"Ni musulman, ni arabe, mais algérien", avait-il déclaré. Au cœur de l'histoire de l'Algérie et de ses convulsions, l'œuvre de Kateb Yacine reste d'une actualité brûlante.
- Armand Gatti Dramaturge, poète, réalisateur.
- Charles Bonn Professeur à l'Université Lyon 2 de littérature maghrébine.
- Gilles Carpentier Éditeur.
- Naget Khadda Maître de conférences à l'Université Paul Valéry à Montpellier
- Slimane Benaissa Comédien, metteur en scène, dramaturge.
- Zebeïda Chergui Veuve de Kateb Yacine.
- Christiane Chaulet Achour Spécialiste des littératures francophones (c'est-à-dire nées dans les anciennes colonies françaises et échanges entre ces pays et la France (période coloniale et post-coloniale).
Par Marion Thiba. Réalisation : Gislaine David. Rediffusion de l'émission du 19.03.1998. Avec la collaboration de Claire Poinsignon et Annelise Signoret.
Rebelle à tous les pouvoirs, pourfendeur du colonialisme, de l'impérialisme et de tous les intégrismes, Kateb Yacine est mort en France d'une leucémie, avant que l'Algérie ne sombre dans le sang. La violence et la mort, d'une autre époque, sont à l'origine de son œuvre. Le 8 mai 1949, à Sétif, la manifestation contre le colonialisme dégénère, Kateb Yacine se retrouve, à 20 ans, sous des monceaux de cadavres : l'armée française et la police sont responsables de dizaines de milliers de morts, 40.000 selon certains.
Emprisonné, Kateb apprendra que quatorze membres de sa famille ont été abattus et que sa mère, le croyant mort, est devenue folle. La violence et la mort, d'une époque à l'autre, se perpétuent bel et bien. "Tout est sorti de la prison et de l'amour, les deux sources de l'œuvre." Kateb Yacine a toujours mis le doigt sur les plaies. Il voulait transformer le monde. "Je suis Algérien par mes ancêtres, internationaliste par mon siècle". "Ni musulman, ni arabe, mais algérien".
Au cœur de l'histoire de l'Algérie et de ses convulsions, l'œuvre de Kateb Yacine reste d'une actualité brûlante. De son vrai nom Mohammed Khellouti, issu d'une vieille tribu de lettrés, il s'est choisi Kateb - "écrivain" en arabe - et avec : par ironie, Yacine, parce que l'administration coloniale appelait les indigènes par leur patronyme suivi de leur prénom.
Poète, romancier, auteur dramatique, Kateb Yacine utilise la langue comme une arme. Ses romans, Nedjma, Le Polygone étoilé sont considérés comme fondateurs de la littérature algérienne moderne. Fragments, bourgeonnements, variantes, éclatement de la narration traditionnelle, ils déroutent par leur structure innovante (fin des années 50) et par leur densité poétique. Livres énigmatiques et emblématiques où l'Algérie mythique rejoint l'Algérie contemporaine. La trahison des pères est l'origine de l'errance.
Liens :
Kateb Yacine sur le site Limag (Littératures du Maghreb) : nombreux textes et documents audiovisuels de et sur Kateb Yacine.
Entre exils, errances et migrations : l’expérience littéraire de Kateb Yacine, article de Kaoutar Harchi publié dans la revue Hommes & migrations (2012).
La bi-langue du théâtre de Kateb Yacine, par Dalila Melki, de l’université d’Annaba.
Kateb Yacine, ou la naissance en guerre de l’écrivain, par Catherine Milkovitch-Rioux de l'Université Blaise Pascal–Institut d’histoire du temps présent (2016).
Bibliographie proposée par la BNF.
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