
Née en Russie peu avant la Révolution d’Octobre, émigrée à Paris puis aux Etats-Unis, Nina Berberova est l’une des auteures russes les plus importantes du 20ème siècle. Son œuvre donne vie aux exilés, raconte la grande Histoire, dans de courts récits au style unique.
Bertrand Py (Directeur éditorial et co-fondateur d'Actes Sud), Bertrand Le Meignen (Biographe de Nina Berberova), Eva Chanet (Éditrice chez Actes Sud), Ida Junker (Traductrice, autrice et spécialiste de Nina Berberova), Michel Niqueux (Professeur Émérite de l'Université Caen-Normandie spécialiste de littérature russe et d'histoire des idées), Murl Barker (Universitaire américain).
Je ne suis pas un roc, je suis un fleuve. Parce que je bouge : géographiquement, mais aussi intérieurement. Nina Berberova
Née à Saint-Pétersbourg dans un milieu bourgeois, de père arménien et de mère russe, Nina Berberova se destine à la poésie. Quand survient la Révolution, elle n’a que seize ans. Elle émigre en 1922 avec son compagnon, le poète Vladislav Khodassevitch, de quinze ans son aîné. Commence alors une longue errance à travers l’Europe, dans le sillage de Gorki, Marina Tsvetaieva ou Vladimir Nabokov. Le couple se fixe à Paris en 1925. Exilée, sans argent, Nina Berberova est journaliste ou brode au point de croix. Dans les journaux de l’émigration, elle s’essaie à la fiction : les Chroniques de Billancourt dépeignent le petit peuple russe vivant autour des usines Renault. Ses premiers récits paraissent en revue dans les années trente - l’Accompagnatrice, le Laquais et la Putain, la Souveraine...

Les petits romans de Nina Berberova reflètent quelque chose d’un ressenti profond. Elle est autant dans l’autobiographie que dans la biographie, il y a un champ autobiographique qui recouvre toutes son œuvre de fiction. Elle a toujours voulu rester libre, c’est une constante de sa vie. Dès l’enfance, elle a eu besoin de ne pas se soumettre aux conventions sociales et familiales. Michel Niqueux
Nina Berberova évoque son choix de ne pas devenir mère au micro de Laure Adler, dans l'émission Culture matin, sur France Culture, le 4 mai 1986
1 min
Nina Berberova écrit, se sépare de Khodassevitch, veut vivre libre avant tout. Elle passe les années de l’Occupation à Longchêne, un village des Yvelines. Elle s’est remariée mais n’a pas d’enfant. Après la Libération, les intellectuels russes qu’elle fréquentait ont tous plus ou moins disparu : morts, ou rentrés en URSS, trompés par Staline... Que faire ? Elle prend la décision d’émigrer à nouveau et s’embarque en 1950 pour New York. Après avoir vécu de petits métiers, elle devient professeur de littérature russe à l’université de Yale, puis de Princeton. Elle écrit toujours, mais abandonne petit à petit la fiction. En 1965, elle achève son autobiographie, C’est moi qui souligne, qui revient sur son long parcours d’exilée et les grands événements de l’Histoire contemporaine.

Dans ses romans, ses personnages ont presque toujours une souffrance muette, un amour qu’ils ne peuvent énoncer. C'est par ses petites chroniques qu’elle est venue à la fiction. Son roman "L’Accompagnatrice" a ceci d’extraordinaire : le texte devient une métaphore de la Révolution russe, du conflit de classe entre les deux personnages, avec l’ambiguïté d’une amitié pleine de désirs inavoués. Il y avait tant de choses dans ce petit livre, une histoire dans une histoire dans une autre histoire … le tout dans un cadre historique qui dépasse la situation personnelle de Nina Berberova. Il a touché et déstabilisé tout un continent littéraire, toute une génération d’écrivains. Bertrand Py

C’est une femme qui a connu plusieurs mondes et qui a toujours fait en sorte de rester libre : aucune nostalgie, mais le désir d’aller de l’avant, car « rien ne peut se comparer à la vie »... La vie lui fait ce cadeau, en 1985 : un coup de téléphone d’Hubert Nyssen, fondateur des éditions Actes Sud. Il a lu l’Accompagnatrice et veut la publier. A plus de 85 ans, Nina Berberova devient célèbre, ses récits sont un succès d’édition, en France et ailleurs. Elle meurt en 1993 à Philadelphie, citoyenne américaine, après avoir revu brièvement la Russie lors d’une tournée triomphale.
Nina Berberova a sûrement connu des moments d’extrêmes plénitudes, mais ce qui est certain, c'est qu'elle a connu le bonheur de l’intelligence et de la création. Hubert Nyssen
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Avec Ida Junker, auteure du Monde de Nina Berberova, paru aux éditions L’Harmattan ; Michel Niqueux, spécialiste des lettres russes, traducteur de Nina Berberova (Histoire de la baronne Boudberg) ; Bertrand Le Meignen, auteur d’une biographie de Nina Berberova (inédite) ; Bertrand Py, directeur éditorial et co-fondateur d’Actes Sud, « découvreur », avec Hubert Nyssen, de Nina Berberova ; Eva Chanet, éditrice chez Actes Sud, ancienne attachée de presse de Nina Berberova et Murl Barker, universitaire américain, ami intime de Nina Berberova. Extraits de l’autobiographie de Nina Berberova, C’est moi qui souligne, lus par Ida Junker et Katarzyna Krotki.
Un documentaire de Julien Thèves, réalisé par Laurent Paulré. Prise de son Olivia Branger ; mixage Manuel Couturier, traduction Marie Plaçais et Olivier Martinaud, archives INA : Inès Barja, ressources internet : Annelise Signoret.

Pour aller plus loin
- Mémoire d’un siècle : entretien avec Nina Berberova, publié dans la Revue des Deux-Mondes en septembre 1989. En ligne sur le site de la revue
- Nina Berberova et la mythologie culturelle de l’émigration russe en France : article de Leonid Livak, paru dans Les Cahiers du monde russe (2002)
- Les ouvrages de Nina Berberova sur le site des éditions Actes sud
- Laurence Goullieux, directrice de la Bibliothèque Municipale de Liévin, évoque la vie et l'oeuvre de l'auteure Nina Berberova dans La Vie des Livres sur Youtube
- Nina Berberova – Documentaire ultime (France 3, 1992) sur Youtube :
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