2020, année de toutes les mauvaises nouvelles sur le front du climat

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2020, année de toutes les mauvaises nouvelles sur le front du climat

L'année 2020, qui s'annonce comme la plus chaude jamais enregistrée, marque aussi un tournant dans la prise de conscience des effets du réchauffement climatique
L'année 2020, qui s'annonce comme la plus chaude jamais enregistrée, marque aussi un tournant dans la prise de conscience des effets du réchauffement climatique
© Getty - Andres Granollers

Année la plus chaude, installation des canicules, fonte des glaces de l'Arctique, déforestation galopante au Brésil ou incendies monstres en Australie : sur la seule question climatique, l'année 2020 a des allures de cauchemar... Mais elle pourrait bien être aussi celle du changement de cap.

Entre la course aux records de chaleur enregistrés à travers la planète, le décompte des kilomètres carrés de forêt ratiboisés en Amérique du Sud, ou encore les clichés et vidéos de fonte des glaces particulièrement efficaces sur les réseaux sociaux, les mois qui viennent de s'écouler n'ont eu qu'une qualité sur le front de la lutte contre le réchauffement climatique : produire des images-choc, capables de convaincre les plus virulents des climato-sceptiques. Le futur est sous nos yeux, et s'il ressemble bien à ça, il n'a pas bonne mine. Mais derrière chaque mauvaise nouvelle, il existe aussi un début de solution.

Sécheresse et canicule : le thermomètre grimpe

Énième signe du réchauffement de la planète, 2020 s'annonce comme la deuxième année plus chaude après 2016 et la décennie écoulée s'affiche comme "la plus chaude jamais observée", selon l'Organisation météorologique mondiale (OMM). En effet, une température record de 54,4°C a été enregistrée le 16 août dernier dans la vallée de la Mort en Californie, troisième température la plus chaude jamais relevée sur Terre après des records remontant à 1913 et 1931. Des études montrent que la planète chauffe un peu moins, mais préviennent surtout : ça ne va pas durer. 

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Avec cette montée des températures, la France a tenté de s'habituer aux canicules estivales, désormais répétitives. Mais les solutions mises en place n'ont pas réussi à enrayer la mécanique du pire, et ces fortes chaleurs sont toujours la cause directe de la mort de centaines de milliers de personnes chaque année dans le monde, les vagues de chaleur provoquant 54 % de décès en plus chez les personnes âgées ces 20 dernières années. Rien que dans l'Hexagone, en 2018 , il y a eu 8.000 décès liés à la chaleur parmi les plus de 65 ans.

Un début de solution : conscients que les zones urbaines sont devenues de véritables "poêles à frire", les acteurs du développement urbain accélèrent le mouvement de végétalisation des villes, à grande ou petite échelle, ce qui devrait permettre de réduire considérablement les îlots de chaleur. À Paris, la municipalité annonce la création de 4 forêts urbaines, et le concept de "tiny forest" gagne du terrain chez les citoyens, sur le modèle de l'ingénieur japonais Akira Miyawaki.

Incendies et méga-feux

Les deux phénomènes vont de pair avec ces brusques sécheresses. Les incendies, notamment, sont devenus plus violents, comme ceux qui ont ravagé les États-Unis, ou encore les méga-feux qui ont brûlé en Arctique ou en Sibérie, ou sur une immense partie de l'Australie dès le début de l'année, après avoir calciné une superficie plus grande que le Portugal. En Australie, la saison des incendies a d'ailleurs repris en novembre, détruisant 40% des forêts de l'île Fraser, la plus grande île de sable au monde, classée au patrimoine mondial de l'Unesco.

En septembre, le service européen de surveillance de l'atmosphère Copernicus avait aussi relevé que des fumées des incendies ravageant l'ouest des États-Unis avaient aussi atteint l'Europe, à 8.000 kilomètres de distance.

En France, où les feux de forêt dans le sud-est sont fréquents l'été, d'autres régions ont aussi été touchées cette année, comme ces forêts près de la côte basque dans le sud-ouest.

Un début de solution : des pompiers et des scientifiques travaillent désormais ensemble à créer un outil de prévention des incendies grâce à l'Intelligence Artificielle et aux algorithmes. Aux États-Unis, par exemple, l'un de ces programmes permet de modéliser des incendies en fonction des conditions météorologiques et de la combustibilité de la végétation.

Déforestation : le poumon vert mis à mal par l'homme

Des régions entières aux confins de l'Argentine, du Paraguay, de la Bolivie et du sud du Brésil aussi ont connu des incendies dévastateurs. La forêt amazonienne n'avait déjà pas vraiment besoin de ça, elle qui a perdu, entre 2000 et 2018, près de 513.016 km2, une surface aussi grande que l'Espagne, amputant de 8% la plus grande forêt tropicale du monde, selon un rapport publié cette année. Ce taux de déforestation est le plus haut enregistré depuis douze ans. Sur ce continent, les forêts tropicales ont perdu l'équivalent d'un terrain de foot toutes les six secondes en moyenne.

Un début de solution : le gouvernement français, à son échelle, a mis en place un plan de stratégie contre la déforestation importée. Et d'après l'observatoire Climate Focus, de plus en plus de géants de l'agroalimentaire prennent des engagements concernant leur chaîne d’approvisionnement, puisque l'agriculture est la principale cause de déforestation dans le monde. De plus, des organisations civiles se sont largement mobilisées et développées, comme GFW (Global Forest Watch) et son appli, qui surveille la perte de couverture arborée et les occurrences de feux.

Cyclones : l'effet coup de poing du réchauffement climatique

Autre signe apparent de la violence des épisodes climatiques : 2020 aura été marquée par la multiplication des cyclones à plusieurs endroits de la planète. Le dernier en date, le super-cyclone Yasa qui a ravagé les îles Fidji à deux semaines de Noël, a enregistré des vents soufflant à plus de 345 km/h, en faisant l'un des plus puissants jamais enregistrés dans le Pacifique Sud. "Le monde se réchauffe, et ces tempêtes ce renforcent", a même déclaré le Premier ministre du pays. Ces événements augmentent partout dans le monde, et la France aussi en a fait les frais cette année, avec la tempête Alex qui a frappé la vallée de la Roya, faisant 6 morts et coupant les voies de communication. 

Un début de solution : des programmes internationaux d'alerte ont vu le jour, comme Crews, un systèmes d’alerte précoce qui ne fonctionne pas que pour les cyclones mais aussi sur des évènements ponctuels et violents, comme les inondations. Une collaboration entre météorologues du monde entier permet de partager des données météo pour améliorer les prévisions. Par exemple, en améliorant les prévisions saisonnières pour la pluie, ce programme a permis à des cultivateurs du Burkina Faso de miser sur les bonnes espèces à cultiver, et de choisir les bonnes dates de plantation pour éviter que les tempêtes ne viennent réduire leurs efforts agricoles à néant.

Une semaine dans leurs vies
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Fonte des glaces : des effets directs sur l'homme et la nature

On l'a dit plus haut, 2020 a été l'une des années les plus chaudes jamais enregistrées, et, en Arctique, ça se voit comme le nez au milieu de la figure, où banquise et pergélisol se réchauffent de plus en plus. Au Groenland, la fonte de la calotte glaciaire va causer une augmentation du niveau des mers, plus importante au XXIe siècle que lors de tout autre siècle depuis 12.000 ans, selon la revue Nature. 

Par ailleurs, les experts accusent le changement climatique de provoquer la diminution du volume des glaciers de la région himalayenne, réduisant considérablement le débit d'eau en aval de ses contreforts. Conséquence : nombre de cultivateurs locaux de safran se convertissent à la production de pommes qui requiert beaucoup moins d'eau. Selon une étude publiée en juillet dans la revue Climate Change, les températures dans la région pourraient augmenter de près de 7°C d'ici 2100, en fonction de certains scénarios d'émissions de gaz à effet de serre.

Au Cambodge, le lac Tonlé Sap, plus grande zone de pêche en eaux intérieures du monde, est en péril : son niveau baisse inexorablement et les stocks de poissons disparaissent, forçant les populations alentour à quitter la zone ou se tourner vers d'autres activités, qui entrainent elles aussi la déforestation.

Un début de solution : Les prévisions du GIEC en matière de fonte des glaces sont tellement affolantes que les chercheurs imaginent les solutions les plus ambitieuses, de la projection de glace sur la banquise à l'aide d'éoliennes, à la construction d'un mur de soutènement pour les glaciers les plus menaçants, ou encore la pose d'un immense feutre géotextile sur les sommets pour les protéger du réchauffement. Pas sûr que ces solutions soient très fiables, mais cela démontre au moins la mobilisation de la communauté scientifique.

Pandémie mondiale : un signe du dérèglement de la machine

Des experts biodiversité de l'ONU nous ont avertis : si l'on ne réagit pas, les pandémies vont devenir plus fréquentes et meurtrières. La raison ? Un déséquilibre dans l'écosystème animalier, souvent causé par l'activité humaine. Et 2020 en est le meilleur exemple : le Sras-Cov 2 est d'origine animale, comme 70 % des virus aujourd'hui. 

Un début de solution : Une équipe de chercheurs a travaillé sur une application, Global Safety Net, qui permettrait d'identifier les zones à protéger en priorité pour sauvegarder la biodiversité, freiner les émissions de carbone et limiter les épidémies. Une plateforme en accès libre combine ainsi des données sur les aires protégées, les espaces de nature sauvage intacte, les zones riches en biodiversité et les zones d’absorption et de stockage de carbone.