Quand Bennett Miller explique, David Cronenberg ricane, et Pascale Ferran décolle

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Quand Bennett Miller explique, David Cronenberg ricane, et Pascale Ferran décolle

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Après le western à rebours de Tommy Lee Jones, présenté hier, la compétition est à nouveau américaine aujourd'hui, avec deux portraits féroces d'un pays corrompu par l'argent, la vanité et la soif de pouvoir de ses puissants. Bennett Miller, le réalisateur de Truman Capote , s'est inspiré comme l'écrivain d'un fait divers pour Foxcatcher . En 1996, le milliardaire excentrique John du Pont assassinait dans sa propriété le lutteur et médaillé olympique Dave Schultz. Comment en est-on arrivé là ? C'est ce que, très laborieusement, et avec force psychologisme, nous raconte le film, avec des acteurs de poids, Channing Tatum et Mark Ruffalo, et le comique à contre-emploi Steve Carell, qu'il faut reconnaître derrière leurs prothèses en latex. On appelle ça des rôles à Oscars, on n'est pas obligé d'aimer...

Comme pour y répondre, le nouveau Cronenberg, grand habitué de Cannes, Maps To The Stars , est une comédie satirique féroce et cruelle sur le Hollywood d'aujourd'hui, incestueux, littéralement et métaphoriquement, monstrueux, et d'un cynisme mortifère. Un véritable jeu de massacre, littéralement là encore, qui reprend certaines obsessions cronenberguiennes comme le corps mutilé ou la confusion entre réel et virtuel. On rit beaucoup, ça c'est nouveau chez lui, mais on regrette quand même qu'en n'allant pas au-delà de la charge presque farcesque, Cronenberg échoue à hisser son film au niveau mythologique d'un Mulholland Drive.

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Là pour le coup, c'est un film qui décolle et fait s'envoler ! Pascale Ferran n'avait rien tourné depuis Lady Chatterley en 2006, on attendait donc avec quelque impatience son nouveau film, que certains voyaient même en compétition. Il n'en est rien mais peu importe, Bird People est un moment de poésie intense et d'audace folle. Il faudrait ne rien en dire, tant ce qui s'y passe surprend, seulement que ça nous parle d'aujourd'hui, des nouveaux moyens de communication, d'envol et de beauté. Courrez-y, le film sortira le 4 juin. A Cannes, il est dans la section Un Certain Regard. On y a vu hier un western argentin métaphysique, Jauja , de Lisandro Alonso, on y voit ce soir une comédie grecque à la Almodovar sur la montée du fascisme, Xenia , de Panos Koutras. A Cannes, ces jours-ci, c'est là que ça se passe !