Premier épisode d'un portrait du réalisateur Woody Allen composé d'archives radiophoniques et de témoignages.
Cinquante ans qu'il tourne, à raison d'un film par an. Woody Allen, plus qu'une longue filmographie, c'est une présence familière. L'enfant bégayant de Freud et des Marx Brothers, ou plus simplement le fils des Königsberg, juifs d'Europe de l'Est venus chercher la terre promise en Amérique. De ses handicaps, il a fait des blagues. De ses rêves, des décors. De ses obsessions, un miroir des temps modernes. Alors on croit le connaître. Mais Woody n'est pas forcément Allen. Il a fait du cinéma, un écran entre lui et la réalité. C'est sa protection, son pouvoir. Nous avons tenté de reconstituer un processus artistique et personnel hors du commun, en partant à la rencontre de ceux qui travaillent avec lui, chef déco, gens de Manhattan, critiques de cinéma... et en remontant le temps jusqu'aux sixties de ses débuts.
Judith Perrignon a présenté l'été dernier la Grande Traversée Sinatra, The Voice of America sur France Culture. Elle a longtemps travaillé pour Libération avant de devenir journaliste indépendante. Elle collabore au magazine M et à la revue XXI. Elle est également romancière, son dernier roman s'intitule Et tu n'es pas revenu, avec Marceline Loridan-Ivens (Grasset, 2015). C'est à dix sept ans, qu'Allan Konigsberg invente Woody Allen, son double. Il n'est encore qu'un lycéen complexé de Brooklyn, le fils aîné, dur et mélancolique d'une modeste famille juive. Depuis toujours, il cherche un moyen de fuir le réel, par la magie, le train jusque Manhattan, le cinéma ou la musique. Ces premières années sont le réservoir de ses obsessions et de ses futurs films, le fondement d'une petite entreprise de dédoublement, de recolorisation de la vie. Elles confirment qu'au départ d'un comique, il y a d'abord un tragique. Avec Letty Aronson, Richard Brody, Jean Douchet et Georges Baxter
Avec Letty Aronson, Richard Brody, Jean Douchet et Georges Baxter
L'ethnicité n'avait pas d'importance, il fallait se fondre dans ce nouveau monde américain. Ça n'empêchait pas que beaucoup d'Italiens finissaient dans la chanson et que les Juifs faisaient de bons comiques. Mais l'artiste devait fédérer, oublier le folklore et le rire de ses parents, faire rire, chanter ou pleurer ensemble des Irlandais, des Italiens, des Allemands, des Russes, des Polonais, des Français. L'histoire du comique américain est celle d'une intégration et donc d'une séduction. Judith Perrignon
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