Albert Simonin l'affranchi (1905-1980) (rediffusion de l'émission du 24 avril 2008)

Albert Simonin l'affranchi (1905-1980) © Marie-Hélène Simonin

par Elodie Maillot Réalisation : Céline Ters

On connaît mal ce petit homme mi-gouailleur, mi-mondain. Certains de ses romans et son dictionnaire, Le Petit Simonin Illustré , sont aujourd'hui impossibles à trouver, et pourtant, tout le monde a un jour fréquenté ses oeuvres et ses mots. « Cave, Touche pas au grisbi salope !, fafs, blazes et autres carbures » sont sortis des bars à truands et des dancings de Pigalle pour se retrouver en librairie ou à l'écran sous la plume de Simonin. Bien qu'il soit entré dans la littérature sur le tard, à presque cinquante, Albert Simonin a rapidement connu le succès avec un best seller qui va révolutionner le monde du polar: Touchez pas au grisbi est le premier polar franchouillard qui fait entrer les lecteurs d'après-guerre dans le «mitan», le monde des mauvais garçons. Saint-Germain-des-Prés s'emballe et récompense l'enfant de la Chapelle. Simonin reçoit le prix des Deux-Magots, un « grisbi » gagné sans effraction. Viendront très vites les succès en tant dialoguiste ou scénariste pour des films français à succès des années 50-60 -parfois en collaboration avec son comparse Michel Audiard Touchez pas au Grisbi, Le Cave se rebiffe, Mélodie en sous-sol, Le Feu aux poudre , mais Simonin fut avant tout un romancier et un amoureux des mots, parfois glanés au hasard d'errances dans les milieux louches de Paris ou dans le taxi qu'il conduisait avant-guerre. Roger Nimier qui l'a parrainé chez Gallimard disait de lui qu'il remettait de l'ordre dans le crime, comme Malherbe l'avait fait dans le vers.