Raymonde Moulin : "L'art contemporain est un art dans l'antichambre de l'histoire, c'est un art du présent"

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Raymonde Moulin : "L'art contemporain est un art dans l'antichambre de l'histoire, c'est un art du présent"

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Vente aux enchères d'un tableau de David à Drouot en 1995
Vente aux enchères d'un tableau de David à Drouot en 1995
© Getty - Philippe Caron

Disparition. Spécialiste du monde de l'art et du fonctionnement de son marché, la sociologue Raymonde Moulin est morte à l'âge de 95 ans ce vendredi 9 août.

Dès la publication de sa thèse, "Le Marché de la peinture en France", qu'elle soutient en 1965, Raymonde Moulin était devenue une référence dans le monde de l'art. 

Raymonde Moulin
Raymonde Moulin
- Ppoupée / Minuit

C'est sous l'égide de Raymond Aron qu'elle commence à se pencher sur la question du marché de l'art, à une époque où le sujet était encore peu abordé. Née à Moulins le 19 février 1924, elle avait commencé à s'intéresser à l'art dès ses études d'histoire, dont elle passe l'agrégation en 1949. Elle devient une éminente spécialiste de l'histoire de l'art contemporain, en fondant notamment en 1983 le Centre de sociologie du travail et des arts, avant de devenir, dès 1985 et jusqu'en 1992, directrice d'études à l'Ecole des hautes études en science sociale (EHESS).

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Son troisième ouvrage, De la valeur de l'art (Flammarion, 1995), qui proposait une nouvelle théorie socio-économique de la valeur de l’art, fera figure de référence. Invitée des "Chemins de la connaissance" en novembre 2003, la sociologue, morte ce vendredi 9 août à l'âge de 95 ans, était revenue sur l'art contemporain et son marché, depuis le début des années 60 jusqu'à l'évolution récente du marché de l'art. Une archive que nous vous proposons de réécouter : 

Le Marché mis à nu (Les Chemins de la connaissance, 17/11/2003)

23 min

Pour l'essentiel, l'art qu'on appelait à ce moment-là l'art de mouvement ou l'art vivant, qui était souvent l'art abstrait [...], cet art-là dépendait essentiellement du marché parce qu'il n'était pas compris, ni acheté par les institutions. Donc cet aspect "drôle" de l'argent dans le domaine de l'art m'a intéressé dès le départ. Non pas en tant que disons l'argent pour l'argent mais parce que c'était le moyen d'existence des artistes et le système d'organisation de la vie artistique qui était à ce moment-là le marché. Tandis que 25 ans après, pour cet art-là, qui s'appelle maintenant l'art contemporain [...], il y avait le soutien conjugué des institutions et du marché.

[L'art contemporain] est un art dans l'antichambre de l'histoire, c'est un art du présent. C'est pourquoi il est extrêmement intéressant, parce qu'avec l'art du passé on n'a pas de contact avec les artistes. On est dans l'effervescence de la création artistique. C'est un art où l'incertitude est majeure.