Walter Benjamin, le « collectionneur d’étincelles » (1892-1940)

France Culture
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par Philippe Baudouin

réalisation : Anne Franchini

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Photographie du passeport de Walter Benjamin, vers 1928
Photographie du passeport de Walter Benjamin, vers 1928

Si Walter Benjamin fut un enfant du XIXe siècle, sa pensée permit non seulement d’éclairer la modernité technique, esthétique et politique du XXe siècle, mais continue encore de livrer aujourd’hui son enseignement. Une pensée qui, à l’image de son auteur, fascine tant elle se dérobe à celui qui essaie de la saisir. Car, à vrai dire, Benjamin, de par une personnalité extrêmement complexe, est un penseur insaisissable. Il n’était ni philosophe, ni écrivain, ni révolutionnaire, ni marxiste, pas plus métaphysicien que théologien. Ou peut-être tout cela à la fois sans jamais se laisser totalement absorber par l’une ou l’autre de ces activités. Il disposait d’une acuité exceptionnelle, digne, selon son ami Theodor Adorno, de celle « d’un magicien mais dans un sens résolument non métaphorique, très littéral. On aurait très bien pu se le représenter avec un très haut chapeau et une sorte de baguette magique ». Que ce soit dans les livres pour enfants, les jouets et les timbres qu’il collectionnait, les Passages de Paris qu’il arpentait ou les contrées qu’il traversait, Benjamin s’est toujours efforcé de faire surgir la magie secrètement à l’œuvre dans les choses. C’est également dans son impressionnante correspondance notamment avec le poète et dramaturge Bertolt Brecht ou l’historien de la mystique juive, Gershom Scholem, que se révélait son attachement aux petites choses, aux détails, mieux à même, selon lui, de nous faire comprendre la modernité.

Entre l’univers bourgeois de son enfance berlinoise et sa mort tragique à Port-Bou le 26 septembre 1940, Benjamin assista aussi bien aux derniers instants du XIXe siècle, qu’aux horreurs de la guerre qu’il s’agisse du nationalisme allemand ou de la barbarie nazie. Toute sa vie durant, Walter Benjamin, en nourrissant sa pensée à la fois de marxisme et de judaïsme, de surréalisme et de messianisme, a tenté, durant de brefs éclairs, de saisir le sens de ces différentes rencontres avec la modernité, en se faisant le « collectionneur d’étincelles ».

Un portrait où spécialistes et simples lecteurs, amis et traducteurs nous donnent à entendre le murmure du rire de Walter Benjamin.

Avec :

Tilla Rudel , écrivain, auteur de* Walter Benjamin, l’ange assassiné* (Mengès, 2010)

Jean-Christophe Bailly , écrivain, auteur de Panoramiques (Christian Bourgois, 2000)

Philippe Ivernel , professeur honoraire de l'Université Paris VIII et traducteur.

Antoine Grumbach , architecte.

Laurent Evrard , libraire à Tours.

Florent Perrier , chercheur associé à l’IMEC et aux Archives Walter Benjamin (Berlin), auteur de Walter Benjamin et Gisèle Freund, une amitié en regard , (IMEC, à paraître en janvier 2012).

**Archives INA ** :

Stéphane Hessel, écrivain et diplomate.

Theodor Adorno, philosophe.

Jean Selz, écrivain et critique d’art.

Pierre Missac, écrivain et traducteur.

Marcel Brion, écrivain et historien de l’art français.

Lisa Fittko, militante anti-fasciste.

Walter Benjamin
Walter Benjamin
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