René Girard : "Nous sommes la seule société qui reconnaisse des droits aux victimes en tant que victimes"

 Un an après les attentats de Charlie Hebdo et de l'hypercasher, Juliette Méadel est devenu secrétaire d'Etat à l'aide aux victimes en février 2016 à l'occasion du remaniement ministériel orchestré par François Hollande et Manuel Valls. Un maroquin pour les victimes, alors que la dernière série d'attaques à Paris et Saint-Denis, le 13 novembre 2015, a fait plus de morts qu'aucun attentat en France depuis la Seconde guerre mondiale ? Un symbole de taille, mais aussi l'occasion de s'interroger sur la terminologie comme sur la place des victimes dans le débat public. 

Un tel secrétariat d'Etat avait en effet déjà existé, du temps de Jacques Chirac à l'Elysée, mais avait disparu du paysage institutionnel depuis dix ans. C'est Nicole Guedj qui l'avait brièvement occupé, de mars 2004 à mai 2005. Quelques années plus tôt, France Culture consacrait une série "A voix nue" à l'anthropologue René Girard, qui disait notamment ceci lorsque la productrice, Christine Goémé, l'interrogeait sur le risque du "moralement correct" à voir "les gens se regrouper sur des identités victimaires très violentes" :

Nous sommes la seule société qui reconnaisse des droits aux victimes en tant que victimes et ce dans l'absolu. Nous nous occupons non seulement de nos victimes à nous mais nous nous occupons aussi des victimes des autres.

Ecoutez René Girard qui pointe la spécificité de notre système religieux judéo-chrétien :

Au coeur de la pensée girardienne de la victime et de la violence plus largement, on trouve cette figure du bouc-émissaire, à laquelle fait ici référence Gérard. Dans cette même émission début 2001, le philosophe revenait sur l'origine du mot, en privilégiant "sa signification vulgaire" :

Pour écouter l'ensemble de cette émission "A voix nue" consacrée à René Girard le 23 janvier 2001 sur France Culture :

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