Radio France : les raisons de la grève

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Radio France : les raisons de la grève

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Assemblée générale lors de la grève des personnels du 18 juin 2019 contre le plan de la direction de Radio France.
Assemblée générale lors de la grève des personnels du 18 juin 2019 contre le plan de la direction de Radio France.
© Radio France - Nathanael Charbonnier

Repères. Ce 21 janvier marque le 50e jour de grève à Radio France, avant tout à l'appel de la CGT. En cause : un plan de départs volontaires et 60 millions d'euros d'économies. Revue des mesures de la direction et de l'État, et des revendications syndicales. Alors que les audiences sont souvent au plus haut.

Depuis le 25 novembre 2019, Radio France vit une situation sociale inédite, avec un mouvement reconduit en continu par la CGT, excepté pendant les fêtes de fin d'année. Les syndicats sont particulièrement mobilisés contre le plan de départs volontaires de la direction touchant environ 7% des effectifs de l'entreprise et contre les 60 millions d'euros d'économies demandées. Mais pas seulement.

Après une journée de grève particulièrement suivie le 18 juin dernier (après une première mouture du plan de la direction), les organisations représentatives sont parties toutefois en ordre dispersé quant à leur stratégie et font face à un ministre de la Culture de tutelle qui ne les a toujours pas reçus. 

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Le point au 50e jour de grève par Maxime Tellier, dans le journal de 18h d'Aurélie Kieffer

2 min

Tour d'horizon de leurs revendications et des mesures annoncées par la direction et l'État. Un nouveau bras de fer renforcé par d'excellents résultats d'audience révélés en novembre et confirmés en janvier et avec en toile de fond l'avenir dessiné par la tutelle de l'audiovisuel public via une nouvelle loi et la holding "France Médias".

Tracts au plafond d'un des couloirs de la Maison de la Radio, le 22 novembre 2019
Tracts au plafond d'un des couloirs de la Maison de la Radio, le 22 novembre 2019
© Radio France - Eric Chaverou
Le Temps du débat
39 min

299 postes supprimés d'ici 2022, dont 236 ouverts à un plan de départs volontaires

"Les audiences montent, le moral baisse", lance un des très nombreux tracts qui tapissent les couloirs de la maison Ronde. La maison gronde face à un plan de départs volontaires inédit à Radio France depuis sa création en 1975. Avec, d'ici 2022, 299 postes supprimés et la création en parallèle de 76 postes : 50 pour le numérique et 26 pour les besoins de la réorganisation. Sur un total de 4 403 CDI au 30 septembre.

La PDG de l'entreprise, Sibyle Veil, a détaillé son projet Radio France 2022 en comité social et économique central (CSEC) le 14 novembre dernier, avec ainsi 236 départs volontaires d'ici trois ans. La direction de l'établissement - comprenant les fonctions d'accueil, de courrier ou d'entretien - est particulièrement touchée, amputée de 50 postes. Le Choeur de Radio France devra se passer de 30 choristes sur 90. La documentation perd 28 postes, l’informatique 26 postes et les techniciens supérieurs du son presque autant. Les journalistes n'y coupent pas, avec 17 postes dont les 4 de Fip qui perd ses journaux (avec également la fermeture annoncée de ses antennes locales à Strasbourg, Bordeaux et Nantes) et les 4 postes des bureaux régionaux de Toulouse et Marseille amenés à disparaître. 

Selon l'intersyndicale, la motivation économique d'un tel plan demeure injustifiée. La CGT d'affirmer que ces suppressions de postes auraient aussi pour conséquences, dès 2020, "l'augmentation du recours à des précaires sans possibilité d'embauche par la suite" ou "la mise en difficulté de l'encadrement, avec un risque de transfert de la pression sur les salariés".

Différentes tribunes et pétitions ont été lancées au fil du mouvement. Pour le Choeur de Radio France, par des collaborateurs de l'entreprise ou des journalistes.

Message sur un des murs de la Maison de la radio qui fait notamment allusion à la situation du Choeur de Radio France
Message sur un des murs de la Maison de la radio qui fait notamment allusion à la situation du Choeur de Radio France
© Radio France - Eric Chaverou
Soft Power
1h 27

60 millions d'euros d'économies d'ici 2022

La PDG de Radio France avance une règle de trois : 20 millions d'euros à la demande de l'Etat, 20 millions d'euros en prévision d'une augmentation des charges de la société et 20 millions d'investissement en faveur du numérique. La première part venant d'une baisse annoncée de la part de la redevance audiovisuelle attribuée aux radios publiques. 

Parmi les clés avancées dans le projet Radio France 2022, cinq millions d'euros d'économies pourraient venir des "coûts de diffusion" et le double du "redéploiement des moyens."

Les syndicats rappellent que pour atteindre de telles économies, les congés, le compte épargne-temps et l'organisation du travail devraient aussi être rapidement touchés. Même si le texte actuel de la direction n'en parle plus. Ils y voient une "deuxième lame", et de façon globale du "toujours plus avec toujours moins" pour "une nouvelle casse du service public". Un "tour de vis au-delà de la volonté assumée de l'Etat de réduire sa contribution à l'audiovisuel public".

Tracts syndicaux sur des ascenseurs de "la maison ronde", vendredi 22 novembre 2019.
Tracts syndicaux sur des ascenseurs de "la maison ronde", vendredi 22 novembre 2019.
© Radio France - Eric Chaverou

Préparer l'avenir, selon Sibyle Veil et Franck Riester

La PDG de Radio France a écrit, parlé et répondu aux employés. Observant en revanche avant le début du conflit un silence médiatique. Dans un mail adressé en interne, elle disait préparer l'avenir pour "que Radio France continue de conquérir pour être toujours demain la référence de service public – ce que nous sommes aujourd’hui –, dans un contexte financier qui, vous le savez, est très contraint.

Le 8 janvier, la cérémonie de ses vœux ne peut avoir lieu, perturbée par des grévistes. La dirigeante est interrompue par des membres du Chœur qui entonnent le "chœur des esclaves" de Verdi dans "Nabucco" ("Oh ma patrie si belle et perdue !").

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Fin juin dernier, sur France Inter, le ministre de la Culture Franck Riester a appuyé cette démarche en déclarant notamment que "C_'est quand ça va bien qu'il faut se transformer_", "c'est un effort, que je ne sous-estime pas, mais qui est tout à fait acceptable, possible pour l'audiovisuel public et pour Radio France en particulier. Ce sera un plan de départs volontaires, je fais toute confiance en Sibyle Veil et son équipe (...)".

Sans recevoir les syndicats, il a toujours depuis assuré la PDG de son soutien et répété que "l'effort demandé à Radio France est soutenable".

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Sibyle Veil, qui fut recrutée au sortir de la grève historique de 2015 par Mathieu Gallet, souligne que personne ne sera obligé de quitter l’entreprise s’il ne le souhaite pas. Avec des départs "progressifs" et "des mesures d’accompagnement en vue d’un départ à la retraite ou d’un nouveau projet professionnel".

La dirigeante insiste également sur un périmètre préservé, "nos 7 chaînes de radio et nos 4 formations musicales", quand il avait été question en 2015 de la disparition de l'un des deux orchestres maison.

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Des records d'audience

Hasard du calendrier, des résultats d'audience, souvent records, ont été révélés la semaine précédent le début de la grève, salués par la présidence de l'entreprise. Avant même d'être confirmés en janvier, ils renforçaient les interrogations de quantité de salariés désormais informés du détail par service des postes visés. "Pourquoi un tel plan si les résultats sont déjà aussi bons ?", se demandent-ils avec les syndicats. 

France Inter confortait alors par exemple sa place, historique, de première radio de France. Et France Culture atteignait à nouveau une écoute sans précédent. France Culture qui a ensuite passé mi-janvier pour la première fois le cap de 3% d’audience cumulée. Avec, malgré la grève, 1 625 000 d'auditeurs quotidiens (+ 249 000 en un an). Quand bien même le média radio perd toujours plus d'auditeurs dans le pays.

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Des résultats salués en novembre par la présidente de l'entreprise qui a remercié les équipes : "L'engagement et le cœur que vous mettez à faire la radio se voient !"

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Avant en janvier de remercier les auditeurs, "qui ont témoigné leur profond attachement à leurs radios de service public, y compris dans cette période inhabituelle sur nos antennes".

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