Numéro 32. S'aimer quand même - Isild le Besco, Solange et Calypso Rose

Il est 23h et il y a beaucoup de « quand même » dans nos vies. Ca s’accompagne souvent de « il faut ». Il faut quand même le faire, quand même aller la voir, quand même être gentil, il faut quand même s’aimer dirait Isild Le Besco. Quand même ça équivaut à se dire tant pis. Faisons abstraction. Isild le Besco écrit un livre, l’appelle S’aimer quand même, en fait un collage de voix intérieures. Ce sont des femmes qui arrivent à un moment où elles sont presque mortes, et alors, il n’y a plus d’abdication, elle écrit : il faut revenir à la vie pour une chose spéciale. Ce sont des ruptures avec la vie d’avant. Quand on a voulu sauver les apparences, sauver ses parents, faire comme si, on n’a plus qu’un langage de survie. Quand on n’a jamais entendu parler d’amour que dans les films et les chansons, on est ensemble méchamment comme elle l’écrit. Alors, nouveau programme pour l’avenir : il faut se mettre à aimer mieux, soi-même et les autres. Il y a eu toujours ce moment où on a regardé un chat ou un chien dans les yeux en pensant que c’était plus simple et plus vrai qu’avec les êtres humains. On était soulagé. Un moment de répit. Solange elle a trouvé sa voix, c’est celle qu’elle a quand elle parle à Truite, sa chienne. Depuis qu’elle est dans sa vie, elle ose davantage se frotter aux êtres humains. Elle qui note ses journées de 1 à 10 a fait remonter le curseur –et il était très bas. Elle avait des journées si vides qu’elle ne pensait pas exister assez pour user ses vêtements. Mais la vie revient. La chienne est là, elle ne fait jamais défaut, elle ne se vexe pas, elle prend la place qui a été laissée vide par les autres. C’est le présent qui revient. C’est l’idée de la caresse. Si on y pense, l’idée de la caresse, elle peut vite déserter la vie. Alors Solange la reprend et peut enfin dire en regardant les yeux de l’animal, et avant de revenir vers les humains : c’est un signe encourageant : je peux prendre soin.

Isild Le Besco, actrice, scénariste, réalisatrice. Elle publie S’aimer quand même (Grasset, mars 2018), et présente 70 heures pour s’aimer quand même les 3, 4, 5 avril à la Ménagerie de Verre (Paris), pièce créée pour le festival Etrange Cargo. Le livre prend la forme d’un journal intime autant que d’un journal de voyage, avec ses dessins. Entre la Chine et l’Afrique, le récit évoque des parcours de femmes, leurs rapports au langage, à l’enfance, à l’amour. Sur la scène, qu’elle partage avec Elodie Bouchez, Lolita Chammah, Capucine Goust, et Tran Nu Yên-Khê, Isild Le Besco porte des mots de femmes traversées par des questions, des forces, des fragilités qui résonnent au-delà d’elles.

Ina Mihalache alias Solange, artiste et youtubeuse (Solange Te Parle). Elle publie Autoportrait en chienne (L’Iconoclaste, mars 2018), son troisième livre. Quand autour d’elle se font sentir des désirs d’enfants, la narratrice est envahie par un désir de chien. Alors elle adopte Truite : l’occasion de faire le récit de sa vie intime et quotidienne, en explorant par l’écrit les thèmes qui l’ont fait connaître sur sa chaîne Youtube Solange Te Parle crée en 2011 qui lui vaut aujourd’hui des millions de vues, et dans son film Solange et les vivants (2016) : le corps féminin, le genre, la solitude, la mort, les stéréotypes…

LIVE : Calypso Rose. Son album "So Calypso" sort le 18 mai, elle reprend des standards du Calypso. Linda McArtha Monica Sandy-Lewis (chant) sera accompagnée de Jean M’ba (guitare), Corey Wallace (basse), Yoan Danier (batterie), David Aubaile (claviers), Sylvain Bardiau (trombone), Sylvia Lobé (chœurs). Ils joueront en studio les titres Calypso Blues et Wah Fu Dance.