Pianiste à la carrière fulgurante dans les années 1920-30, soliste méconnue en Europe pour n’avoir quasiment jamais pu sortir d’URSS, Maria Yudina, toujours aujourd’hui, est un mythe en Russie.
- Frédéric d'Oria-Nicolas pianiste
- Pascal Huyn commissaire de l’exposition
- Bruno Monsaingeon musicien, réalisateur, essayiste, ami de Yehudi Menuhin.
- Catherine Depretto Professeur de littérature russe à l’Université Paris IV, auteur de "L'Héritage de Bakhtine"aux PUB 1997 et de "Le Formalisme en Russie" éd. CES/IES 2009
- Andrei Vieru pianiste
Une émission de Laetitia Le Guay, réalisée par Marie-Ange Garrandeau
Rediffusion de l'émission du 24 octobre 2010
A l’occasion de l’exposition de la Cité de la Musique « Lénine Staline et la Musique »
12 octobre 2010—16 janvier 2011

Musicienne au jeu puissant et très original, formée au Conservatoire de Petrograd dans la même classe que Chostakovitch et admirée par ses contemporains (Klemperer, Prokofiev, etc.) Maria Yudina appréhendait la musique dans une approche globale de l’art qui incluait sa passion pour la poésie, la peinture et l’architecture. Amie de Boris Pasternak qui lut pour la première fois chez elle, en petit comité, des passages de son Docteur Jivago , elle fut aussi le soutien fidèle du penseur et critique Mikhaïl Bakhtine qu’elle aida notamment quand il était en relégation.
Qualifiée de Mona Lisa aux yeux verts dans sa jeunesse, plus tard de Clytemnestre en baskets et robe noire, revolver en poche (ainsi la décrit Sviatoslav Richter), Yudina fascinait : par son talent et son courage. Avocate de la musique des Stravinski, Krenek, Hindemith, autres compositeurs très mal vus en URSS, elle réussissait à se procurer leurs partitions et les jouait quand c’était possible.
Sur elle courent toutes sortes d’anecdotes les plus curieuses, comme celle d’un concerto de Mozart qu’elle aurait enregistrée en une nuit, parce que Staline, l’entendant à la radio la veille, aurait demandé le disque et que personne n’aurait osé lui dire que l’enregistrement n’existait pas.
Maria Yudina a payé ses prises de positions iconoclastes par des interdictions de concerts et des évictions quasi systématiques de ses postes de professeur, mais dans une Russie soviétique où d’autres artistes ont connu, pour beaucoup moins, la torture ou la mort, elle fait figure d’énigme.
Son destin mystérieux éclaire d’une lumière particulière les relations entre les musiciens et le pouvoir pendant le Stalinisme et le Dégel, une époque que les historiens de la musique n’en finissent pas de découvrir dans son fonctionnement erratique.
Textes lus : « La Musique » de Pasternak.
Extraits musicaux : 23e concerto pour piano de Mozart, concerto pour piano de Stravinski, Variations Goldberg de Bach, Intermezzi de Brahms, Impromptus de Schubert, sonate n °16 et 32 de Beethoven, airs d’Outiossov, chansons à Staline.
A Noter : Le Monde du piano n° 38, 2 CD, Maria Yudina/Vladimir Sofronitski. Derrière le rideau le talent
Beethoven/Schubert, Rédaction des textes ALain Lompech.
A Lire: "Le Stalinisme au quotidien" Flammarion 2002
"Chostakovitch et Staline" Anatolia/ Le Rocher 2005
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