Le réseau social qui gazouille dit aimer la culture. Et son pdg est venu jusque sous les ors de la rue de Valois pour lancer la deuxième Museum Week. Une opération née en France et qui implique des musées du monde entier, mais dont Twitter n'a curieusement pas voulu nous parler !
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Twitter n'a curieusement pas voulu nous parler ! Peut-être parce que contrairement à ce qu'affirme Fleur Pellerin l'idée vient du réseau social, particulièrement réservé sur ses motivations.

Plus de deux semaines avant le début de la Museum Week, l'image est la meilleure des promotions : Dick Costolo, le pdg de Twitter, aux côtés de Fleur Pellerin, dans un grand salon d’apparat du ministère de la Culture. Celui qui effectue alors sa première visite en France depuis qu'il occupe ce poste en 2010 prononce en revanche à peine quelques mots à la tribune. Et surtout, pas un mot aux journalistes français présents. L'équipe de Twitter France nous renvoie aux conservateurs des musées et nous laisse espérer un éventuel entretien plus tard sur ce choix stratégique. Alors que la ministre, très sensible au numérique, est aussi ravie de s'expliquer que d'avoir reçu un tel homme d'influence. Pour elle, « c'est une excellente opération, à la fois pour le ministère de la Culture et pour ses institutions, mais aussi sans doute pour Twitter, parce que je crois que c'est un moyen d'ouvrir les portes des musées beaucoup plus grandes que d'habitude ». Et de souligner que « c'était à l'origine une opération à l'initiative de musées français. Universcience d'abord, suivie par des centaines d'institutions culturelles dans le monde entier » :
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La paternité officielle, c'est Twitter

Claude Farge est justement le directeur des éditions, du transmédia et de la bibliothèque à Universcience . Universcience, le coordinateur de l’événement cette année au plan national et international. Il raconte que tout vient d'« une réunion avec Twitter France qui a soumis ce projet là, suite à différents échanges que nous avions pu avoir ». L'initiative devait concerner douze musées français et le projet a dépassé la propre volonté de ses initiateurs. Le phénomène est devenu viral et le ministère s'en est emparé.
Étonné que Twitter ne réponde pas à nos questions, Claude Farge pense que pour le réseau social, « c'est finalement un moyen assez simple de pourvoir des contenus », c'est une ouverture dans les relations entre les grands players numériques et la France. (...)
« L'intérêt de la Museum Week, c'est que c'est un projet vertueux, bon esprit. Il sert les intérêts de chacun. C'est un énorme levier de communication pour toutes les institutions culturelles, de mobilisation des équipes en interne. De la même façon, il est légitime que Twitter s'en serve pour promouvoir l'excellence de son outil, sa renommée évidemment, et puis voilà. » :
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Se pose donc la question des motivations de Twitter, d'autant que malgré nos demandes répétées, les représentants français du réseau social ne nous ont jamais répondu. Nous avons été renvoyés à une agence de presse externe et à deux attachées de presse différentes pour finalement ce qui s'apparente clairement à une fin de non recevoir. Le pdg photographié oui, mais pourquoi investit-il dans ce champ culturel ? Niet, pas de commentaire.
Une opération politique pour le ministère comme pour Twitter

Invité à sa grande surprise à cette conférence de presse, le blogueur et twittos de référence Bernard Hasquenoph, de Louvre pour tous, estime que c'est aussi une vitrine, une opération de communication et politique pour Fleur Pellerin et le réseau social.
Pour la ministre, par rapport à son engagement constant en faveur du numérique, et pour l'entreprise américaine, du fait « des accusations en ce moment par rapport à véhiculer les messages terroristes, etc. Donc, de se donner une image culturelle, c'est sûr que c'est plus favorable » :
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Et une opération économique à plusieurs niveaux
Autre blogueuse et muséo geek revendiquée, Aude Mathey a étudié de très près cette Museum Week. Pour sa publication lancée en 2007 ("culture-communication.fr"), elle a en effet sollicité l'ingénieur en visualisation de données Antoine Courtin. Leur article à quatre mains particulièrement complet et étayé dresse ainsi un bilan de la première édition. On y découvre qu'environ 700 musées y ont participé, en grande majorité européens, avec 206.540 tweets émanant hors institutions à 80% de muséo geeks (voir ci-dessous).

Et cette année, avec la venue de Dick Costolo, Aude Mathey voit dans l'implication de Twitter une bonne stratégie de marketing de contenus pour s'approcher davantage encore des bons clients que sont les musées, avec la perspective pourquoi pas de leur vendre des tweets sponsorisés, de vanter des outils d'analyse désormais en partie gratuits et de faire du buzz pour gagner de nouveaux utilisateurs. « C'est une entreprise commerciale, donc à mon sens rien ne se fait sans qu'il y ait une bonne réflexion sur le rendement sur investissement derrière », confie-t-elle. D'ailleurs, si Dick Costolo n'a rien dit aux journalistes rue de Valois, il a accordé un entretien aux Echos sur l'évolution du modèle économique de son réseau social, en manque de membres et de rentabilité...
Ecoutez Aude Mathey, qui explique aussi en quoi, selon elle, les musées y gagnent davantage en communication qu'en médiation. Elle s'exprime sur la base de cette étude avec Antoine Courtin :
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