Mathilde Monnier a fait une fugue à deux ans. Elle fait partie d'une famille catholique bourgeoise plutôt rigoriste, où la danse n'existait pas. A 15 ans, de retour du Maroc, elle habite à Mulhouse, traverse un studio de danse et se sent respirer pour la première fois.
- François Olislaeger Auteur et dessinateur de bande dessinée
- Mathilde Monnier Chorégraphe
Il est 23h et qu’est ce qu’on peut faire ensemble ? C’est la question qu’elle pose depuis le départ. Elle a la nostalgie des grands rassemblements qu’elle n’a pas connus. Fin des années 60, on pense la société et on pense la danse, on se réunit. Il y a pour ceux qui sont arrivés juste après, le regret de n’avoir pas été là, la nostalgie d’une certaine joie. S’est constitué au fil du temps une liste –sans qu’on y pense chaque jour-, de : on aurait voulu être là, on aurait voulu vivre ça. Mathilde Monnier fait une fugue à deux ans, pour aller voir plus loin, augmenter le « milieu » où elle grandit, tendre un bras par là – dans le lieu qu’on ne connaît pas. Mathilde Monnier a fugué. Au début, pas pour se montrer. Elle a créé un spectacle qui s’appelait : Je ne vois pas la femme cachée dans la forêt. Elle a commencé par se cacher. Nous sommes en 1988. Elle écrit : Mon père c’est la morale, le froid, le respect des conventions. Alors que ma mère, c’est Paris, la revue Esprit, les mondanités. Mais super drôle aussi. Elle fuit et elle sent qu’autour d’elle, les corps sont prêts à parler de l’époque. Sont prêts à se rassembler. Au-delà du langage et au-delà des mots. C’est le sens qui la fait venir à la danse. Elle dit, c’est : Cette histoire de solitudes. J’essaye toujours de lutter contre ça : être toujours seul sur un plateau, et ne jamais arriver à former une image d’êtres ensembles. C’est un peu ma vision de la vie. Quand on traverse un espace, on le raye, on le salit aussi. On y inscrit quelque chose. Mathilde Monnier a décidé de ne plus se cacher, elle a fugué pour aller vers l’inconnu : en Afrique de l’Ouest, ou dans des territoires plus proches mais en délaissant le langage. Comment le silence remet les choses à zéro pour se rencontrer. Elle a demandé : qu’est ce qu’on peut faire ensemble ? Elle a aussi posé la question : q_u’est ce qui nous arrive_ ? Elle est fascinée par le mouvement qui fait qu’on échappe à la place qui nous avait été assignée. Dans la forêt elle ne se cache plus, Mathilde Monnier depuis qu’elle a deux ans, fugue, tend un bras par là, pour voir ce qu’il se passe dans le lieu qu’on ne connaît pas, organise des dons, des contre dons, remets entre les corps un peu de circulation. Et tente de régler cette histoire de solitudes au pluriel, en transformant la marche obligée en famille le dimanche dans les Vosges, par une marche collective, sur scène, sans route toute tracée avec fugue autorisée
Mathilde Monnier, chorégraphe. **Depuis janvier 2014, elle dirige le Centre National de la Danse à Pantin.
**I-Fang Lin, danseuse et chorégraphe d'origine taïwanaise. Elle propose avec François Marry au Centre Pompidou du 17 au 19 novembre : En chinoiseries .
François Olislaeger, dessinateur. Auteur de la bande dessinée : Mathilde, danser après tout.
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