Caroline Guiela Nguyen part dans une ville qui n'existe plus : Saïgon, la ville de sa mère au Vietnam. Elle qui est arrivée en France après la défaite de Dien Bien Phu. Au théâtre elle cherche à "mettre en scène la vie", travailler à partir d'une langue et un paysage qui s'inventent sur scène.
- Caroline Guiela Nguyen Auteure et metteuse en scène
Il est 23h et on peut pleurer à l’étranger. Etre ému. Pleurer de joie ou de vérité. Il faut parler de l’émotion d’une chanson qu’on ne connaît pas, quand on est loin de chez soi. Il faut parler de ce moment où l’on est dans un bar, un restaurant, en voyage, en territoire inconnu. Des gens chantent ou se mettent à danser ou font un karaoké et l’émotion est forte. C’est quoi ce mystère qui fait qu’un morceau d’un autre lieu sur un sol étranger nous fait cet effet. Comme si ici se jouait quelque chose de notre vie. On se reraconte les choses depuis le début. On a envie de prendre des grandes décisions. On se sent puissant. La vie touche un point essentiel. C’est éphémère, ponctuel, ce n’est pas du romantisme c’est assez brut. Ca remue. Ca dure quelques couplets, un ou deux refrains, personne ne le sait, c’est secret. Nos émotions sont faites de superpositions. On peut sentir dans un lieu inconnu, de la tendresse et du manque. Caroline Guiela Nguyen est partie à Ho Chi Minh ville avec une photo de 1954 – ça s’appelait encore Saïgon. Elle est partie dans une ville qui n’existe plus, une ville de récits, de légendes. Elle y arrive avec des règles du jeu : elle propose à sa compagnie pour commencer, l’errance. Ils ont dans les mains les photos d’un temps ancien, mais ils ne sont pas à la recherche du passé, ils vont aller contempler le présent et observer son épaisseur. Retrouver l’histoire de ceux qui en France se sont trop bien intégrés et qu’on a oubliés. Mettre sur écoute tout ce qui se joue dans ces moments silencieux de sentiments et de nostalgie, quand on observe une fête se dérouler. Un mariage une croisière un bal improvisé. Caroline Guiela Nguyen occupe des espaces : un appartement, un restaurant, une cuisine. C’est le lieu qui fait parler. Elle aime particulièrement : la salle de bal. Elle y revient souvent. Le bal c’est la possibilité de la rencontre, du changement, et c’est tous ces morceaux sur lesquels on s’est parfois reraconté la vie, sur lesquels on a eu envie de prendre de grandes décisions, qui repassent. Notre histoire nous attend ailleurs que chez nous. Là où on a jamais été, on peut se trouver, se retrouver. Les récits de la France se font même loin de son territoire. « Nous sommes faits d’autres histoires que la nôtre, d’autres blessures que les nôtres » dit-elle. La nostalgie pourrait alors être un programme pour l’avenir, elle ouvrirait sur bien d’autres territoires que ceux que l’on connaît. Il faut parler de l’émotion d’une chanson à l’étranger, entendue par hasard et qui nous fait nous retrouver.
Caroline Guiela Nguyen, metteur en scène. Elle prépare sa prochaine création SAIGON qui mêle les histoires de la France et du Vietnam. Première en juin 2017 à la Comédie de Valence.
Valentin Nguyen Thi Luc son cousin.
Sa création radiophonique Le Chagrin a reçu le prix Italia_._
LIVE : DOM LA NENA, pour son nouvel EP "Cantando" : reprises parmi les morceaux qui font partie de ses racines musicales. Felicidad et Gracias a la vida.
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