Marguerite Eymery dite Rachilde, Homme de Lettres 1860-1953 (rediffusion du 9 mai 2009)

France Culture
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** Par Françoise Estèbe et Christine Robert**

Rachilde
Rachilde
© Radio France - Delius Dessinateur

Scandaleuse Rachilde qui osa braver les tabous et les interdits de son temps! Née en 1860 dans la vieille demeure familiale du Cros (le "trou"), elle passa une grande partie de son enfance dans cette région humide et sinistre du Périgord, paysage mortifère hanté par de terribles légendes paysannes et la croyance en une malédiction familiale. Enfance solitaire et délaissée, entre une mère dépressive qui sombra progressivement dans la folie et un père militaire qui lui reprochait de ne pas être un garçon. Comment s'étonner qu'elle fût toute sa vie fascinée par l'androgynat ? Elle commença à écrire dès l'âge de 12 ans, exorcisme salutaire, choisit pour pseudonyme le nom d'un gentilhomme suédois du 16e siècle et s'enfuit pour Paris dès sa majorité, décidée à conquérir le milieu littéraire. A 20 ans, elle publia * Monsieur Venus * , un livre sur l'inversion sexuelle et la domination féminine, d'une audace inouïe pour l'époque, dont le scandale la fit connaître. L'oeuvre baroque, souvent hallucinée de Rachilde, explore les perversions et les fantasmes les plus violents. Sa production littéraire trop abondante, inégale et certes datée, kitsch souvent, recèle des textes forts, * La Marquise de Sade * , * La Tour d'Amour * , * L'Animale * , qui ont été réédités. Le personnage que s'est créée Rachilde, surtout, est incroyable. Habillée en homme, coiffée à la garçonne, courant les bals populaires une prostituée à son bras, elle défraya la chronique puis épousa un homme fort sérieux, Alfred Valette, directeur du* Mercure de France* , où elle tint salon tous les mardis, attentive aux jeunes écrivains, découvreuse de talents, Carco, Jarry... Car Rachilde, qui mourut ignorée de tous en 1953, fut aussi un personnage clé de la vie littéraire de son temps.

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Avec les voix de Rachilde, Francis Carco et Maurice Garçon.

Archives INA Martine Auger