Numéro 42. L'Eden de Mia Hansen-Love

Un amour de jeunesse, réalisé par Mia Hansen-Love
Un amour de jeunesse, réalisé par Mia Hansen-Love - Carole Bethuel
Un amour de jeunesse, réalisé par Mia Hansen-Love - Carole Bethuel
Un amour de jeunesse, réalisé par Mia Hansen-Love - Carole Bethuel
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Mia Hansen-Love joue à 16 ans dans un film d'Olivier Assayas : le cinéma devient la seule manière d'être heureuse. Elle réalise cinq films dont Un amour de jeunesse, Eden et l'Avenir : sur le temps qui passe et tout ce qu'il faut se résoudre à perdre. Mais aussi sur le présent de soi retrouvé.

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Il est 23h et il y a des gens bien dont on ne saura rien. Il y a des sentiments tellement communs qu’on n’en dira rien. Il y a un amour adolescent. Une séparation. Un deuil. Un été qui se termine. Il y a des vies intérieures pas spectaculaires. Il y a une intensité qui ne ressemble pas au schéma : intrigue, conflit, résolution de l’intrigue. Il y a la persistance des sentiments et ça ne se voit pas. Mia Hansen Love filme les visages parce que sinon : qui le fera. Elle est passionnée par : ce qu’on va devenir. Par les corps qu’on ne pense pas riches de fiction, les pas connus, les communs qui vivent les folies de la vie. Parce que c’est une folie d’imaginer que rien ne dure. Dans le film Un amour de jeunesse, il y a Sullivan 19 ans qui dit à son amour Camille 15 ans parce qu’il va partir : « tu voudrais être tout et ce n’est pas possible ». C’est déjà la cruauté d’un moment de joie. On voudrait fixer un moment comme ça – dire ok, on valide, on choisit ça, cette vie, cette peau, ce corps avec qui vivre, dire : voilà vivons ça pour toujours. On se serait mis d’accord. Restons dans cette configuration, ça y est on a trouvé. Je veux signer le contrat. Mais la vie c’est comme les grandes vacances : c’est long mais les jours ça passe vite. La vie c’est Septembre qui revient et l’Eden déjà loin. Les films de Mia Hansen Love si on devait les situer sur un calendrier, on les placerait dans le sentiment exact de fin d’été – fin août début septembre. C’est d’ailleurs le titre du film d’Olivier Assayas où à 16 ans elle a joué. Mia Hansen Love réalise une histoire de la sensibilité. Dans son cinéma il y a aussi cette idée : évitez de penser que c’est la fin, évitez de ne pas comprendre, que la solitude c’est aussi la liberté. Son dernier film s’appelle L’Avenir et un personnage annonce : L’Avenir semble compromis : la phrase est devenue comptable, prononcée autour d’une table, dans un bureau. Alors que l’avenir se joue à la lumière, dehors. Mia Hansen Love filme des émancipations. Il n’y a que des secondes parties dans la vie. Ça ne cesse de commencer. Il y a des sauts dans le temps, il y a des : trois ans après, dix ans plus tard. Il y a aussi, du présent absolu – des visages à nu, un pur sentiment d’existence. Parce qu’encore plus fou que la durée qui n’existe pas : c’est notre façon d’y survivre. De devenir encore. Mia Hansen Love fait des films comme des célébrations de ce qu’il y a à venir. Elle nous filme tels que nous sommes : des survivants de l’été.

Mia Hansen-Love, cinéaste. A 16 ans elle tourne dans le film d'Olivier Assayas "Fin août début septembre". A 21 ans elle écrit pour les Cahiers du Cinéma et décide d'écrire. Elle a réalisé cinq films : Tout est pardonné, Le père de mes enfants, Un amour de jeunesse, Eden, et L'Avenir.

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