Dora Maar, vers la lumière

Portrait de Dora Maar, par Rogi André vers 1937, Collection Centre Pompidou, Paris Musée national d’art moderne Centre de création industrielle
Portrait de Dora Maar, par Rogi André vers 1937, Collection Centre Pompidou, Paris Musée national d’art moderne Centre de création industrielle - droits réservés © Centre Pompidou MNAM-CCI / Georges Meguerditchian / Dist. RMN-
Portrait de Dora Maar, par Rogi André vers 1937, Collection Centre Pompidou, Paris Musée national d’art moderne Centre de création industrielle - droits réservés © Centre Pompidou MNAM-CCI / Georges Meguerditchian / Dist. RMN-
Portrait de Dora Maar, par Rogi André vers 1937, Collection Centre Pompidou, Paris Musée national d’art moderne Centre de création industrielle - droits réservés © Centre Pompidou MNAM-CCI / Georges Meguerditchian / Dist. RMN-
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Le nom de Dora Maar est inextricablement lié à sa relation amoureuse avec Picasso. Mais Dora Maar, c'est surtout le combat d'une femme qui a toujours cherché à s'affranchir, à la recherche d'elle-même et de son art propre, celui de la peinture et de la photographie.

Avec
  • Victoria Combalia Historienne et critique d'art espagnole, biographe de Dora Maar
  • Brigitte Benkemoun Journaliste et écrivaine
  • Anne Carpentier Fondatrice et directrice de la Galerie La marchande des 4 saisons
  • Damarice Amao Historienne de l'art et commissaire d'exposition
  • Jérôme de Staël Photographe
  • Gwen Strauss Directrice-administratrice de la Maison Dora Maar à Ménerbes
  • Marcel Fleiss Fondateur de la galerie 1900-2000 à Paris

Je marche seule dans un vaste paysage. Il fait beau. Mais il n'y a pas de soleil. Il n'y a plus d'heures." Dora Maar

Dora Maar, née Théodora Henriette Markovitch porte en elle une grande solitude et de multiples paysages. Ceux de son enfance en Argentine, de ses reportages à Londres, en Espagne, ceux du Paris des Surréalistes et de ses visages amis, ceux enfin des montagnes du Lubéron où elle se réfugie après sa rupture avec Picasso.

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La femme qu’elle est avant sa rencontre avec Picasso est une femme assez incroyable, qui fait des choses qu’aucune femme ne fait pour l’époque. Dans les groupes d’extrême gauche (Octobre, Contre-Attaque) auxquels elle participe, elles sont 3-4 femmes seulement au milieu de 50 hommes. Il faut un culot monstre pour prendre la parole au milieu des surréalistes dans les cafés de la place Blanche. Elle n’a peur de rien. Elle prend sa vie en main. Elle les impressionne par son côté courageuse et déterminée, c’est à ce moment-là qu’ils l’appellent « la cabocharde ». " Brigitte Benkemoun

Brassaï,  Dora Maar dans son atelier rue de Savoie , 1943
Brassaï, Dora Maar dans son atelier rue de Savoie , 1943
- © Adagp, Paris 2019 Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI / Dist. RMN-GP

Une artiste complète

Photographe, peintre, dessinatrice, poétesse décrite tour à tour par ceux qui l’ont connue comme une femme libre et engagée, fascinante de beauté, d’intelligence, d’imprévisibilité, voire d’instabilité, elle a pourtant longtemps été réduite à l’image de « la femme qui pleure ». Titre que donna Picasso à plusieurs portraits de Dora Maar, qui fut son amante et sa partenaire artistique pendant près de dix ans, jusqu’en 1946.

Dora Maar raconte comment Picasso l'a représentée dans son célèbre tableau "Guernica", dans le documentaire "De Guernica à Guernica, histoire du tableau", le 14 août 1993 sur France Culture

2 min

S’en tenir à cette seule image, ce serait oublier (mais l’a-t-elle jamais su elle-même ?) que son nom d’artiste, Maar, évoque en allemand une explosion volcanique. Ce sont moins ses larmes que l’on voit aujourd’hui que la force d’âme et de création qu’il lui a fallu avoir pour traverser le 20e siècle, ses guerres, ses crises, sa relation tumultueuse et sa rupture dévastatrice avec Picasso.

C'est aussi une mélancolie qui jamais ne la quitta jusqu’à l’isoler du reste du monde, à la fin de sa vie. Malgré la solitude et la douleur, jamais Dora Maar n’a cessé de peindre. Elle reprit même, durant ses dernières années, dans les années 1990, la photographie.

Les Grandes traversées / Picasso, l'oeil du Minotaure (archives)
50 min

La photographie de rue, c’est clairement une manière de se positionner par rapport à des questions politiques et sociales. Descendre dans la rue, regarder les gens, c’est un geste politique. Quand elle descend dans la rue, elle quitte le confinement du studio, on est en 1933. C’est concomitant à une affirmation personnelle, pour chercher quelque chose de plus spontané, de plus brut. Ses photographies de rue sont peut-être les seuls témoignages d’un aspect plus complexe, plus solaire de Dora Maar par rapport à la perception qu’on peut avoir d’elle aujourd’hui." Damarice Amao

Trois photographies de Dora Maar : Barcelone [Vendeuses riant derrière leur étal de charcuterie, 1933] ; Sans titre 1933 ; Londres 1934 [Repent for the Kingdom of Heaven is at Hand, 1934]
Trois photographies de Dora Maar : Barcelone [Vendeuses riant derrière leur étal de charcuterie, 1933] ; Sans titre 1933 ; Londres 1934 [Repent for the Kingdom of Heaven is at Hand, 1934]
- © Adagp, Paris 2019 Photo © Centre Pompidou MNAM-CCI / P. Migeat / Dist. RMN-GP

Pour aller plus loin

L'exposition Dora Maar commence le 5 juin, jusqu'au 29 juillet 2019 au Centre Pompidou à Paris.

Dora Maar, la femme invisible, de Victoria Combalia aux éditions Invenit

  • Avec Victoria Combalia, biographe de Dora Maar ; Brigitte Benkemoun, journaliste ; Anne Carpentier, fondatrice de la Galerie La marchande des 4 saisons à Arles ; Damarice Amao, commissaire et historienne de l'art ; Jérôme de Staël, photographe ; Gwen Strauss, directrice de la Maison Dora Maar à Ménerbes et Marcel Fleiss, fondateur de la galerie 1900-2000 à Paris.
  • Un documentaire d'Emilie Chaudet, réalisé par Christine Robert. Prise de son : Marcos Darras et Ollivia Branger. Documentation : Clary Monaque de l'INA et Annelise Signoret de la bibliothèque de Radio France.

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