Numéro 28. La rue et ses visages, avec Michel Simonet et Volmir Cordeiro

Il est 23h et on ne vit pas sans témoins. On pense que la rue c’est là où on se montre le moins, on ne fait que passer, on « descend » faire une course, on « descend » prendre un verre comme si la vie intime se passait en haut quelque part tranquille - et sans regards. Mais dans la rue, on est ensemble et certains ont la sensation de la vie des autres. On laisse des traces, le balayeur les efface et en fait l’inventaire silencieux. Michel Simonet est bien connu à Fribourg, c’est son royaume, il est balayeur, il aide chaque jour à repartir à zéro. Il a décidé de commencer ses journées avant nous, et de tout savoir sur ceux qui les ont terminées en dernier. La journée commence à 4h40 et ça depuis 29 années. Michel Simonet avait dit oui pour 6 mois et puis ça a duré une vie. Et à tous ceux qui étaient étonnés : mais tu as fini cantonnier ? il répond « J’ai pas fini cantonnier, j’ai commencé ». Pour lui c’est un départ, et ce qu’il a trouvé : c’est la vie au jour le jour. Qui a la sensation aujourd’hui de la vie au jour le jour ? Personne parce qu’on pense à ce qu’on a à faire : cette semaine. On pense que le mois de mars sera comme ci ou comme ça, on anticipe. On a des agendas pour nous rappeler la division des jours. Michel Simonet cite Pessoa « ce que tu fais, fais-le suprêmement » et il rappelle que la lenteur ça en fait partie. C’est Hector Bianciotti qui disait : « La vérité est plus lente que la vie ». Il faut parfois être plus lent que la vie, si on veut avoir la chance de voir les choses. Il faut le matin pour la vue précise des êtres humains. Volmir Cordeiro a appelé un spectacle : L’œil la bouche et le reste. Il s’intéresse à l’histoire du visage. A ce qu’on présente quand on montre son visage. Lui attrape le monde avec la bouche comme il dit. Notre traversée du jour et de la rue est un discours. Ça parle. Et certains sont là pour écouter. Michel Simonet dit : « la rue nous simplifie », elle nous rend la vie au jour le jour - vierge et sans histoire chaque matin

Michel Simonet, cantonnier à Fribourg. Son livre Une rose et un balai (éd. de La Revue Conférence) raconte son métier de balayeur dans cette ville suisse, en s’attachant aux gestes quotidiens, en réfléchissant avec attention à nos façon de vivre, de nous comporter. Des dessins de Pierre Dupont accompagnent ce texte, qui fait se succéder des scènes de rues et des portraits humains étonnants…

Volmir Cordeiro, danseur et chorégraphe brésilien. Il prépare une exposition au Centre National de la Danse (Pantin) du 10 au 30 mars : L’œil, la bouche et le reste porte le titre d’une pièce récente de Volmir Cordeiro (2017), dans laquelle le visage était central, pour questionner l’expressivité humaine depuis le regard et les mots. La plasticité du visage est encore étirée dans cette exposition, qui propose au visiteur un parcours à travers les sources d’inspiration du chorégraphe, également auteur d’une thèse en cours (université Paris 8) sur les figures de la marginalité dans la danse contemporaine. Des textes , des images, des gestes, aux sources de sa réflexion sur les corps au bord de nos sociétés, pas toujours regardés ni considérés pour ce qu’ils sont : ceux de la rue, ceux de la télé-réalité, ceux d’à côté… La Nuit des visages aura lieu le 10 mars.

LIVE : Feu ! Chatterton. Le groupe sort un deuxième album le 09 mars, L’oiseleur. Ils seront le mardi 06 mars en direct du studio 105, pour un concert France Inter, et en tournée dans toute la France à partir du 16 mars, jusqu’au 17 mai. En concert au Bataclan les 9, 10 et 11 avril

LE TITRE l'OISEAU : 

COUP DE FIL SCÈNE NATIONALE : il sera passé à Jaco Van Dormael. Le cinéaste présente, avec son collectif Kiss and Cry et avec la chorégraphe Michèle Anne de Mey, la pièce Cold blood, les 6, 7 et 8 mars au Théâtre Sénart.