Première diffusion le 13 novembre 2011
Par Christine Lecerf
Réalisation: Marie-Christine Clauzet
Technicien: Eric Boisset
Depuis la chute du mur et l’ouverture du rideau de fer, Vienne est à nouveau l’épicentre de grandes migrations. Comme au siècle dernier, des milliers d’étrangers reprennent le chemin de l’ancienne capitale impériale. Vienne redeviendrait-elle le grand laboratoire de notre modernité ? Dehors, la ville musée somnole. Les calèches tournent en rond. Mozart à l’Opéra, Klimt au Belvédère, Strudel chez Sacher. Vienne n’est pas Berlin. Indolente, elle a toujours pris son temps face au changement. Mais les apparences sont toujours trompeuses à Vienne.

Partir ou rester ? Ruth Beckermann s’est toujours posée la question. Filmant les multiples visages de l’exil, elle démêle en même temps les fils de sa propre histoire. Pionnier d’une façon nouvelle d’écouter l’espace, **Bernhard Leitner ** émancipe le son de la musique en édifiant ses architectures sonores tridimensionnelles dans toutes sortes de lieux, même à l’intérieur de la tête. Ouvert aux sciences, nourri de philosophie et peintre à ses heures, Friedrich Cerha compose depuis quarante ans en transcrivant très exactement le contenu de ses rêves. A près de quatre vingt dix ans, retiré dans sa minuscule mansarde, Friederike Mayröcker ** écrit comme elle vit, entre euphorie et mélancolie. Elfriede Jelinek m’avait confié lors du l’obtention de son Prix Nobel combien elle se sentait viennoise, au sens poétique du mot. Lui-même poète à ses heures, le philosophe Franz Schuh ** se définit comme un « joyeux mélancolique » qui dissout les réponses sous un amoncellement de questions. Quant à Xaver Bayer , trente ans à peine, retiré dans un café perdu près du Prater, il enregistre dans ses romans la perte de l’image du monde.







Partir, rester ? A mille lieux de la carte postale vendue aux touristes, parfois mélancoliques mais toujours ironiques, les artistes perpétuent une tradition qui mériterait de refleurir dans toute l’Europe : celle d’un certain esprit viennois.Exilé depuis 1938,** Georg Stefan Troller** , qui vit à Paris,l’incarne peut-être de la plus belle des manières.


Grand entretien Robert Menasse
Robert Menasse est né à Vienne en 1954. Son père, célèbre footballeur, avait dû quitter l’Autriche dans un transport d’enfant. Menasse appartient donc à cette seconde génération, celle qui est venue après la guerre, après la shoah, après le retour des survivants. Sao Paulo, Amsterdam, Bruxelles, Menasse doit sans cesse fuir Vienne pour créer cette distance ironique et critique, sans laquelle il n’écrirait pas. Dans son atelier de la Girardigasse, Robert Menasse fume cigarette sur cigarette. Soixante dix ans après Stefan Zweig, portrait d’un viennois européen convaincu.

Emission réalisée en partenariat avec la Ville de Vienne > site de la ville
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