Roselyne Bachelot : "Les festivals pourront avoir lieu avec 5 000 personnes assises maximum"
Par Maxime Tellier, Lisa GuyenneEntretien. Les festivals du printemps et de l'été pourront avoir lieu mais en configuration assise et avec une limite de 5 000 spectateurs, a annoncé la ministre de la Culture ce jeudi à l'issue d'une réunion avec les organisateurs. Roselyne Bachelot a détaillé ses annonces sur France Culture.
Roselyne Bachelot invitée du journal de 22 heures de France Culture
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Les organisateurs demandaient un horizon pour le printemps et l'été, et la ministre de la Culture leur a répondu : Roselyne Bachelot a décidé d'autoriser la tenue des festivals en plein air mais avec un cadre strict. Jauge maximale de spectateurs et concerts assis : le ministère assure qu'il continuera d'accompagner les concerts en plein air, quoi qu'il arrive.
La ministre est revenue sur ces annonces sur France Culture.
Vous avez rencontré cet après-midi les organisateurs de festivals lors d'une visioconférence. Vous avez annoncé un cadre et également une enveloppe financière : la jauge est fixée à 5 000 personnes maximum, assises uniquement...
Nous travaillons depuis pratiquement un mois avec les organisateurs de festivals debout : ceux qui sont sans doute les plus impactés par la crise sanitaire et qui sont évidemment soumis à un certain nombre de contraintes. Nous poursuivons également, bien sûr, le travail avec les organisateurs de festivals assis. Ces organisateurs nous ont demandé d'avoir un cadre, et ce cadre a été fixé à une jauge maximum de 5 000 personnes, en dessous de laquelle il était difficile d'assurer la viabilité économique de ces festivals. Ce cadre imposait aussi une jauge assise qui permettait d'assurer la sécurité sanitaire des spectateurs. Bien entendu, il y aura deux scénarios possibles : soit des festivals qui nous disent que leur ADN, c'est d'avoir des spectateurs debout, plusieurs dizaines de milliers...
Oui, on pense aux grands festivals : les Eurockéennes, les Vieilles Charrues, le Hellfest...
Ces festivals peuvent juger qu'ils ne peuvent pas s'adapter et qu'ils préfèrent annuler. Et nous les aiderons dans la perte des charges d'exploitation qu'ils auront ainsi enregistrée. Et puis, il y a des festivals qui peuvent s'adapter, et pas seulement les petits ! Les Vieilles Charrues, par exemple, ont estimé qu'ils pouvaient respecter ces jauges et les contraintes d'une manifestation assise. Mais ils auront des frais d'adaptation : d'installation de gradins, d'une siègerie adaptée, d'une perte de billetterie qui peut être enregistrée du fait de la réduction du nombre de spectateurs. Et là aussi, nous les aiderons, que ce soit pour des frais d'adaptation dans la perte de billetterie.
Vous les aiderez à quelle hauteur ?
Nous avons dégagé un premier fonds de 30 millions d'euros et un autre de 15 millions d'euros pour faire des captations. Le montant de 30 millions d'euros correspond à la première salve des aides et bien entendu, nous adapterons tout cela. Il y a besoin d'avoir une étude fine : certains vont-ils annuler, ou pas ? Quels seront les frais entraînés par tout cela ? Le travail continue avec toute une série de réunions qui vont nous amener jusqu'à l'été. Mais d'ores et déjà, cette enveloppe est sacralisée.
30 millions d'euros à partager entre tous les festivals français ?
Pour les festivals debout, oui, bien sûr, mais c'est une première salve de frais. Vous savez, nous avons interrogé 200 festivals avec lesquels nous avons travaillé : 83% veulent s'adapter. Ils ont émis une volonté très forte parce qu'ils savent très bien qu'ils irriguent nos territoires sur le plan économique.
Deux scénarios sont possibles : si la pandémie régresse, nous pourrons desserrer la contrainte, augmenter la jauge possible, revenir à des gens debout... J'ai bon espoir que nous puissions desserrer ces contraintes. Mais si la situation sanitaire se dégradait et qu'il fallait annuler ces festivals qui ont engagé des frais d'adaptation, nous compenserions bien entendu par ce fonds assurantiel les frais engagés.
Donc, vous avez annoncé des enveloppes, vous avez annoncé un cadre, mais y a-t-il une date ? Sait-on quand le premier festival pourra se tenir ?
En général, le premier festival debout, c'est le Printemps de Bourges. Dans les circonstances actuelles, et je sais, pour en avoir discuté avec le maire de Bourges à l'instant : le Printemps de Bourges a déjà engagé une démarche d'adaptation. Il est très intéressant de voir que le Printemps de Bourges annonce qu'il peut s'adapter à cette jauge restreinte. D'ailleurs, le Printemps de Bourges a déjà été reculé au mois de mai (du 4 au 9 mai), alors que d'habitude, il a lieu aux alentours de Pâques. On voit donc qu'une grande manifestation comme le Printemps de Bourges est prête à s'adapter.
On a parlé des festivals, mais aujourd'hui, c'est le monde entier de la culture qui se pose des questions. Est-ce que les musées vont rouvrir ? Est-ce que les théâtres, les cinémas vont rouvrir ?
Je ne vais pas répondre à cette question aujourd'hui. La réunion de travail de cet après-midi portait sur les festivals debout. Au moment où j'aurai des annonces à faire, je les ferai de façon construite. Nous travaillons : nous avons eu une réunion de travail approfondie avec les musées, les monuments et les centres d'art et bien entendu, nous avançons aussi sur tous ces sujets.