Si les cabines téléphoniques sont vouées à disparaître du paysage français d'ici à la fin de l'année 2018, celles-ci perdurent dans d'autres pays, sous des formes différentes et avec des objectifs variables.
En abrogeant l’obligation de service universel de publiphonie, la loi Macron de 2015 a sonné le glas de la cabine téléphonique. D’ici à la fin 2018, Orange va achever le démantèlement des quelque 3 000 cabines qui subsistent dans le paysage français. Seules 350 seront conservées dans les zones blanches, en attendant que le réseau mobile vienne prendre le relais. L’épilogue d’un déclin inéluctable : en 1997, avant que le téléphone portable ne vienne complètement bouleverser le secteur des télécommunications, la France comptait sur son territoire 300 000 cabines téléphoniques, soit 4 cabines pour 1 000 habitants, le maillage le plus dense d’Europe. Si le développement du téléphone portable est un phénomène planétaire, la situation des cabines téléphoniques varie d'un pays à l'autre. En voici quatre exemples : en Europe, en Amérique, en Asie et en Afrique.
En Grande-Bretagne
La célèbre "red telephone box" est aujourd'hui davantage un décor photo pour touristes qu’un moyen de communication. Créée par l’architecte Sir Giles Gilbert Scott - qui s’était inspiré des tombes entourant St Pancras Old Church - , la cabine téléphonique rouge a progressivement envahi les rues de Londres à la fin des années 1930 avant d’être installée dans tout le Royaume-Uni, jusqu’à Malte, les Bermudes, Gibraltar, ou au centre de Buenos Aires, au point de devenir le symbole de la présence britannique dans le monde. Mais l’emblème est devenu trop coûteux et son utilité a été remise en question par l’essor des réseaux mobiles (98% du territoire est couvert par la 3G ou la 4G).
L’opérateur British Telecom a ainsi annoncé en août 2017 la suppression de la moitié des téléphones publics dans les cinq années à venir. Il devrait n’en rester plus que 20 000 en 2022. Pourtant, à cette heure, leur disparition totale n’est pas à l’ordre du jour, insiste British Telecom. Un téléphone public ne pourra être désinstallé que s’il en existe un autre dans un rayon de 400 mètres. Plutôt que de voir disparaître ce qu’elles considéraient comme une partie intégrante de la vie sociale et du paysage local, certaines municipalités ont préféré racheter des cabines rouges pour la somme symbolique de 1 livre, quand celles-ci n’ont pas été transformées en galeries d’exposition, épicerie ou bibliothèque.
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Aux États-Unis
Le même déclin s’observe aux États-Unis, premier pays à avoir installé des téléphones publics, dès 1880, dans le Connecticut. On notera toutefois que si leur usage est public, leur gestion est privée, sous le monopole d’AT&T jusqu’en 1984. Au début du XXe siècle, les États-Unis comptent 81 000 téléphones publics. Le pic est atteint en 1995, avec 2,6 millions de téléphones à pièces sur l’ensemble du territoire. Depuis, leur nombre n’a cessé de chuter. En 2012, seuls 230 000 sont encore en service. AT&T se retire en 2007 d’un marché jugé trop peu rentable, et Verizon lui emboîte le pas quatre ans plus tard.
Une déchéance qui s’explique aussi par la mauvaise réputation de ces cabines téléphoniques. En raison de l’anonymat qu’elle permet, dans l'imaginaire américain, la cabine téléphonique est souvent associée à la criminalité. Au cours des années 1990, certaines villes prirent des arrêtés afin de limiter l’accès voire bannir totalement les téléphones publics, jusqu’alors présents à chaque coin de rue.
D’autres restent néanmoins attachées à l’idée de conserver un service téléphonique au sein de l’espace public. À New York, en 2016, 7 500 téléphones publics ont ainsi été transformés en bornes permettant de passer des appels, de se connecter à Internet, et de recharger son portable. Des questions ont néanmoins été soulevées concernant la protection des données des utilisateurs.
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Au Japon
Un siècle après l’installation des premiers téléphones publics dans les gares de Shimbashi et Ueno à Tokyo, le Japon comprend encore aujourd’hui 161 000 téléphones publics (il y en avait 935 000 en 1984). Verts pour les appels nationaux, gris pour l’international, ils sont disséminés dans les gares, arrêts de bus, magasins de proximité de l’archipel.
Peu utilisés au pays du tout-numérique, coûteux pour l’opérateur, ils répondent néanmoins à l’obligation faite au gouvernement de maintenir un outil de communication sécurisé pour tous et s’avèrent précieux en cas de tremblements de terre. Lors du séisme et du tsunami de mars 2011, force a été de constater que le réseau mobile s’est très rapidement retrouvé saturé. Les téléphones publics avaient alors pu être utilisés gratuitement par les sinistrés.
On compte en outre 61 800 téléphones spéciaux qui ne peuvent être utilisés qu’en cas de catastrophes. Ils sont installés dans des lieux publics identifiés comme des centres d’évacuation potentiels.
En Côte d'Ivoire
Avec l’arrivée du téléphone portable, les cabines téléphoniques ivoiriennes ont laissé place dans les années 1990 à ce que les Ivoiriens appellent des cabines cellulaires. Pas de téléphone fixe : simplement la vente de crédits. On les trouve en bord de route, jusque dans les villages les plus reculés. La minute de communication y est vendue entre 25 et 50 francs CFA (4 à 8 centimes d'euros).
Une activité informelle qui emploie, selon les estimations, environ une centaine de milliers de personnes, souvent de jeunes diplômés ne parvenant pas à trouver de travail. Pour s'assurer un complément de revenu, certains de ces "cabiniers" vendent également des journaux ou réparent des téléphones portables. Un secteur d'activité à part entière, qui s'est d'ailleurs mis en grève à l'été 2017, à l'appel de l'Association des gérants de cabines téléphoniques, réclamant à l'opérateur Orange Côte d'Ivoire une augmentation du pourcentage touché sur chaque transaction.
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