Quand Michel Winock dénonçait la reconnaissance du génocide arménien par la France

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Quand Michel Winock dénonçait la reconnaissance du génocide arménien par la France

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Exécution publique de quatre Arméniens en 1915.
Exécution publique de quatre Arméniens en 1915.
© Sipa - Mary Evans

2001. La Turquie a rappelé son ambassadeur de Berlin après la reconnaissance du génocide arménien au Bundestag, ce jeudi. Retour sur les questions charriées par la loi mémorielle de 2001 en France avec Michel Winock qui s'y opposait, hostile à toute "histoire officielle fut-elle pavée de bons sentiments".

A la quasi unanimité, les députés allemands ont adopté à main levée la résolution portant sur la "commémoration du génocide des Arméniens et autres minorités chrétiennes dans les années 1915 et 1916", jeudi 2 juin.

La France avait précédé l'Allemagne dès 2001 en reconnaissant à son tour le génocide arménien. Ce n'était  pas le premier pays à le faire, loin s'en faut : l'Uruguay avait ouvert le bal dès avril 1965. En revanche, la France reste un des rares Etats à avoir inséré cette reconnaissance mémorielle dans un texte de loi, plutôt, comme la plupart des autres pays, dans une simple résolution. Outre la France, l'Argentine et, de nouveau, l'Uruguay ont fait de même. A quoi il convient d'ajouter Chypre, qui, par un texte de loi en 2015, criminalisait la négation du génocide arménien par les Turcs et instaurait une journée nationale d'hommage aux victimes du massacre le 24 avril.

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La loi doit-elle arbitrer l'histoire? Au lendemain de la reconnaissance du génocide perpétré contre les Arméniens en 1915 et 1923, l'historien Michel Winock, sur France Culture, mettait en garde contre ce qu'il regardait comme le danger d'une "vérité historique mise aux voix" :

Un parlement français est-il bien l'instance qui énonce la vérité historique ? Que dirions-nous alors si un parlement étranger votait une résolution condamnant la France à propos de la guerre d'Algérie?

En replongeant dans cette archive, vous y redécouvrirez aussi au passage la crispation des relations entre Paris et Ankara suite à ce vote. Sans oublier cette analogie frappante : de même qu'Angela Merkel, mutique cette semaine dans le débat en Allemagne, Winock soulignait il y a quinze ans combien Jacques Chirac, comme Lionel Jospin, respectivement Président de la République et Premier ministre, s'étaient bien gardés de "donner leur avis publiquement" dans le débat... "comme si la chose leur échappait" :

Michel Winock sur le génocide arménien en 2001

4 min