

Pour cette dernière émission, nos invités débattent de la stratégie américaine en Syrie. Comment lire les choix de Barack Obama, coincé entre l'interventionnisme et le laisser-faire ? Ensuite, il sera question d'Al-Qaïda, dont la capacité de nuisance est encore totale.
La politique syrienne d’Obama en question
La crise au Levant restera sans doute son plus gros échec. Alors que son mandat s’achève, la politique syrienne de Barack Obama est critiquée de toute part. Aux Etats-Unis, des diplomates, d’anciens patrons du Pentagone et Hillary Clinton accumulent les griefs. Ils reprochent au président américain son inaction au début de la guerre, son manque de stratégie pour la région, ses hésitations à s’engager davantage pour défendre les valeurs de l’Amérique mais aussi ses alliés. Ils remettent en cause des choix qui leur paraissent erronés, comme la priorité accordée à l’Irak sur la Syrie – « Irak first ». Ils critiquent sa retenue militaire, contre les djihadistes de Daech mais aussi contre le régime de Bachar el-Assad.
La Revue d'actualité de Tiphaine de Rocquigny
6 min
C’était en aout 2013, Damas venait de franchir la ligne rouge établie par Barrack Obama sur l’utilisation des armes chimiques et la France, avec ses alliés américains et britanniques, s’apprêtait à le punir. Mais après le cinglant désaveu apporté par le Parlement britannique à David Cameron, le président américain a lui aussi fait volte-face au dernier moment, rompant sa promesse et lâchant brutalement son allié français, qui a dû rappeler ses bombardiers. François Hollande ne le lui a jamais pardonné. Il le répète dans chacun de ses discours depuis trois ans : le président français se dit persuadé que le destin de la Syrie aurait pu être différent… Comme on ne refait pas l’histoire on ne pourra jamais savoir à quoi aurait ressemblé la Syrie après des frappes contre le régime. On sait aussi – la réhabilitation de Ronald Reagan et de Margaret Thatcher nous le rappelle – qu’il faut parfois de longues années avant de pouvoir dresser un bilan objectif de l’action d’un dirigeant…
Avec Jean-Pierre Filiu, historien et arabisant professeur à Sciences Po, spécialiste de l’islam contemporain et conseiller des Affaires Etrangères pour le Moyen-Orient, Camille Grand , ancien directeur de la Fondation pour la recherche stratégique et secrétaire général adjoint de l’OTAN à Bruxelles, en charge des investissements de défense, et Laure Mandeville, correspondante du Figaro à Washington.
- Pour aller plus loin
Comment l’Amérique d’Obama ment sur la menace jihadiste, sur le blog de Jean-Pierre Filiu, Un si Proche Orient
Le testament d’Obama, par Sylvain Cypel, sur le site Orient XXI
Lettres de Washington, le blog de Laure Mandeville sur le site du Figaro.fr
Le retour d’Al-Qaïda

Falloudja et Ramadi en Irak, Palmyre en Syrie ou plus récemment Djarabulus, non loin de la frontière turque: depuis plusieurs mois, les territoires tenus par Daech se rétrécissent. Les bombardements de la coalition, ceux des Russes, l’offensive des Kurdes, la diminution des ressources pétrolières ont fini par placer, enfin, les djihadistes de l’état islamique sur la défensive. C’est une bonne nouvelle pour les Syriens et pour les Européens…
Mais c’est aussi une bonne nouvelle pour…Al-Qaïda. L’organisation, la nébuleuse terroriste, dont on pensait qu’elle ne se remettrait pas de la mort de son fondateur Ben Laden, revient en force. Après avoir été sonnée par l’intervention française au Mali, elle redresse la tête au Sahel, où on l’appelle AQMI, Al-Qaïda au Maghreb Islamique. Au Yémen, où elle prend le nom d’AQPA, Al-Qaïda dans la Péninsule Arabique, elle a quadruplé ses effectifs depuis 2014 en profitant du chaos de la guerre. En Afghanistan, Al Qaïda tire parti du repli progressif des forces occidentales pour reprendre pied : en juin, Zawahiri a fait acte d’allégeance au nouveau chef des talibans. Mais c’est au Levant que l’organisation semble la plus active. En Irak où Zawahiri exhorte les sunnites à se préparer à une longue guérilla. En Syrie où l’ancien front Al-Nosra, la branche locale d’al-Qaïda, mène l’offensive contre les forces du régime à Alep. Les allégeances et les passages d’un groupe à l’autre étant très mouvants, la nébuleuse pourrait profiter des déboires de Daech au Levant et en Libye pour reconstituer ses forces. Last but not least, l’un des fils de Ben Laden, Hamza, promet dans un enregistrement audio de venger son père et de poursuivre son combat contre les Etats-Unis.
Le portrait du jour : Ayman al-Zawahiri
4 min
Avec Jean-Pierre Filiu, historien et arabisant professeur à Sciences Po, spécialiste de l’islam contemporain et conseiller des Affaires Etrangères pour le Moyen-Orient, Camille Grand, ancien directeur de la Fondation pour la recherche stratégique et secrétaire général adjoint de l’OTAN à Bruxelles, et Marc Hecker chercheur au centre des études de sécurité de l'Ifri et rédacteur en chef de la revue Politique étrangère.
- Pour aller plus loin
Comment est née la thèse erronée du déclin d'al-Qaida, Slate.fr, le 16 Août 2016
Hamza Ben Laden, le nouveau visage d'al-Qaida, Le Figaro, le 18 Août 2016
Al-Nosra – Al-Qaïda, divorce de convenance ?, Jeune Afrique, le 17 Août 2016
Moyen-Orient, le nouveau « Grand Jeu », Politique étrangère, 2016/2 (Été)
La chronique d'Hubert Védrine
4 min
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