En avril 2019, une sonde a emmené sur la Lune un millier de tardigrades, le seul animal connu résistant au vide spatial et au manque d'oxygène. Ce n'est pas la seule prouesse de cet être extraordinaire qui intéresse de près les chercheurs.
L’animal le plus résistant sur Terre est maintenant sur la Lune et y survit ; il s'agit du tardigrade. C’est un animal à 8 pattes d’environ 1 millimètre capable de résister à des environnements extrêmes.
Le tardigrade survit de -273°C, soit le zéro absolu, jusqu'à +340°C. Il est 11 000 fois plus résistant que l'homme aux rayons X et supporte des pressions 4 fois supérieures à ce qu'on trouve au plus profond de l'océan. Il survit aussi à la déshydratation, au manque d'oxygène, à des produits toxiques et à l'alcool absolu. Certains peuvent aussi se reproduire seuls si nécessaire. Il est présent de l’Himalaya au Sahara, des fonds marins à votre jardin. Et dorénavant sur la Lune.
Un millier de tardigrades expédiés sur la Lune
En avril 2019, l’organisation à but non lucratif Arch Mission Foundation a envoyé sur la Lune une Arche de Noé moderne au sein de la sonde israélienne Beresheet. Dans cette arche : la quasi-totalité de Wikipedia en anglais, mais aussi un millier de tardigrades, la seule espèce connue pour survivre au vide spatial. La sonde s’est écrasée sur la surface lunaire, mais selon le fondateur de l’organisation, il y a de grandes chances que les tardigrades aient survécu.
Le tardigrade est capable de survivre à ces conditions extrêmes en changeant son mode de fonctionnement, il a recours principalement à la cryptobiose. Dans cet état, il se recroqueville, se vide de toute son eau, la remplace par un sucre et réduit son processus métabolique jusqu’à 0,01 % de la normale. Quasi-mort, le tardigrade peut se réveiller uniquement en étant réhydraté jusqu’à des décennies plus tard. Son espérance de vie est de 1 à 3 ans selon les espèces de tardigrade et les périodes de cryptobiose n’entament pas sa durée de vie.
Les chercheurs s’intéressent de près à cet animal extraordinaire et notamment à la protéine D-sup. Celle-ci lui sert à protéger son ADN des radiations. Cette protéine pourrait être utile à l’homme lors de radiothérapies ou de sorties spatiales.
Un animal exceptionnel, mais pas immortel
Alain Coutié, professeur au Muséum national d'Histoire naturelle de Paris, explique comment les capacités extraordinaires du tardigrade ont été découvertes : «Dans l’herbier de Kew en Angleterre, un chercheur est venu pour étudier des mousses bryophyte qui étaient en herbier depuis 80 ans, a sorti un échantillon pour le réétudier au microscope, l’a hydraté, a mis de l’eau. Et dans la coupelle où il avait mis l’échantillon qu’il voulait étudier, il y a un tardigrade qui s’est mis à gigoter. Donc là, ce tardigrade pouvait pas avoir été amené par le vent, par un animal, etc. C’était un animal qui avait été piégé dans cette mousse et qui a été remis dans des conditions où il pouvait revivre.»
Le tardigrade n’est pourtant ni immortel ni indestructible. Il est même facilement tuable lorsqu’il n’est pas en état de cryptobiose, et sur les 1100 espèces recensées, elles ne sont pas toutes résistantes aux mêmes situations. Avant d’être envoyés sur la Lune, les tardigrades ont été placés en cryptobiose, puis enfermés dans de l’ambre artificiel. S’ils étaient récupérés sur la Lune puis réhydratés dans une atmosphère, un certain nombre seraient réanimés, sur la Terre ou une autre planète...