Infanticide, inceste, cannibalisme...D'où viennent nos tabous et comment ont-ils structuré nos façons de vivre ? Quels sont ceux qui perdurent ou qui naissent dans nos cultures contemporaines ?
Qu'est-ce qu'il en coûte de sa transgression ? Est-ce que le contemporain nous introduit dans un nouveau régime d'interdits ?
Le mot tabou a une histoire récente, il nous vient du terme polynésien "Tapu", et a été importé en 1778 en Europe par le navigateur James Cook qui revenait des îles Hawaï. Ce terme désigne pour les Polynésiens toute une série de prohibitions à caractère sacré : interdits alimentaires, interdits sexuels, notamment quand les individus sont liés par un certain degré de parenté. Mais c’est aussi un système d’interdits rituels qui conforte le pouvoir de la chefferie, et qui comme l’établira Claude Lévi-Strauss dans "La Pensée sauvage" déploie un système symbolique qui va à la fois distinguer et connecter l’homme aux forces de la nature. Notre usage du mot tabou vient de sa popularisation par Freud avec son essai "Totem et tabou" publié en 1913, dans lequel il décrit le tabou comme étant propre à toutes les sociétés traditionnelles. Ce système taboutique renvoie à l’interdiction de tuer le totem, le chef de la tribu, l'interdiction du parricide, et à l'interdiction d’avoir des relations sexuelles avec les femmes du totem, l'interdiction de l’inceste. Ces deux interdits seraient selon Freud au fondement de toute culture.
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Un débat enregistré en septembre 2014.
André Burguière, historien à l'Ecole des hautes études en sciences sociales
Isam Idris, psycho-anthropologue à l'université Paris XIII
Laurent De Sutter, philosophe à l'université Vrije de Bruxelles
Philippe Nassif, journaliste à Philosophie Magazine.