon l’expert psychiatre Daniel Zagury. Fabienne Kabou, belle, captivante, tant aimée par son compagnon qui ne la croit pas coupable, sème la confusion lors de son procès. Égarant les jurés et la cours, elle  provoque en retour la fureur. 

Archive INA : L'audience a débuté par l'audition de l'accusée, un personnage complexe. 20/06/2016 France Inter

2 min

Excellente joueuse de tennis, elle adore lire, préférant les classiques aux polars. ELLE, Magazine.

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a suivi le procès : 

J’ai été happée par le discours dans la presse sur cette femme cultivée et noire, écrivant un mémoire sur "la théorie du réel",  je me suis identifiée. J’étais enceinte, c’était très désagréable d’être là. Oui elle était intelligente, mais pourquoi cela était-il noté avec autant de redondance ? Alice Diop, auteur et réalisatrice

Le malaise s’empare du tribunal, des journalistes, jurés et avocats présents dans la salle. 

Son avocate, Me Fabienne Roy-Nansion prévient d'emblée :

"Au procès, quand les gens la découvriront, ce sera un étonnement collectif. Il y a un fossé entre la personne et les faits qui lui sont reprochés."

La sorcellerie s’invite à la barre. Bien malin qui peut dire si la sorcellerie est un simple vaisseau du délire ou la raison de son acte. L’affabulation et la manipulation sont avancées par les associations de victime de l’enfance en danger. 

Médée ou Médée furieuse. Eugène Delacroix. 1836-1838.
Médée ou Médée furieuse. Eugène Delacroix. 1836-1838.
- Domaine public / wikipedia

Des vidéos d’Adelaïde si petite et vivante viennent plaider la cause de l’enfant martyre. Mais l’avocate de la mère infanticide veut chasser l’idée du monstre de la tête des jurés : 

"L'infanticide est souvent un aboutissement de maltraitances, et là, c'est tout le contraire. Adelaïde a été massée tous les jours, aimée, nourrie avec les meilleures purées."

Les réponses laconiques de la mère et sa reformulation méthodique des questions de l’avocat général finissent par achever le portrait à la serpe d’une Médée qui aurait agit avec "la rationalité du mal". Fabienne Kabou fait peur. Sa puissance "morbide" emporte dans son sillage des images venues de loin : la force noire, le vaudou, la cruauté de la sorcière, le mal sans raison. 

Avec : les auteures contemporaines Alice Diop, réalisatrice et scénariste présente aux assises et Mélanie Martinez Llense, performeuse ; Fabienne Roy-Nansion, avocate à Boulogne sur mer ; et Daniel Zagury, expert-psychiatre auprès des tribunaux.

Un documentaire de Nedjma Bouakra, réalisé par Marie-Laure Ciboulet.  Prises de son : Claude Niort et Christophe Papon. Mixage : Valérie Lavallé. Archives INA : Amélie Briand-Le Jeune. Recherche et Documentation internet : Annelise Signoret. Collaboration : Julia Martin.

Alice Diop prépare une fiction pour le cinéma sur l’affaire Fabienne Kabou : Saint Omer

Mélanie Martinez LLense  actrice, performeuse, metteuse en scène présentera prochainement une pièce-intervention : Berck Plage.

Bibliographie

- Fabienne Roy-Nansion et Anne-Lise Carlo, Droit au coeur, Michel Lafont, 2019.

Pour aller plus loin ...

- Infanticides : dans le huis clos des familles, par Anne Tursz, 01.11.2007, Le Monde.

- Les mères infanticides : amours, passions et sacrifices : une conférence de l’Université de Rouen (2015) en ligne sur Canal-U.

- Penser l’infanticide aujourd’hui : un dossier de la revue Enfances & Psy, n°44, 2009.

- Nadia Taïbi : Ne plus être né. L’effacement des êtres et la mort civile. Article paru dans la revue Sens-Dessous, 2018/2 (N° 22).

- Le filicide : un crime pour la vie : article d’Odile Verschoot, psychologue clinicienne, publié dans la revue Cliniques méditerranéennes, n°87, 2013.

- Approche psychodynamique qualitative et comparative des filicides : vers un modèle de causalité pluridimensionnel. Thèse de psychologie soutenue par Céline Souillot en 2011. 

- Regards sur l’infanticide : du néonaticide au filicide. Un dossier de la revue Perspectives Psy, (vol.50, 2011).

- Henri Sztulman : Le mythique, le tragique, le psychique : Médée. De la déception à la dépression et au passage à l'acte. Infanticide chez un sujet état-limite. In : Pallas, n°45/1996.

Votre prochaine Histoire particulière ...

... à écouter les samedi 23 et dimanche 24 novembre à 13h30.