#LaTransition. Comment choisir les bons livres sur la transition écologique avant le confinement ? Pas au pifomètre...mais presque !
J’ai quitté deux fois la radio le week-end dernier, samedi matin puis à nouveau dimanche soir, emportant avec moi quelques livres de ma bibliothèque, afin de continuer à alimenter cette chronique le temps qu’il faudra. Un peu comme cette dame aperçue dans un JT de la télé, sortant d’un magasin avec un chariot plein à craquer et expliquant au journaliste qu’elle avait pris ce qui lui tombait sous la main, j’ai moi aussi procédé à une sélection en partie à l’aveugle.
J’avais pourtant fantasmé (et préparé) ce moment-là, celui où vous devez quitter la ville pour une île déserte en n’emportant qu’un seul ouvrage. Après des années de réflexion, mon choix s’était fixé sur une intégrale : celle des romans de Simenon. Oui, je sais, c’est de la triche, cela représente au bas mot dans les 200 livres, mais après tout, qui viendrait me le reprocher, lorsque je serais seul, sur mon île ?
Il n’est pas si facile de faire un choix quand celui-ci s’impose, et quand on dispose (quelle chance !) de toute une collection d’ouvrages consacrés à la transition écologique. Sans compter ceux rangés dans un coin, qui n’y sont pas directement liés mais dont la lecture peut aider à la compréhension du sujet. Mon sac à bandoulière ayant une capacité limitée, il a fallu trancher dans le vif : j’ai opté pour la méthode sondagière, celle de l’échantillon aléatoire.
Aléatoire…ou presque : celui-là, ‘’L’Atlas de l’anthropocène’’ (aux Presses de Sciences Po), je sais précisément pourquoi je l’ai pris : il résume tous les autres. Ses auteurs, François Gemenne et Aleksandar Rankovic, et les cartographes qui ont travaillé sur le livre, ont réalisé un travail remarquable de vulgarisation, un concentré de connaissances sur les phénomènes climatiques, la biodiversité, les pollutions en cours et la longue histoire de la Terre : indispensable.
"L’entraide, je ne sais pas, la loi de la jungle, en revanche, ça me parle !"
Les autres livres ? Voyons voir…’’L’entraide, l’autre loi de la jungle’’ de Pablo Servigne et Gauthier Chapelle (Les Liens qui libèrent). Je l’ai pourtant déjà lu. Sans doute l’ai-je choisi inconsciemment comme un guide de survie, pour surmonter cette période de confinement en famille. L’entraide, je ne sais pas, la loi de la jungle, en revanche, ça me parle !
Quoi d’autre ? ‘’Manières d’être vivant’’ (Actes Sud) de Baptiste Morizot. Pas besoin d’avoir fait ses classes chez Jacques Lacan pour saisir le niveau inconscient de lecture d’un tel titre. C’est surtout un excellent livre, pas encore terminé. J’y pioche cet extrait, qui me plonge (c’est le cas de le dire, vous allez voir) dans un abîme de réflexion : ‘’l’eau salée qui coule dans nos veines n’est que la rémanence concrète de l’eau de mer des océans primordiaux…parmi nos ancêtres directs, le premier animal vivant dans la mer était une éponge’’.
De la terre à la mer, et de la mer à la lune : ‘’La lune, vérités et légendes’’ de Bernard Melguen (éditions Apogée). Quatrième de couverture : ‘’à vrai dire, la lune est lunatique’’. Ca a dû me suffire dimanche soir dans la précipitation pour l’emporter avec moi. Ou alors c’est son format, 70 pages. J’en profite au passage pour adresser ce message aux éditeurs : ne vous croyez pas obligés de ne publier que des pavés. Ce n’est pas seulement long à lire, c’est aussi lourd à porter. Merci !
J’ai entamé tout à l’heure la lecture de ‘’Ma maison au pied du volcan’’, de l’Islandais Gisli Palsson (Gaïa). Sa maison a été détruite par une éruption volcanique lorsqu’il était enfant. Qu’est-ce que ça fait du coup de vivre à côté du danger, presque en permanence ? Voilà qui s’annonce riche d’enseignements pour la période en cours.
Je lirai ensuite, soit ‘’L’économie expliquée aux humains’’ d’Emmanuel Delannoy (Wildproject), ‘’La vérité sur l’anthropocène’’ de Nathanaël Wallenhorst (Le Pommier), le dernier numéro de la revue Esprit sur ‘’L’économie contre l’écologie ?’’, et la ‘’Fin du monde par la science’’ d’Eugène Huzar (Hachette).
A moins que, pour sonder notre capacité à tenir bon malgré tout, je ne revienne d’abord à mon auteur fétiche. Qui mieux que lui a écrit sur cette autre forme de confinement qu’est la condition humaine ? Oui mais…par quel Simenon commencer ?
(Pendant une durée indéterminée, les Matins de France Culture sont suspendus, remplacés par la matinale de France Inter. Je vous donne rendez-vous chaque matin pour une chronique en version écrite. Il y sera question de confinement mais –promis- pas seulement ! A bientôt sur l'antenne pour La Transition)