Directrices de théâtre : une autre façon de faire

Simone de Beauvoir à son bureau en 1953
Simone de Beauvoir à son bureau en 1953 ©Getty - Keystone-France/Gamma-Keystone
Simone de Beauvoir à son bureau en 1953 ©Getty - Keystone-France/Gamma-Keystone
Simone de Beauvoir à son bureau en 1953 ©Getty - Keystone-France/Gamma-Keystone
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Directrices et inspirantes, Virginie Boccard et Sandrine Mini nous parlent du pouvoir et de ses subtilités au micro d'Une saison au théâtre.

Avec
  • Sandrine Mini Directrice de Scène Nationale de Sète et du Bassin de Thau.
  • Virginie Boccard Directrice de la Scène Nationale du Mans

Il n’y a pas forcément à se réjouir qu’une femme ait du pouvoir. Si une femme a le pouvoir que lui donnent des hommes dans un système que je récuse, cela ne m’intéresse pas du tout. Simone de Beauvoir

Voici quelques semaines, nous recevions une pétition regrettant l’absence de femmes candidates à la direction du Théâtre National Populaire de Villeurbanne. La vingtaine de prétendants déclarés fin 2018 était, en effet, uniquement masculine. Question : si les femmes n’ont pas postulé, est-ce parce qu’on les en a dissuadées ou parce qu’elles n’ont, tout simplement pas, osé ?

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Les femmes ne se sentent pas encore assez légitimes à se positionner aux postes de direction ; ceci vient d’elles-mêmes et du conditionnement de la société. La peur de ne pas être retenues les empêche de postuler, et en effet, depuis quelques dizaines d’années, on n’a pas donné aux femmes les rênes d’institutions suffisamment grandes  pour qu’elles puissent se sentir légitimes. Sandrine Mini

Des femmes directrices de théâtre, il en existe pourtant. Elles assument leurs responsabilités et exercent leurs taches d’une manière dont les hommes pourraient ou devraient s’inspirer. Car le pouvoir, entre les mains d’une femme, c’est plus de transversalité, d’horizontalité et de solidarité.

Nous sommes là pour inventer un nouveau modèle, le paysage change depuis quelques années. Mais il peut arriver qu’une femme soit dans une attitude viriliste et reproduise le modèle patriarcal. Il faut faire attention à ne pas réfléchir en termes de genre ; la question de la direction n’est pas de savoir si c’est un homme ou une femme qui l’incarne mais une personne ayant un certain rapport au monde. En ce qui me concerne, j’essaye d’être à la juste place. Virginie Boccard

Virginie Boccard vient de prendre place à la tête de la Scène Nationale du Mans après avoir passé dix ans aux manettes des Scènes du Jura. Sandrine Mini dirige depuis 2017 la Scène Nationale de Sète et du Bassin de Thau. Toutes deux sont nos invitées et c’est avec elles que nous allons  tenter de comprendre comment être femme et directrice conduit à repenser le fonctionnement interne de l’institution culturelle.

Je pense que les femmes ont quelque chose à emmener de différent, chose que je revendique depuis longtemps ; je n’ai jamais failli à cette idée que devais rester moi, c’est-à-dire croire en un modèle qui m’est propre : celui de la coopération avec les équipes, du partage des taches et du pouvoir. Sandrine Mini

C’est donc à sa lettre G comme Gouvernance, que nous ouvrons aujourd’hui en compagnie de Sandrine Mini et Virginie Boccard notre encyclopédie en mouvement du théâtre qui se dirigera, dans ses dernières minutes, vers la Scène Nationale de Sénart avec son directeur Jean-Michel Puiffe.

Virginie Boccard et Sandrine Mini, respectivement directrices de la Scène Nationale du Mans et de la Scène Nationale de Sète
Virginie Boccard et Sandrine Mini, respectivement directrices de la Scène Nationale du Mans et de la Scène Nationale de Sète
- Scènes Nationales du Mans et de Sète

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