**« Ce sont souvent des amours secrètes, celles qu’on partage avec une ville. (…) Alger, et avec elle certains milieux privilégiés comme les villes sur la mer, s’ouvre dans le ciel comme une bouche ou une blessure. Ce qu’on peut aimer à Alger, c’est ce dont tout le monde vit : la mer au tournant de chaque rue, un certain poids de soleil, la beauté de la race. Et, comme toujours, dans cette impudeur et cette offrande se retrouve un parfum plus secret »… **
**Albert Camus **
Noces, L’été à Alger
ESCALE 1 : « ALGER, LA MÉMOIRE ET LA MER... ** »**
**Documentaires de ** Tewfik Hakem
**Réalisation : Thomas Dutter - Prise de son et mixage : Philippe Bredin **
Bienvenu à Alger , prenez place dans ce théâtre antiqueoù l’on joue depuis la nuit des temps les grandes tragédies méditerranéennes. Alger berbère, phénicienne, romaine, arabe, andalouse, ottomane, française et enfin, Alger algérienne . Au fil des siècles, les protagonistes mutent, mais pas le décor, splendide, immuable: un amphithéâtre qui remonte de la baie vers les crêtes du massif en escaliers, en collines, en petits chemins zigzagants... Et ce qui donne le vertige, c’est de constater qu’Alger ressemble à une ville "européenne", même si elle ne ressemble à aucune autre ville de France, ni d’Algérie d’ailleurs. Une « Ville-Mondes »…
Avec :
Raymond Depardon , photographe et cinéaste.
Samir Toumi , écrivain.
Hélène Cixous , écrivaine.
Wassyla Tamzali , essayiste.
Amina Menia , artiste plasticienne.
Abdelmajid Meskoud , chanteur de chaâbi.
Sofiane Hadjaj , éditeur.
Belkacem Babaci , historien.
Halim Faïdi , architecte.
Merzak Allouache , cinéaste
La ville est belle et rebelle, «elle se mérite» disent les algérois. A Alger, on ne vient pas pour faire du tourisme, quand on y va c’est pour répondre à l'appel d’un ami, d’un proche, d’un passé, voir d’un inconnu familier. Pour découvrir un ailleurs qui ne ressemble à nulle-part ailleurs ou pour retrouver des racines, des repères. L’écrivaine Hélène Cixous qui a quitté l’Algérie depuis des lustres retourne souvent, pour de vrai ou en rêves, au Jardin d’Essai , le lieu des rendez-vous fantasmé avec son ami algérois le philosophe Jacques Derrida .
L’éditeur Sofiane Hadjaj adore cette d’histoire: «C’est un jardin botanique conçu dans l’optique de la colonisation d’une terre et qui devient un jardin d’Eden qui sert de rendez-vous aux amoureux de la capitale». «De toutes les mains des conquérants multiples qui ont façonné ses murs, Alger n’aura gardé finalement que celles de ses bâtisseurs français» résume Amina Menia, plasticienne . Il y a bien sûr la Casbah, la citadelle historique, et autres vestiges ottomans qui résistent encore un peu. Mais l’architecture française demeure, 52 ans après l’indépendance, son image dominante. Du Jardin d’Essai au Monument aux Martyrs en téléphérique, et en compagnie de l’architecte Halim Faïdi qui raconte l’histoire de la ville à travers celles de ses bâtisseurs utopiques...
Alger, loin des clichés, quelques instantanés où passé et présent se confondent encore: le photographe Raymond Depardon a découvert la ville blanche d’Albert Camus à l’époque où elle était encore française et en guerre, il y retourne souvent maintenant que l’Algérie est indépendante. On peut décider de quitter définitivement Alger, la ville elle, ne vous quitte pas… Alger, allers-retours . Les fantômes du passé dansent dans la ville déserte dès que le soleil se couche. Mais au petit matin, quand les muezzins appellent à la première prière, Alger la belle décatie se réveille dans le «chaos urbain de son présent», pour reprendre **Merzak Allouache, le cinéaste algérois ** qui filme sa ville natale depuis 40 ans, avec amour et rage, comme un inconsolable amoureux trompé. « Salope de ville, je t’aime! Chienne de ville, Khamdja! Tu es belle, tu me donnes envie de pleurer, je ne pleurerai pas, un fantôme ne pleure pas» répond en écho l’écrivain Samir Toumi dans son récit intimiste Alger, le cri .
Alger étouffe. Les embouteillages y sont infernaux. Les plans de circulations s’avèrent caducs. Même ses cimetières sont bondés. Les vieilles bâtissent s’écroulent à vue d’œil. «Quand je me balade dans Belcourt, je tombe à chaque fois sur des béances laissées par des immeubles effondrés. Chaque fois que la terre éternue, on se tient le ventre. Qu’est-ce qui va pousser à la place de ces bâtisses mortes ?» se demande Amina Ménia. Malgré tout, même décatie, la ville garde intacte sa beauté majestueuse et mélancolique. Comme dans une bonne chanson chaâbi , le style musical algérois d’Abdelamajid Meskoud . Entre deux plongeons dans la baie d’Alger , le chanteur nous donne quelques pistes pour mieux saisir les goûts et les splendeurs de sa ville...
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](http://www.ambafrance-dz.org/)
Et pour prolonger la réflexion sur France Culture et franceculture.fr :
L'Algérie à l'heure de la présidentielle ** Samedi 12 avril, 12h45-13h30 AFFAIRES ÉTRANGÈRES de Christine Ockrent: Algérie, une élection présidentielle pour la forme
**Jeudi 17 avril, 17h-17h55 SUR LES DOCKS: Algérie, rire sur ordonnance (un documentaire de Yassine Bouzar - réalisation : Rafik Zénine)
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