Joseph Roth, l’écrivain aux patries de papier (1894-1939)

Par Perrine Kervran. Réalisation : Gislaine David. Attachée de production : Claire Poinsignon. Avec la collaboration d'Annelise Signoret. Rediffusion de l'émission du 20.02.2016.

Joseph Roth est né en Galicie, en 1894, dans la petite ville de Brody. Il nait dans une famille juive et fait de l’allemand sa langue d’élection dans ces confins de l’empire où l’on navigue entre le polonais, l’ukrainien, le yiddish, l’allemand et le russe. Il est un juif assimilé qui va faire ses études de philosophie et de littérature à Vienne, avant que la guerre ne bouleverse ses projets et fasse de lui un journaliste qui doit gagner sa vie dans une Europe en cendres…

Désormais il sera une signature recherchée, une référence du Frankfurter Zeitung : correspondant à Paris, reporter en URSS, en Pologne, en Allemagne et en Yougoslavie. En mouvement perpétuel, il va d’hôtel en hôtel, ne possède ni pied à terre, ni maison familiale, toute sa vie tient dans trois malles.

Mais cette errance et ce sentiment d’exil est peut-être plus profond, lié à la disparition de son pays natal et à l’absence du père, parti un jour, jamais reparu, qu’on a dit suicidé alors qu’il était plus probablement devenu fou…une errance liée aussi à ce monde des juifs de l’Est qui disparaît à mesure que l’assimilation se met en marche et que les pogroms et la misère les poussent à l’immigration, et puis aussi peut être à l’échec de sa seule tentative d’enracinement, son mariage avec Friedel Reichler, qui bientôt elle aussi succombe à la maladie mentale et doit être internée définitivement…

Roth est devenu un déraciné, sans attaches. Il s’est construit tout seul, et réinvente son identité à mesure qu’elle s’effrite, broyée par la grande Histoire

Mais l’exil est aussi au cœur de ses écrits : dans ces récits du retour des soldats de 14 qui ne reconnaissent plus rien, dans les images de ces réfugiés qui traversent l'Europe au gré des conflits, chez ces juifs en errance qui vont tenter leur chance en France ou en Amérique, ou parmi ces naufragés qui peuplent les hôtels et les cafés …

Mais le véritable exil, commence en 1933, avec l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Désormais l’errance de Roth devient subie, son univers se rétrécit, et pourtant ses écrits ne décrivent que mieux ce monde cosmopolite auquel il aspire et dont il a fait son deuil dans des romans crépusculaires…

Par Perrine Kervran. Réalisation : Gislaine David. Prise de son Romain Luckiens. Attachée de production : Claire Poinsignon. Textes de Régine Robin et Abdourahman Waberi.

Correspondance entre Abdourahman Waberi et Perrine Kervran sur Joseph Roth

Correspondance entre Régine Robin et Perrine Kervran sur Joseph Roth

Liens :

"Joseph Roth, Stefan Zweig et Soma Morgenstern : correspondance et souvenirs" - Article d'Erika Tunner paru dans la revue web Germanica.

"Joseph Roth, l’exilé perpétuel" - article de Christophe Mercier paru sur le site des Lettres françaises.

Bibliographie détaillée de l'oeuvre de Joseph Roth, sur le site des éditions du Seuil.

Joseph Roth, La fuite sans fin depuis nulle part… à lire sur le site Esprits nomades.

A Paris, sur les traces de Joseph Roth, avec Terres d’écrivains.

Joseph Roth et l'art du reportage, un article de Daniel Baric paru dans Communications (n°71, 2001), en ligne sur Persee.fr.