

Thierry Thieu Niang est né en 1962 à Colmar, il a été instituteur, est parti avec Médecins du monde en Ethiopie ou en Birmanie. Il est devenu danseur, chorégraphe. Il s'intéresse aux âges de la vie, il a fait danser les corps des seniors dans "Du printemps", dans "Au coeur", ce sont des enfants.
- Thierry Thieû Niang Chorégraphe et danseur
Semaine Emotions sur France Culture
Il est 23h et il faut se soulever. C’est l’heure du soulèvement, il faut se relever – arrive une nouvelle année. Il faut se remettre en marche, muscle à muscle, vertèbre par vertèbre. Il faudrait même que ce soit un geste commun – on pourrait dire alors : en même temps. Parce qu’on partage les mêmes temps mais pas les mêmes âges. Il y a ces quelques jours qui précèdent un premier janvier, où les années sortent du bois, se comptent et se montrent – la fin du mois de décembre range chacun – nous remet là où on est. Enfant ou parent ou grand-parent. Du plus grand au plus petit un ordre le temps d’un instant est remis. Thierry Thieu Niang aime dire : en même temps. Il aime coller les années. Imaginer des moments de danse pour chaque génération. Il démonte l’idée du temps qu’on peut avoir –ce calendrier mental. Pour lui il n’y a plus passé – présent – futur. Il y a cette idée qu’on peut bouger : en même temps. Un geste simultané, qu’on ait 8 ou 80 ans. Ça nous remet nous tous dans notre époque, et ensemble. Thierry Thieu Niang aime poser des questions comme : qu’est-ce qu’un corps qui tombe ? Comment on se remet au quotidien de voir des corps qui tombent. On en voit tous les jours à la télévision. La chute d’un enfant, comment on la regarde. Comment on se remet de ces chagrins collectifs – ceux de 2015, ceux de 2016. Thierry Thieu Niang a réuni 16 enfants et adolescents de 8 à 17 ans – il a appelé leur pièce de danse : Au cœur. Lui qui a été instituteur, qui est parti avec Médecins du monde en Ethiopie ou en Birmanie, est chorégraphe mais pour être plus précis : il soulève les corps. Que ce soit Blanche qui a plus de 80 ans et qu’il porte sur un air de Piaf ou Oumy qui a 8 ans et se fait porter à bout de bras par les autres enfants – il y a du soulèvement. Il aime citer Georges Didi Huberman : dès qu’il y a un soulèvement, il y a des émotions. Et pour qu’il y ait soulèvement, il faut un partage d’émotions. C’est une semaine autour des émotions sur France Culture – l’âge n’existe plus, décembre et janvier ne comptent plus, ils nous rendent notre liberté : Thierry Thieu Niang efface la division du temps, les calendriers, peu importe si arrive un premier janvier, il dit avant tout : en même temps et c’est le moment du soulèvement.
Thierry Thieu Niang, chorégraphe, pour « Au cœur » pièce pour 18 enfants et adolescents de 7 à 17 ans. Il travaille depuis plusieurs années sur les différents âges de la vie : il a fait danser les personnes âgées avec Du printemps… cette fois-ci ce sont des enfants sur scène. Linda Lê nous rejoint, elle a écrit pour la pièce un texte sur l’enfance exilée.
Les enfants : Justine, Oumy, Vasco, Cassandra, Ulrich, Marilou, Melkia.
Thierry Thieu Niang évoque le film de Valéria Bruni Tedeschi et Yann Coridian : Une jeune fille de 90 ans (sur Arte au printemps). Il a rencontré Blanche. Elle a plus de 80 ans. Au début elle ne marche pas, elle ne dit rien. Petit à petit – elle danse, elle tombe amoureuse de Thierry. Nous sommes au service de gériatrie de l’hôpital Charles Foix d’Ivry, où il anime un atelier avec des patients malades d'Alzheimer.
LIVE : chant par le chœur d'enfants - morceau de CAMILLE.



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