Trente ans après la chute de l’URSS : l’espace postsoviétique revisité

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Trente ans après la chute de l’URSS : l’espace postsoviétique revisité

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© Marjan Blan / Unsplash
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La Russie voit son espace géopolitique se recomposer depuis les différentes "révolutions de velours" de 2000. Actuellement elle se rapproche de l'Asie Centrale et de la Chine pour faire barrage à l'expansion stratégique des Etats-Unis. Peut-on parler de la fin de l'espace postsoviétique ?

La gestion globale de l'espace postsoviétique s'inscrit dans une tradition historique. Au XVIIe siècle, le pays conçoit sa vision géopolitique autour de trois axes : occidental (de la Baltique aux Carpates), méridional (du Danube aux montagnes Perses) et oriental (de la Volga à l'Altaï). Cette zone d'influence lui permet d'asseoir son hégémonie et de se constituer une réserve d'Etats partenaires et clients. Pour exercer son pouvoir dans l'espace postsoviétique, la Russie met en place une stratégie de coopération militaire et utilise ses réserves énergétiques et ses infrastructures de transports comme vecteurs d'influence. Son espace culturel constitue également un champ d'action via l'information diffusée dans les médias et l'enseignement de la langue russe à l'étranger.

Depuis 2000, l’espace soviétique s’est recomposé en trois parties. L’Ukraine, la Moldavie et la Géorgie se sont émancipées. L’Arménie et la Biélorussie sont restées des pays satellites. L’Azerbaïdjan et l’Asie Centrale sont partagées entre le monde russe et musulman. Les “révolutions de velours”, débutées en 2003 avec le renversement de Slobodan Milosevic, ont affaibli la domination des russes dans ces républiques. La “révolution des roses” en Géorgie et la “révolution orange” en Ukraine, ont mis au pouvoir des dirigeants pro occidentaux, opposés à la Russie comme Viktor Iouchtchenko. Il se distingue de son prédécesseur par sa volonté de faire entrer son pays dans l’Union Européenne et l’Otan. La Russie est contrainte d’adopter une stratégie interventionniste vis-à-vis de ces pays-là. Elle est intervenue dans les conflits du Haut-Karabakh en Azerbaïdjan, en Transnistrie mais également au Tadjikistan. 

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Aujourd'hui la Russie connaît une crise identitaire et son espace est remis en question. L’appréciation de l’influence russe au sein de l’espace post-soviétique est indissociable du trouble identitaire de la Russie actuelle. Sa position est à la fois néo-impériale et post-impériale. Elle souhaite renforcer son influence sur la mer Noire, en Asie Centrale et dans le Caucase. Disposant des revenus de la rente énergétique, elle fait preuve d’une nouvelle vigueur dans les différentes composantes de cet espace, à exercer une influence pour promouvoir ses intérêts nationaux.

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Une rencontre enregistrée en octobre 2021.

Tatiana Kastouéva-Jean, directrice du Centre Russie/NEI (Ifri)    

Julien Vercueil, vice-président de l'INALCO    

Christine Ockrent, journaliste.

Affaires étrangères
59 min