Le cœur de Marseille est parmi les plus pauvres de France. Selon un récent rapport d’analyse du Centre communal d’action social (CCAS) le centre-ville est touché par la précarité. Un habitant sur quatre y reçoit une aide au logement. Pourtant depuis le début des années 90, la municipalité a tenté d’endiguer la paupérisation de son centre en souhaitant y faire venir une population plus aisée.
Au début des années 90, des Périmètres de Restauration Immobilière sont lancés sur les quartiers Panier, Belsunce et Noailles. Ce dispositif impose la réhabilitation d’un ou plusieurs immeubles dans un périmètre défini. Par arrêté préfectoral, les propriétaires ont l’obligation d’effectuer ces travaux sous peine d’être expropriés. Stéphanie Mousserin , sociologue et résidente à Noailles, dresse un bilan mitigé de ces PRI :
La gentrification de ces quartiers n’a donc que faiblement eu lieu. Et ils semblent aujourd’hui délaissés par la municipalité au profit du périmètre d'Euroméditerrannée. Faut-il y voir une punition de la résistance de leurs habitants et donc un abandon de la réhabilitation pour n’avoir pu en exclure les pauvres ? En effet, la politique d’embellissement de Marseille ne s’est pas faite en parfaite légalité et sans désir de pousser dehors les indésirables.
Un Centre-Ville Pour Tous est créée en décembre 2000 suite à l’interrogation de certains résidents sur la réhabilitation et les procédés mis en œuvre. Nouredine Abouakil , porte-parole de l’association relate les actions menées par les bénévoles, du soutien des habitants à la saisie du tribunal pour dénoncer des procédures illégales :
Nouredine Abouakil explique l'origine de la création de Centre ville pour tous
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Un Centre-Ville Pour Tous est tout à fait favorable à la réhabilitation de Marseille, mais pas au détriment d’une catégorie de populations préalablement ciblées :
Nouredine Abouakil définie la population victime d'exclusion dans le centre ville de Marseille
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Selon Stéphanie Mousserin , la municipalité abandonne ces quartiers et ce n’est pas sans conséquence sur les magasins emblématiques de la ville :
Stéphanie Mousserin, sociologue, évoque les conséquences d'une absence de réhabilitation
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En outre, ce quartier nécessiterait encore des interventions. Régulièrement des incendies se déclarent dans ses immeubles, les déchets jonchent les rues et la voierie est dans un triste état.** Yves Moraine** , président du groupe UMP au conseil municipal de Marseille, reconnaît que la réhabilitation n'est pas suffisante, et notamment sur le quartier de Noailles :
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Aujourd'hui, tous les Périmètres de restauration immobilière sur l'hyper centre-ville sont terminés. Le dernier, celui de Noailles s'est achevé en 2009. Mais la municipalité lance un nouveau dispositif "programmé sur 10 ans et pour un investissement de 200 millions d'euros " :
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Le programme de réhabilitation d'un premier îlot est d'ores et déjà lancé. Il s'agit du pôle Korsec, situé entre la gare Saint-Charles et la rue de Thubaneau.
> Retrouvez ici la suite du dossier consacré au phénomène de gentrification et d'exclusion des populations défavorisées :
Les villes appartiennent-elles aux riches ?
Euroméditerranée, le nouveau centre de Marseille ?
Initiatives citoyennes au coeur de Marseille